Quoi de plus revigorant que cette plongée offerte par
Louise Erdrich dans le vent glacial du Dakota du Nord, sur les plaines aux gris d'acier, quand les champs se couvrent d'un blanc linceul. À l'heure où chaque jour apporte un vent de nouvelles éphémères sur nos e-phone, se frotter au rythme immuable des saisons est un pur bonheur.
Porté par des personnages qui puisent leur vie dans les recoins du passé ,
"
LaRose", raconte l'histoire de cinq d'entre eux d'origine indienne. Chaque chaînon fait revivre l'ancien monde de la réserve Ojibwé.
Chacun est animé d'une capacité de s'extraire de la terre, accompagné de son tambour, "
LaRose" vibre des chants aux pouvoirs surnaturels où l'empreinte laissé par les morts, inspirent et transcendent les vivants.
Quand landreaux Iron, fait feu sur le grand Cerf qu'il suit et traque depuis des semaines, l'animal s'enfuit et le drame éclate, Dusty un enfant s'effondre.
L'enfer atteint deux familles si proches par leurs mamans, les demi-soeurs Emmaline et Nola, Emmaline, la quatrième
LaRose, qui est aussi la grand mère du petit
LaRose Iron. Tout s'entre-déchire dans une implacable suite de ressentiments.
Le passé s'insinue avec une force foudroyante dans le récit, ici la sagesse ou les rancoeurs, là parfois des trahisons
Le choix de landreaux Iron de donner
LaRose son propre fils à son ami et voisin le père de Dusty, Peter Ravich, s'inscrit dans une tradition indienne, et donne une dimension évangélique à ce drame.
Le prêtre de la mission le père Travis deviendra l'un des pivots des échanges entre les deux familles endeuillées.
D'autres drames couvent, un passé ne se réveille qu'à la lueur de ce drame, celui de Roméo au premier rang des amoureux de la trop belle Emmaline. Lui Roméo n'était-il pas le meilleur ami de Landreaux. Qui est à l'origine de leur brouille, de leurs embrouilles, une femme, un homme ?
Pénétrer dans une réserve indienne c'est aller à la découverte d'une réalité instable, fragile, où les destins sont liés à de lourds secrets.
"Elle haussa les épaules et le vêtement tomba. Alors tout devint facile et ils se coulèrent ensemble, comme la neige le long du trajet, filant sans fin telle de la craie sur la surface noire de la route. P 445."
Le projet de
Louise Erdrich possède cette capacité à entrer au coeur de la vie des indiens Ojibwé car elle est indienne par sa mère Ojibwé .
Elle restitue avec une énergie fabuleuse ces destinées, où l'homme se considère comme une partie infime de son territoire, les êtres vivants rassemblent, toutes les espèces animales ou végétales, ce respect immuable et sacré rappelle
François D assise :
"Nola regarda
LaRose occupé à inspecter le contenu de son assiette. Il était comme ce moine en robe brune François. Les animaux venaient se coucher à ses pieds. Ils étaient attirés vers lui, sachant qu'ils seraient sauvés.
Page 194."
Un récit emprunt d'une grande sagesse et à l'écriture forte et pleine d'émotions