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sur 2215 notes
Publié en 2008, Les années sont un texte long pour l'auteure (250 pages) : elle passe en effet en revue toute son existence, de la naissance, et même d'avant (la mémoire familiale) jusqu'au début du XXIe siècle. Trois sortes de narration coexistent dans le livre. La première, la moins utilisée, qui n'intervient qu'au début et à la fin, consiste en une énumération, de moments, d'images, de personnes. Par la suite le livre oscille entre un récit à l'imparfait, qui utilise le nous ou le on, et qui détaille des événements, des pratiques sociales et culturelles, des normes, un monde en permanente mutation, fait de moments, il s'agit de traquer les marqueurs d'une époque qui vont la faire revenir, la rendre sensible et des sortes d'arrêts sur image, dans lesquels à partir de photos puis aussi de films concernant l'auteure, dans lesquels elle tente d'évoquer un moment de sa vie, en utilisant dans la narration, « elle » au lieu du nous et on. Les souvenirs d'une génération alternent avec des « arrêts sur mémoire » propres à l'auteur elle-même. le tout dans une approche relativement impersonnelle, distanciée.

La mémoire est donc le matériau essentiel du livre. Une mémoire à la fois collective, celle d'une génération, y compris dans les rapports qu'elle entretient avec la mémoire de la génération qui l'a précédée, et individuelle, celle d'Annie Ernaux, qui n'est au final qu'une représente parmi d'autres des gens qui ont vécu à la même époque dans une position sociale comparable à la sienne. L'auteure se place en retrait, se donne le statut d'une figure non singulière, et décrit une vie qui la dépasse qui n'est pas seulement la sienne. A travers le parcours d'une femme ordinaire, c'est le parcours d'un groupe qui prend vie. Annie Ernaux a utilisé pour qualifier son approche (pas seulement dans ce livre) « d'auto-socio-biographie », d'autres ont évoqué une « auto-ethno-biographie ». le moi baigne dans un monde social qui le dépasse, la voix du sujet est aussi la voix du monde, et l'individu ne peut s'extraire de son monde social, ne peut aller chercher une illusoire identité affranchie du contexte dans lequel il évolue. Les identité socio-culturelle, professionnelle, sont des identités authentiques du sujet. Chercher à se connaître, tenter d'élucider le soi, doit tenir compte du contexte social ; le soi se trouve quelque part à l'intersection d'un moi intime, et d'un moi social, c'est un soi éclaté, entre ses différents états et ses différentes identités. D'où des textes hybrides, qui essaient d'approcher une forme de vérité, entre littérature, histoire, sociologie.

Le temps d'Annie Ernaux est aussi fragmenté que le soi, il avance par vagues, il faut refuser la fausse sensation de stabilité, de continuité, il faut plutôt tenter de saisir la matière du temps, le flux du temps en soi.

Le tour de force, c'est que malgré la mise à distance, la mise en retrait revendiquée par l'auteure, et une construction qui peut paraître très cérébrale, le livre puisse sembler sensible, produire une émotion. Parce que les moments qu'évoque Annie Ernaux sont des moments partagés, qu'une forme de complicité peut s'établir autour d'eux, qu'on peut s'y reconnaître. Et que malgré tout, elle n'est pas si extérieure à ce qu'elle écrit, par exemple une sorte d'ironie, de mise en cause, de questionnement de ce qui paraissait être évident à une époque, est là, indubitablement. Aussi discrète soit-elle, une prise de position. le choix en lui-même de tel ou tel élément ne peut être neutre, et dessine aussi une personnalité, des opinions, des valeurs, qui ne sont pas que ceux communément partagés. Enfin son talent, son écriture, transforment tout cela en quelque chose d'unique, qui n'appartient qu'à elle.
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Choses éphémères.

Annie Ernaux raconte, au travers de 12 photographies, le passage du temps, l'évolution des moeurs et de la société.

J'avais apprécié la lecture de "La place" et de "la femme gelée", de plus l'annonce récente du Nobel pour Annie Ernaux, m'a motivé à lire ce livre considéré comme son chef d'oeuvre. Je confirme que Les années l'est.

L'auteure prend comme prétexte la description et l'analyse de photographies personnelles pour parler non-seulement de son évolution, mais aussi et surtout du passage du temps. Son style froid et clinique se prête parfaitement à l'exercice. Ernaux réussit à nous immerger et à nous faire revivre les périodes qu'elle décrit.

Elle parvient également à une forme d'universalité dans la description des périodes. J'ai réellement pu saisir l'évolution rapide de la société sur les soixante dernières années. Bien sûr il reste une part de subjectivité de l'auteure de par son parcours (milieu social, études, métier et positions politiques), mais cela n'est pas gênant.

Enfin, comme dit dès le magnifique incipit "tout disparaîtra". L'auteure essaye tout simplement de sauver quelques fragments du passé de l'oubli. Son objectif avec ce livre étant tout simplement de parvenir à laisser une trace, aussi infime soit-elle.

En bref, on peut clairement parler de chef d'oeuvre.
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Une vie française !
Pas de chapitres, mais 12 photos pour marquer les tranches de vie de 1941 à 2006 !
Une nomenclature de faits personnels, d'évènements, de réflexions sur sur ces dernières années dans un style télégraphique, neutre, objectif et rapide.
Une rétrospective de ces années qui ont vu la société évoluer rapidement : + d'un 1/2 siècle avec la technologie qui a remplacé l 'humain et, l'individuel par le collectif !
" pour sauver quelque chose du temps ou l'on ne sera plus jamais " !
Ces photos sont les témoins de votre vie de bébé, de fillette, d'étudiante, de professeure, de votre mariage et des enfants nés de cette union, de votre divorce, de votre nouvelle vie amoureuse et enfin de votre retraite !
Mais il en ressort ( à mon humble avis ) une grande nostalgie !
Nostalgie du temps ou l'avenir était espoir, la vie était certes plus difficile mais il y avait des valeurs essentielles et la volonté de prendre l'ascenseur social !
Pour ma part, il m'a fallu attendre les années 60 et surtout 1968 pour accrocher à votre style impersonnel, féroce, qui égratigne avec acuité, lucidité et intelligence ce qui fut notre passé commun c'est à dire cette mémoire collective qui fut la vôtre et que j'ai acceptée comme mienne !
Analyse sociologique d'une professeure militante, engagée qui m'a permis par ce roman -témoin de prendre du recul sur ce déferlement sociétal !
Ce récit m'a complétement emportée et, il a fait revivre en moi aussi ces saveurs que je croyais oubliées !
Beaucoup d'émotion que ce passé collectif que nous avons vécu !

L.C thématique d'avril 2021.
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Annie Ernaux est certainement un écrivain majeur de la littérature française contemporaine. "Les années" représentent un projet littéraire ambitieux qui vient compléter, chapeauter en quelque sorte, ses autres écrits ( "Les armoires vides", "la place", "une femme" ...).

Ici, il s'agit d'une oeuvre biographique qui à partir d'images (photographies ou vidéos) renvoie aux souvenirs à la fois personnels et collectifs. Annie Ernaux replace la mémoire individuelle dans un ensemble de faits collectifs qui ont marqué l'histoire de la France de la Libération à nos jours. Il ne s'agit pas toujours des événements majeurs, mais souvent des petits événements, de faits sociaux, qui ont marqué l'évolution de la société, et surtout qui ont marqué la vie des femmes depuis 60 ans.

Une oeuvre magistrale en quelque sorte. Essentielle, tant le style choisi par l'auteure reste froid et impersonnel, ce qui donne à la dimension collective tout son relief et permet à chacun de replacer son propre vécu dans les événements et les ressentis exprimés.

"Les années" un livre qui donne envie d'approfondir la lecture d'Annie Ernaux.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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En refermant le dernière page de ce livre, je me pose la question traditionnelle : ais-je aimé ou pas ? Convaincue ou pas ? En général, quand j'en viens à m'interroger c'est que c'est mitigé et d'ailleurs Ici, je vais faire une réponse de Normand : oui …. et… non…. Avec en plus, une promesse de Gascon : éviter les redites et ça ce n'est pas gagné !

Pour commencer, globalement, on est tous à peu près d'accord pour dire que l'auteure a replacé sa mémoire personnelle au niveau de l'Histoire collective, permettant à tout un chacun d'y rattacher ses propres souvenirs.

Pour ce qui me concerne, au début j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur « l'histoire » car ça n'était pour moi qu'une énumération de faits plus ou moins importants (la guerre mondiale côtoyant la pub pour le Kiri…) sans liens entre eux. Des « instantanés » pris sur le vif à différents moments, différentes époques et qui s'additionnent les uns aux autres formant juste une longue liste de souvenirs ; mais pas d'histoire articulée.

Au terme de 15 pages de cette sorte d'inventaire, je me suis dit que ça allait être fastidieux. Honnêtement, j'ai eu peur de « décrocher » d'autant que je n'ai pas particulièrement apprécié « La place » lu juste avant ce livre ci. Mais je suis tenace et persévérante (parfois)…

Et finalement au fil de ma lecture je me suis prise au jeu : les différentes références me parlent-elle ou pas ? En ai-je les mêmes souvenirs ? Faire la comparaison m'a en fait amusée. Pourquoi telle chose plutôt qu'une autre ?

Le choix est subjectif bien sûr puisque c'est avant tout la mémoire de l'auteure. Parfois ça coïncide (ou pas) avec la mémoire collective d'un certain nombre de lecteurs. Ce qui fait la différence c'est la façon et les mots employés pour en parler. Pour certains ça collera avec ce qu'ils pensent, ils seront donc ravis. Après les autres devront avoir une ouverture d'esprit suffisante pour accepter des propos contradictoires à leur propre opinion. D'où la polémique : mérite/mérite pas…

Après il y a l'emploi du « elle » (comprendre « je ») qui met une distance par rapport à son histoire. Une volonté de dépersonnaliser ses propres souvenirs ? de s'en détacher comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre ? Dans quel but ? Ça m'a donné l'impression d'une autobiographie non assumée, une envie de se fondre dans la masse toute en affirmant quand même son existence et ses opinions.

Du coup les paragraphes se rattachant à la mémoire « collective » sont plus personnels que ceux qui la rattachent à ses propres photographies (« elle », « je » ou « nous » sommes sur la plage…).

Les faits historiques auxquels elle fait référence sont ses repères à elle, même s'il peuvent parler aux lecteurs ; elle nous donne son interprétation, sa vision des choses. Mais je ne vais pas faire ici une « analyse » freudienne de ses intentions !... Je dirais simplement que cette façon d'aborder et de traiter une autobiographie est intéressante et assez originale par rapport aux autres beaucoup plus classiques et consensuelles.

L'écriture est simple, sans emploi de style ou de mots tarabiscotés ce qui le rend fluide. Pour autant j'ai mis un temps fou à le lire car chaque paragraphe me renvoyait à mes propres souvenirs sur lesquels je prenais le temps de m'arrêter… Elle m'a offert un voyage dans le temps.

Après reste la question de la postérité. Un Nobel immortalise-t-il obligatoirement une oeuvre ? Cette mémoire collective qui parle à tant de lecteurs aujourd'hui encore (surtout dans les détails : les pubs ou les journalistes de l'époque, les speakerines en vogue – mais qui se souviendra de Geneviève Tabouis en 2060 (sans avoir recours à Internet et Wiki s'entend !) ?) Il sera intéressant de voir comment sera perçue l'oeuvre de l'auteure : un peu datée ou véritable témoignage d'un temps révolu ?

Qui vivra verra!
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Elle sur la photo…*

Si Annie Ernaux a souvent fait dans ses livres le récit détaillé de son parcours de vie pour confronter ses aspirations avec les réalités sociétales du moment, elle se contente dans Les Années de quelques photos pour convoquer l'époque et dérouler librement le fil de ses souvenirs.

De la petite fille surprise à Sotteville-sur-Mer à la grand-mère de Cergy, elle se raconte à la 3e personne d'elle-même, faisant défiler son passé en un seul livre, comme une révision de la douzaine d'autres, plus détaillés, parus avant celui-ci.

Autant de photos qui ne sont que points de départs aux souvenirs, flash, fulgurances, instantanés d'histoire de France, ou plutôt d'une France, de l'après-guerre au XXIe siècle émergent.

OK boomer, penseront certains, imperméables à une époque non vécue. Best-of de De Gaulle à Chirac, résumeront d'autres face à ce zapping écrit d'une actualité livrée en vrac et « sans transition », comme on dit dans le poste.

Mais passé cette impression et avec un temps de décantation, Les Années s'impose comme le récit d'une vie de femme puisant dans son époque l'essence même de ses espoirs, de ses amours, de ses désillusions, de ses combats et de ses engagements, de ses regrets et de ses peines.

Un livre clé dans la compréhension d'une vie et d'une oeuvre non dissociables, qui trouve tout son sens dans sa mise en perspective avec les précédents, comme avec la délicieuse communion qui s'installe lorsque à partir d'un moment, ce sont nos propres souvenirs qui remontent avec ceux d'Annie.

*Titre clin d'oeil bien évidemment au très joli livre d'Hélène Gestern.
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Ce livre paraît si simple qu'il en est déroutant. Egrener les rituels du temps et des hommes. Comme autant de souvenirs quasi collectifs. La grande force de ce texte réside dans sa capacité à inclure chaque lecteur dans cette dynamique des souvenirs. Chacun a fait l'expérience de cette photo de bambin à qui l'on dait un jour "c'est toi". Et c'est ainsi qu'Annie Ernaux dessine une sorte d'univers collectif qui lui appartient pourtant. J'aime beuacoup aussi le fil de la narration, qui dit que le temps passe sans vraiment le dire. Qui dit que peut à peu, les êtres aussi changent.
Au même moment sur mon bureau, encore ouvert pour une lecture qui dure, "Une vie" de Karel Schoeman, ou la vie rude dans le veld sud-africain. Il y a à comparer ces deux livres une impression étrange. L'un semble arrêté, comme figé dans le temps, le récit d'un monde du passé ; tandis que l'autre, dans une dynamique pourtant douce, trace un chemin vers l'avenir. Les styles semblent assez proches, faits d'une écriture économe de mots superflus. Et pourtant, l'impression - mais le propos sans doute - en est très différente. Petite coïncidence des livres...
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Lecture vertigineuse qu'on ne peut surseoir tant on découvre, tant aussi on re/connaît, soit par ce qu'on a soi-même vécu, soit par les histoires entendues et que notre oreille d'enfant puis d'adolescente a mémorisées. Annie Ernaux les ramène à notre conscience. Aucune nostalgie (tant mieux!), aucun attendrissement : les "années" coulent, charriant petite histoire, Histoire dans toutes ses acceptions, évolution de la société et aventure féminine à travers les décennies commençant juste après la seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours. Ecriture, style, pensée, réflexions sont sans conteste ceux d'une femme. Les noms oubliés, les habitudes langagières, les gestes d'une époque, les rêves et idéaux disparus parsèment ce ruban qui se déploie, tour à tour émouvant, interpellant, remuant, sous nos yeux de lecteurs et lectrices. Ce livre est à mettre entre les mains de celles et ceux qui ne savent où se situer dans cette décennie individualiste, moins passionnée peut-être, souvent en attente de promesses où le miroir aux alouettes se dissimule derrière ces pépites vite consommées qui ne font pas le bonheur (mot suspect), ni la vie... Tout s'enchaîne et s'explique : chaque période renferme les germes de la suivante dont les générations successives tirent les enseignements et conséquences. On ne peut éviter de se poser beaucoup de questions sur les années actuelles. A quoi aboutiront-elles et qu'offriront-elles? L'autobiographie n'empêche nullement que chacun y trouve et y retrouve quelque chose qui l'apparente à la grande famille humaine, quels que soient les goûts, les choix, les désirs, les réalisations, les chemins qu'il ait pris. "Toutes les images disparaîtront", pas toutes, puisque cette oeuvre dense existe ("Le Temps retrouvé").
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Comme beaucoup, je redécouvre l'oeuvre d'Annie Ernaux depuis l'annonce de son prix Nobel de littérature. J'ai lu pas mal de ses textes à l'adolescence, je me souviens avoir adoré «Les armoires vides». Je ne me suis donc pas retrouvée en terre inconnue en me lançant dans l'écoute de «Les années».

Annie Ernaux a le talent fou de faire de cette autobiographie à la troisième personne un récit universel qui transcende les décennies et les générations.

À partir de photos de famille, minutieusement décrites, elle retrace sa vie, de sa naissance dans les années 40 jusqu'aux années 2010, dans un texte impersonnel, à l'écriture d'apparence simple, qui nous laisse à voir la société et l'évolution des moeurs.

C'est fugace, sensation accentuée par l'écoute. Les mots coulent, les années défilent, chaque événement marquant nous rappelle un moment, une époque de notre vie et pour cette raison, ce texte est nostalgique. Chacun y trouvera quelque chose, se souviendra de telle époque, de tel produit, de telle émission télé, de telle guerre...

Je suis passée à côté étant plus jeune et je n'en suis pas mécontente. C'est un texte qui s'apprécie avec le vécu et que j'aurai plaisir à redécouvrir plus tard, dans sa version papier.

Un texte puissant, intemporel. Je suis contente qu'elle ait reçu cette belle récompense 🏆
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Annie Ernaux vient de recevoir le prix Nobel de littérature et j'en suis enchantée d'autant plus que c'est la première française primée.
J'aime quand elle nous dit qu'il faut mettre des mots sur les souvenirs et la façon dont elle le fait. Alors, j'ai ouvert "Les années" livre héritage que j'avais offert à ma mère dès sa sortie en 2008 sans l'avoir lu.
Cela tombe bien car je me suis lancé un défi il y a quelques temps, celui de lire tout Annie Ernaux selon un ordre chronologique. J'en suis déjà aux années 2000, je reviendrai donc un peu en arrière après avec "La vie extérieure" mais j'étais trop motivée pour déroger un peu à ma règle. Et j'ai bien fait car "Les années" est un livre intelligent et cette lecture m'a profondément touchée.
Annie Ernaux restitue une époque allant des années 1950 aux années 2000 de façon cinématographique car elle utilise la photographie comme une accroche pour restituer ses souvenirs… j'ai envie de dire les souvenirs car elle ne personnalise pas son texte, elle utilise le Nous, le On ou le Elle. Ce n'est donc pas un journal d'autant plus qu'elle emploie l'imparfait, comme un témoignage de l'évolution de la vie politique et sociale et surtout de la place des femmes depuis 1950.
Je me suis sentie concernée par cette fresque dont l'intérêt est de montrer qu'il n'y a pas de vraie mémoire de soi, que l'on nait et grandit avec les autres et que l'on fait partie d'une génération.
J'ai été émue quand elle évoque les mouvements sociaux, la loi Veil pour l'avortement, les espoirs politiques avec l'élection de François Mitterrand, les beurs et Touche pas à mon pote mais aussi la mondialisation et les inégalités sociales qui augmentent. Annie Ernaux trouve la forme et les mots pour raconter les changements du monde dans lequel on vit.
Ce livre m'a bouleversée et je le place haut dans mes préférences littéraires. J'attends d'ailleurs le discours d'Annie Ernaux à l'Académie suédoise avec impatience.


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