Mon coeur est déjà emballé, dans du papier kraft, prêt, d'un coup d'économe à être pelé. Quel charme a ce papier, quelle douceur revêt le souvenir du journal dans la cuisine, rempli d'épluchures, nos mains de terre. Quelle heureuse idée de les accommoder. L'idée a germé : je vais dresser une bibliothèque dans ma cuisine, faite de livres étranges, pour des assortiments peu coutumiers, pour un mariage savoureux entre les mots et les mets. Alors bien sûr ce livre, ce carré d'enveloppe, ce bout de pêche, il faut sortir son coupe papier pour lui faire la peau, l'inciser. Les recettes sont imaginées avec grâce et dénuement ; il me tarde de les mettre à l'épreuve de mon maigre talent culinaire. J'ai envie d'utiliser la feuille du livre pour y recevoir les fanes de mes épluchures, qu'il garde leurs traces telle une blessure de guerre, exhibée, fière. Une trace graisseuse sous les doigts comme la teinte des meilleures pages d'un livre de recettes. Je le mettrais bien sous les feux de ma cuisine, qu'il hume et qu'il respire les fumées de cuisson, qu'il vive, à côté d'autres titres de l'épure... C'est vrai ça comment cuisine-t-on le taureau de combat ?
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Sonia Ezgulian présente son livre, "Cuisiner, tout simplement", paru aux éditions De La Martinière.