L’optimisme des preuves de l’existence de Dieu dégage un « ennui substantiel » et ignore que Dieu n’est pas évident et que le silence est une qualité de Dieu, car toute preuve contraignante viole la conscience humaine. C’est pourquoi Dieu limite sa toute-puissance, renonce à son omniscience, retire tout signe et s’enferme dans le silence de son amour souffrant. Il a parlé par les prophètes, il a parlé pendant sa vie terrestre, mais après la Pentecôte il ne parle qu’à travers les souffles de l’Esprit Saint.
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La civilisation actuelle ne se dresse point contre Dieu, mais forme une humanité « sans Dieu ». Comme disent les sociologues, « l’athéisme s’est massifié » sans passer par aucune rupture. Les êtres vivent à la surface d’eux-mêmes où, par définition, Dieu est absent. Devenir athée aujourd’hui, c’est moins choisir, encore moins nier, que se laisser aller pour être comme tout le monde.
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La voie négative n’est pas une voie négatrice, elle n’a rien de commun avec l’agnosticisme car « négativité n’est pas négation ». Elle n’est pas non plus un simple correctif et rappel de prudence. Au moyen de ses négations elle conduit à une hyper-connaissance mystique et à une saisie très paradoxale de l’Inconcevable. Par une « approche intuitive, primordiale et simple », elle connaît par-delà toute intelligence.
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Dans la mentalité moderne, dans un monde post-chrétien, désacralisé et sécularisé, Dieu n’a pas de place et l’Évangile ne fait plus choc.
Le spectacle des croyants n’émerveille personne, il n’arrive rien dans ce monde, il n’y a même pas de miracle.
La foi religieuse apparaît comme un stade infantile de la conscience humaine, remplacée avantageusement par la technique, la psychanalyse et la solidarité sociale.
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L’enfer n’est pas autre chose que l’autonomie de l’homme révolté qui l’exclut du lieu où Dieu est présent. La puissance de refuser Dieu est le point le plus avancé de la liberté humaine ; elle est voulue telle par Dieu, c’est-à-dire sans limites. Dieu ne peut forcer aucun athée à l’aimer et c’est, on oserait à peine le dire, l’enfer de son amour divin, la vision de l’homme immergé dans la nuit des solitudes.
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