AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 2214 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est époustouflant ! Une analyse au scalpel d'un demi siècle de notre histoire. Sur les photos souvenirs, notre image se superpose à la celle de l'autrice. Impossible de ne pas être emporté par la déferlante qui brasse 60 années d'évènements historiques, de fait sociétaux et de nos vies intimes.
Commenter  J’apprécie          10
Coup de coeur.

Immense coup de coeur pour cette poésie, cette plume, ces bribes de mémoires, cette nostalgie, cette façon de raconter l'aspect intemporel des choses…
Dans ce roman l'autrice nous fait le récit de sa vie. Une vie faite de références, de construction et de reconstruction sociale, d'amours, de joie, de désir, de sexe, d'idéaux, de faits politiques, de faits divers, etc…

Sous les yeux des lecteurs Annie Ernaux est le chef d'orchestre d'une narration singulière sur son monde intérieur et sur le temps qui passe.

Au fil des ans on voit l'évolution d'une jeune femme qui s'affirme, qui devient une femme ancrée dans la société puis qui se sent vers la fin un peu à la marge. le récit est à la fois intime et terriblement détaché, se bornant à décrire les différentes générations au travers de multiples références sociales et populaires.

J'ai été très touchée par ce récit presque sociologique et très émue par ce superbe travail sur la mémoire collective. La plume est captivante, singulière et poétique.

Un superbe récit de vie comme je les affectionne.



Commenter  J’apprécie          110
Avec le temps, va, tout s'en va
Pour moi c'est une relecture, et je me souviens parfaitement de cette découverte en 2008 et de cette phrase liminaire qui cingle le lecteur : « Toutes les images disparaîtront. »
Comme pour tout grand livre, grand écrivain, une relecture c'est faire de nouvelles découvertes en restant éblouie.
Plus d'un demi-siècle défile sous nos yeux, et si comme moi vous n'êtes pas de la génération de l'auteur, et si vous prenez le train en marche vous vous sentirez concernés par cette mémoire de l'intime vers l'universel, ce « moi » ou « soi » intégré à la marche du monde.
Réminiscences des tablées familiales :
« On vivait dans la rareté de tout. Des objets, des images, des distractions, des explications de soi et du monde, limitées au catéchisme et aux sermons de carême… »
Toujours fascinée par ce fil rouge qu'est la lucidité d'Annie Ernaux sur son époque, sur le monde et ce travail sur l'écriture, l'emploi de l'imparfait, du « on » parfois du « elle ».
Le rythme des phrases qui vont à la ligne sans faire précéder d'un point et sans la majuscule, fait que le temps s'écoule, qu'il glisse avec ses évolutions inexorables qui nous entraîne avec lui.
« Dans le cours de l'existence personnelle, l'Histoire ne signifiait pas. On était seulement, selon les jours, heureux ou malheureux. »
L'évolution se fait dans la manière dont le corps est appréhendé, celui des femmes particulièrement, le langage des origines, famille, milieu social, les modes de consommation, l'arrivée de la publicité, du marketing, des médias.
L'écriture est précise, il n'y a pas de place à l'enveloppement, il peut y avoir de la brutalité à dire, pas de préciosité dans l'écriture.
Les années, est un livre précieux pour dire le travail, la création littéraire, souvent un clef éclairant les ouvrages précédents.
C'est un livre unique dans la manière qu'il a d'ouvrir le temps et non pas de clore ces années-là.
C'est un livre à partager avec sa descendance car il éclaire le chemin.
Annie Ernaux explore le temps jusqu'à la moelle, en se dévoilant, se mettant à nu.
En conclusion reprendre les mots de Pierre Desproges :
« S'il vous plaît, continuez d'exister et d'écrire des livres. Vous êtes l'Écrivain. »
Même si ce dernier n'a pas pu lire ce livre, ce sont des mots qu'il a écrits après la lecture de la Place et Une Femme
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/30/les-annees/

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
Commenter  J’apprécie          102
Je viens de terminer avec émotion ce livre prodigieux, époustouflant, et d'une sincérité rare. Et puis, il y a tant de tendresse et d'humanité qui transparaît derrière ce choix revendiqué du récit impersonnel. Pour moi, un véritable chef-d'oeuvre.

D'Annie Ernaux, j'avais énormément apprécié dans les années 80 ses romans La place et Une femme, consacrés en grande partie l'un à son père l'autre à sa mère. Cette façon de relier autobiographie et récit sociologique dans une écriture volontairement dépouillée, débarrassée de toute emphase, mais pas sans émotion, m'était apparue foncièrement originale.
Je ne sais pas m'expliquer pourquoi, depuis lors, je n'ai plus rien lu de cette autrice. Il y a comme cela des écrivain.e.s que l'on oublie alors qu'on les a aimés, c'est ainsi pour moi par exemple d'Andrei Makine dont je n'ai plus rien lu depuis le testament français, ou encore Gilles Leroy depuis Alabama Song.
Le Prix Nobel 2022 attribué à Annie Ernaux m'a incité, comme beaucoup d'autres je suppose, à aborder à nouveau l'oeuvre de cette autrice.

Après un petit hors d'oeuvre constitué par une chronique perspicace et tendre d'une année de courses dans l'hypermarché Auchan de Cergy, le plat de résistance qui m'attendait était ce formidable récit publié en 2008. Annie Ernaux, approchant des 70 ans, revient sur son parcours de vie en y mêlant les événements de la société et de la politique qui l'ont marquée.
Et le résultat est magnifique. Car cette narration impersonnelle et impressionniste, et pourtant si émouvante, dont elle s'explique en fin de livre, raconte à la fois plus d'un demi-siècle de notre mémoire collective, et les attentes, les déceptions et les joies, les combats de cette femme profondément humaniste et honnête.

Je sais que je ne peux pas être totalement objectif à l'égard de ce texte, car je suis de la génération de l'autrice, de quelques années plus jeune, comme elle issu d'une famille modeste, et ayant longtemps partagé, mais plus depuis les années 2010, ses opinions politiques. Évidemment, je n'ai pas vécu sa condition de femme et ses évolutions durant toutes ces années.
Mais que cela me parle, la vie d'après guerre, les récits des parents de « leur » guerre 1939-1945, les réunions de famille, les années yé-yé, mai 68 où j'étais étudiant, 1981 et ses grands espoirs finalement déçus, la société de consommation et ses dérives, l'avènement de l'ère Internet et du téléphone portable, des réseaux sociaux, et ce sentiment de décalage avec la vie actuelle, et tant, tant d'autres choses. D'ailleurs, ayant fini le livre, je n'ai qu'une envie, le relire. Et je remercie cette femme d'avoir ainsi donné vie à notre vie collective.
Et puis, l'évolution de sa vie, les attentes de l'enfant, de la jeune fille, sa condition subie de femme au foyer dans les années 60, son émancipation, sa vie professionnelle, amoureuse, les relations avec ses enfants empreintes de tendresse et d'étonnement, et enfin, la sérénité de la vieillesse. Et jamais de complaisance, d'auto-satisfaction, de misérabilisme non plus.
Des photos de famille constituent aussi les jalons de ce kaléidoscope personnel et collectif, conférant une mise à distance dans l'autobiographie.

Vraiment un très grand livre. Maintenant je comprends mieux pourquoi le jury du Nobel a voulu distinguer Annie Ernaux pour « le courage et l'acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements, et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
Enfin, un petit détail, peut-être pas si petit que cela, qui m'a émerveillé: c'est sa référence à Proust et à la mémoire involontaire, auquel elle consacre quelques pages, et cette façon dont, comme Proust dans le Temps retrouvé, elle termine son livre en annonçant comment elle a trouvé la manière de le construire. Et pourtant, quelle différence entre les méandres et la luxuriance de l'écriture de Proust, et celle si dépouillée de Ernaux. Mais cette différence ne doit pas nous tromper. Tous deux sont des écrivains qui mêlent mémoire personnelle et collective, et ont créé un « monde » si proche et si lointain, inimitable.

Je sais que beaucoup de lectrices et de lecteurs s'expriment, sur Babelio ou ailleurs, pour dire leur désintérêt, voire leur rejet de cette oeuvre qu'elles, ou ils, trouvent trop auto-centrée, voire narcissique, et puis ne laissant pas de place à la fiction, l'imaginaire.
Des lectures que j'ai faites et notamment de celle-ci, je ne partage pas cet avis. Pour moi, comme dans d'autres aspects de l'art, peinture, musique, etc.., il y a différentes approches qui ont toutes leur beauté, et que l'on ne peut comparer. En tout cas, et bien que je ne serais pas là pour le vérifier, je parie que l'oeuvre d'Ernaux, comme avant elle celle de Proust, restera dans cent ans, comme témoignage d'un monde disparu et comme source de réflexion sur la vie.
Commenter  J’apprécie          3811
C'est l'attribution du Nobel à Annie Ernaux et le fait que l'on ressort certaines de ses petites phrases et positions sur des sujets brulants qui m'a donné envie d'aller voir ce que cette grande dame avait à dire, et comment elle le dit.
Les années l'ont d'abord un peu frustré… mais c'était pur caprice de lecteur qui veut qu'un auteur lui parle dans la langue qu'il aime. Une fois que j'ai commencé à m'oublier un peu et ai réussi à écouter madame Ernaux vraiment, j'ai pu commencer à aimer la lecture qu'elle fait de son album de famille, de l'album de notre société et ai même pu l'apprécier pleinement. Il faut dire qu'Ernaux ne manque ni de sagacité ni d'intelligence et marie habilement les sciences humaines et la photographie. On vit ainsi, au fil des Années, plusieurs vies ; on peut même y retrouver la sienne. Un grand roman.
Commenter  J’apprécie          60
Publié en 2008, Les années sont un texte long pour l'auteure (250 pages) : elle passe en effet en revue toute son existence, de la naissance, et même d'avant (la mémoire familiale) jusqu'au début du XXIe siècle. Trois sortes de narration coexistent dans le livre. La première, la moins utilisée, qui n'intervient qu'au début et à la fin, consiste en une énumération, de moments, d'images, de personnes. Par la suite le livre oscille entre un récit à l'imparfait, qui utilise le nous ou le on, et qui détaille des événements, des pratiques sociales et culturelles, des normes, un monde en permanente mutation, fait de moments, il s'agit de traquer les marqueurs d'une époque qui vont la faire revenir, la rendre sensible et des sortes d'arrêts sur image, dans lesquels à partir de photos puis aussi de films concernant l'auteure, dans lesquels elle tente d'évoquer un moment de sa vie, en utilisant dans la narration, « elle » au lieu du nous et on. Les souvenirs d'une génération alternent avec des « arrêts sur mémoire » propres à l'auteur elle-même. le tout dans une approche relativement impersonnelle, distanciée.

La mémoire est donc le matériau essentiel du livre. Une mémoire à la fois collective, celle d'une génération, y compris dans les rapports qu'elle entretient avec la mémoire de la génération qui l'a précédée, et individuelle, celle d'Annie Ernaux, qui n'est au final qu'une représente parmi d'autres des gens qui ont vécu à la même époque dans une position sociale comparable à la sienne. L'auteure se place en retrait, se donne le statut d'une figure non singulière, et décrit une vie qui la dépasse qui n'est pas seulement la sienne. A travers le parcours d'une femme ordinaire, c'est le parcours d'un groupe qui prend vie. Annie Ernaux a utilisé pour qualifier son approche (pas seulement dans ce livre) « d'auto-socio-biographie », d'autres ont évoqué une « auto-ethno-biographie ». le moi baigne dans un monde social qui le dépasse, la voix du sujet est aussi la voix du monde, et l'individu ne peut s'extraire de son monde social, ne peut aller chercher une illusoire identité affranchie du contexte dans lequel il évolue. Les identité socio-culturelle, professionnelle, sont des identités authentiques du sujet. Chercher à se connaître, tenter d'élucider le soi, doit tenir compte du contexte social ; le soi se trouve quelque part à l'intersection d'un moi intime, et d'un moi social, c'est un soi éclaté, entre ses différents états et ses différentes identités. D'où des textes hybrides, qui essaient d'approcher une forme de vérité, entre littérature, histoire, sociologie.

Le temps d'Annie Ernaux est aussi fragmenté que le soi, il avance par vagues, il faut refuser la fausse sensation de stabilité, de continuité, il faut plutôt tenter de saisir la matière du temps, le flux du temps en soi.

Le tour de force, c'est que malgré la mise à distance, la mise en retrait revendiquée par l'auteure, et une construction qui peut paraître très cérébrale, le livre puisse sembler sensible, produire une émotion. Parce que les moments qu'évoque Annie Ernaux sont des moments partagés, qu'une forme de complicité peut s'établir autour d'eux, qu'on peut s'y reconnaître. Et que malgré tout, elle n'est pas si extérieure à ce qu'elle écrit, par exemple une sorte d'ironie, de mise en cause, de questionnement de ce qui paraissait être évident à une époque, est là, indubitablement. Aussi discrète soit-elle, une prise de position. le choix en lui-même de tel ou tel élément ne peut être neutre, et dessine aussi une personnalité, des opinions, des valeurs, qui ne sont pas que ceux communément partagés. Enfin son talent, son écriture, transforment tout cela en quelque chose d'unique, qui n'appartient qu'à elle.
Commenter  J’apprécie          254
Page Facebook : Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

« les images réelles ou imaginaires, celles qui suivent jusque dans le sommeil
les images d'un moment baignées d'une lumière qui n'appartient qu'à elles
Elles s'évanouiront toutes d'un seul coup comme l'ont fait les millions d'images qui étaient derrière les fronts des grands-parents morts il y a un demi-siècle, des parents morts eux aussi. » *****

S'il fallait choisir un livre pour découvrir Annie Ernaux, ce serait sans doute celui-ci. À partir de photos et de souvenirs personnels, elle parcourt plusieurs décennies de sa plume subtile et aiguisée à la fois, soucieuse de « sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais ».

Le lecteur découvre à la fois les phases de sa vie et celles de la vie collective, qu'elle soit idéologique, politique ou sociale. À titre d'exemple, cette petite phrase savoureuse, « Avoir lu Simone de Beauvoir ne servait à rien qu'à vérifier le malheur d'avoir un utérus », qui rappelle le quotidien de nos aïeules et la menace permanente de voir s'arrêter « le temps mortel de leur sang ».

Ceux qui connaissent déjà ses oeuvres ne manqueront pas de les détecter en filigrane de ces Années. Les huit semaines de retard, ce sont peut-être celles qui mèneront à l'avortement clandestin de "L'événement", et l'on se dit que l'homme auquel elle fait référence lorsqu'elle parle d'une « passion violente pour un Russe » est probablement celui de "Passion simple".

On retrouve également son sentiment de transclasse, par ailleurs magnifiquement exprimé dans "La place" (« Elle ne pense pas non plus avoir rien de commun avec le monde ouvrier de son enfance, le petit commerce de ses parents Elle ne se sent nulle part, seulement dans le savoir et la littérature. »).

Annie Ernaux voulait « écrire une sorte de destin de femme qui ferait ressentir le passage du temps en elle et hors d'elle, dans L Histoire, un roman total ». Une vraie réussite et un incontournable pour ceux qui souhaiteraient entrer dans son univers et (re)découvrir les dernières décennies écoulées.

Commenter  J’apprécie          70
A la fois une leçon d'histoire mais aussi de partage, la vie ici décrite sont les années traversées par mes parents qui ont à peu près l'âge de l'auteur, permettant de découvrir des étapes dont on n'avait pas parlé ensemble, l'évolution sociale également. Des souvenirs aussi. Merci pour ce chef d'oeuvre de mémoire et d'acriture Mme Ernaux.
Commenter  J’apprécie          00
C'est idiot, je le reconnais, j'avais une certaine réticence à lire les romans d'Annie Ernaux. Des prises de position trop fréquentes dans l'arène politique, des soutiens à des anti-républicains notoires au nom de la liberté d'expression et, en dépit de cette même liberté d'expression, des anathèmes envers d'autres personnalités, écrivains comme elle, m'avaient durablement dissuadé de m'intéresser à son oeuvre. Il a fallu que l'attribution d'un Nobel de littérature transforme la réticence en titillement de curiosité pour que je m'exécute en une première tentative de lecture : j'ai choisi, pour ce faire, « Les Années ».
Belle découverte pour moi ! J'ai vite adhéré à la fresque proposée mêlant itinéraire personnel et une soixantaine d'années d'histoire de notre pays, les deux récits intriqués s'alimentant aux seuls souvenirs de l'auteur. Je veux bien admettre qu'un certain âge – le mien – stimule considérablement l'intérêt, le lecteur retrouvant, au gré des pages de cette autobiographie assez singulière, des événements ou, à dire vrai plus fréquemment, des « tranches de vie » de cette période qui fait se succéder les – sans doute mal nommées – Trente Glorieuses et les – parfois appelées, plus justement en l'occurrence – Trente Piteuses. La vie de l'auteur lui fait fréquenter, de près ou souvent de très loin, les épisodes marquants qui se sont succédé à partir des années 50 : la guerre d'Algérie, mai 1968, la victoire de la gauche en 1981, les attentats terroristes… Ces faits de la « grande histoire » se mélangent à son quotidien, un quotidien qui, d'ailleurs, prend bien plus de place dans le récit. Les occupations journalières l'emportent sur les grands engagements ; les courses au supermarché davantage que les manifs ; les programmes TV bien plus que les programmes politiques… À cet égard, un recours massif au « brand-name dropping » – comme disent les anglo-saxons – nous aide à nous rappeler les marques commerciales d'antan et les émissions de l'ORTF… Certains thèmes aussi ressortent plus particulièrement dans le récit (révélant leur poids dans la vie d'Annie Ernaux) : la crainte de la grossesse non désirée, notamment, et son corollaire qu'est l'apaisement après la diffusion des moyens de contraception.
Mais il ne suffit pas de remuer le passé pour susciter l'adhésion. La très grande force de ce livre, me semble-t-il, est sa construction narrative originale. En particulier, Annie Ernaux fait varier, avec intelligence, les pronoms personnels – notamment le « elle », le « nous » et le « on » –, changeant ainsi les angles de lecture. Elle y procède avec subtilité, si bien qu'on s'interroge souvent sur ce « on », représentant, tour à tour, un cercle étroit d'amis, ensuite la société en général, puis revenant aux proches ; et montrant alors qu'elle parvient à se démarquer de l'opinion dominante ou, tout au contraire, qu'elle semble s'inscrire totalement dans cette dernière, la distinction entre les deux n'étant pas si aisée qu'on veuille bien le dire habituellement.
Et puis, de même que les souvenirs les plus lointains sont naturellement les plus parcellaires, le livre commence par une collection d'images, jetées pêle-mêle sans verbe et sans suite logique. Et de même qu'en vieillissant on s'attache à des images qui pourraient être les dernières, le livre se termine comme si l'auteur se concoctait d'ultimes réminiscences. : « Sauver quelque chose du temps qui ne sera plus jamais », dit-elle pour finir.
Commenter  J’apprécie          70
Quel plaisir de relire Les années !Malgré un style froid, distancié c'est vraiment un livre très touchant.à lire si l'on veut réveiller ses souvenirs et les revisiter sous l'angle de notre histoire récente sans sombrer dans la nostalgie.
Annie Ernaux a composé une "autobiographie impersonnelle"où le "je"est absent pour mettre en forme par l'écriture son "absence future".En s'appuyant sur 12 photos qu'elle décrit avec précision elle dit le temps qui passe pour elle et pour les autres dans une France qui change.
Elle a écrit la vie d'une femme des années 1940 aux années 2000 en relatant des souvenirs disparates,ce qui reste en fait à la fin d'une vie.En quelques lignes, elle parvient à donner la tonalité d'une période, à la fois d'une manière intime et de manière globale pour une écriture universelle.
Elle naît en 1941 dans une société très fermée où se transmet de génération en génération un héritage de pauvreté et de privations...
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (5819) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous vraiment Annie Ernaux ?

Où Annie Ernaux passe-t-elle son enfance ?

Lillebonne
Yvetot
Bolbec
Fécamp

10 questions
294 lecteurs ont répondu
Thème : Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}