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Anna Gibson (Traducteur)
EAN : 9782072891281
272 pages
Gallimard (03/11/2022)
3.14/5   7 notes
Résumé :
« Nous allons maintenant tourner la page. Et un beau jour, nous aurons tourné tant de pages que rien de tout cela n’aura eu lieu. »

En apparence, le quartier des villas est une banlieue chic et tranquille de cette ville anonyme de Finlande. Mais la musique résonne à fond dans la cave d’une des maisons et un viol collectif brutal a lieu pendant une fête. Tout comme la victime, les quatre agresseurs, la bande des « garçons », sont issus des meilleurs ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Ce n'est pas la première fois que je croise la route d'Anna Gibson, traductrice d'Henning Mankell, d'Ake Edwardson et de Monika Fagerholm, entre autres auteurs scandinaves. Si je commence ma critique en parlant d'elle, c'est qu'elle nous enchante dans Qui a tué Bambi, avec une douce musique, poétique et addictive, et que ça, si on le doit bien sûr d'abord à l'auteure, Monika Fagerholm, on le doit tout autant à sa traductrice.


Cette petite musique est d'abord créée par le choix des mots : un vocabulaire de roman pour ados, quelques mots anglais par-ci, par-là (qui s'accordent avec le quartier huppé, cadre de l'action) et aussi par le rythme de la phrase, souvent très longue, avec ses pauses imposées par l'usage fréquent de parenthèses, ses à-coups spontanés de la pensée, et ses nombreux allers-retours entre passé et présent. Et puis il y a les nuances de ton apportées par la typographie : le mezza voce de l'italique, le fortissimo des MAJUSCULES, le passage au parler snob par l'usage des voyelles répétééées ou au parler djeune par le recours à des mots accolés formant touteunephrase.
Et aussi,
quelquefois,
la mise en page,
avec ses retours à la ligne en milieu de phrase,
transforme l'oeuvre romanesque en un long poème mélancolique.
Le plaisir de lecture est tel qu'on se surprend à relire certains passages, comme on reprendrait une friandise. However, ce style si particulier et attachant a une conséquence inattendue : c'est un roman à lire lentement, par morceaux.


Donc, dès les premières pages le ton est donné. Dans une ville imaginaire de Finlande, au bord du lac Froid, dans le quartier des villas, un drame - la catastrophe - va se jouer (s'est joué): ça s'est passé dans le Vaisseau Hanté (la villa des Häggert), une nuit, à la fin d'une année scolaire. C'est l'histoire de Gusten (devenu agent immobilier), de Nathan (son camarade de classe), aujourd'hui de plus en plus à la dérive, et de Cosmo, maintenant cinéaste, mais qui a été le souffre-douleur de Nathan.


C'est aussi l'histoire de Sascha (le premier amour de Nathan), d'Emmy la petite amie de Gusten (jusqu'à ce qu'Emmy rencontre Mats) et de Saga-Lill, camarade fidèle d'Emmy et petite amie de Gusten (après sa rupture d'avec Emmy). Compliiiqué! Et tout le long du récit, l'auteure va nous dépeindre les comportements de tous ses protagonistes et nous raconter, avec talent, les hauts et les bas de leurs affaires de coeuuur, avant et après la catastrophe. Eventually, c'est un texte émouvant, sur la violence surgie de nulle part, la justice si difficile à rendre, et sur la volonté d'oublier les faits passés, POUR POUVOIR CONTINUER À VIVRE.
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"Nous allons maintenant tourner la page. Et un beau jour, nous aurons tourné tant de pages que rien de tout cela n'aura eu lieu."

Je suis tombée sur ce bouquin par hasard à la bibliothèque. C'est d'abord le titre qui m'a attirée. Puis, cette phrase, la première sur la 4ème de couverture, introduisant le résumé. Et je ne regrette pas cette découverte.

Monika Fagerholm a une écriture singulière, un univers bien à elle. La structure du récit, des phrases même, est complexe et déroutante. L'auteure a choisi une narration chorale, aux voix multiples, même si Gusten - l'un des agresseurs - reste jusqu'à la fin le protagoniste principal. Elle utilise un style haché, répétitif, presque hypnotique, avec de brusques changements de rythme, embarquant le lecteur d'anecdotes en digressions, dans des allers-retours entre les époques et les personnages.

J'ai trouvé ce roman très intéressant. L'intrigue est sordide, mais pas son récit. Monika Fagerholm y dévoile le crime et les coupables dès les premières pages, mais recule constamment le moment de raconter vraiment cette fameuse « catastrophe ». Elle ne s'attarde d'ailleurs pas sur le crime, préférant s'intéresser à l'avant et à l'après. Ce qui amène le lecteur à réfléchir, sur l'injustice du viol bien sûr, mais aussi sur ce qui peut le déclencher, sur ses conséquences, les séquelles inévitables, la culpabilité, le poids des remords, et le souvenir qui persistent, malgré tout.

Ce livre est profondément troublant. On y oscille avec les personnages entre rêve et réalité, on ressent leurs tumultes intérieurs. On est submergé aussi par des questions obsédantes, sur la perte de l'innocence, sur les mystères de l'adolescence, ce moment si délicat où l'absolu règne en maître et où les blessures peuvent être fatales. On se perd parfois... Je sens qu'il va m'accompagner un certain temps...
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critiques presse (1)
LeMonde
27 décembre 2022
dans Qui a tué Bambi ? (une référence aux Sex Pistols), le lecteur croit d’abord à une fresque adolescente sur la perte de l’innocence, se perd dans les histoires de cœur d’Emmy (l’ex-petite amie de Gusten, qu’il a rencontrée après son internement psychiatrique), s’interroge sur le rôle des personnages secondaires, avant de voir, tout à la fin du texte, un tout autre tableau se préciser.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La maman de Gusten, Angela Gripe, qui était chanteuse d’opéra. En fait, qui l’est. Angela Gripe connait le succès, en ce moment même, en septembre 2014, dans la création de Dissections of the Dark Part III à Vienne… « Naked woman in the bath tub hohoho », pas plus tard qu’il y a quelques semaines, Emmy elle-même ricanait au téléphone avec Saga-Lill, qui venait de lui annoncer tout à trac que Gusten l’invitait, elle, Saga-Lill, en week-end à Vienne pour voir sa mère dans une mise en scène controversée.  « J’ai googlé la démo. La mère de Gusten à poil dans une baignoire transparente remplie d’une eau verte et trouble pendant tout le premier acte! Ah je meeeuuurs! »
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Il se rappelle ce jour-là, […] sur un banc, dans le parc.
Elle l’avait interrompu.
« J’ai froid . »
Elle était beaucoup trop peu vêtue.
Il s’était tu et avait maladroitement tenté de lui passer un bras autour des épaules. Tout en enfonçant le clou : « Je ne crois pas que notre relation ait le potentiel pour continuer dans la mesure où… »
Là, elle avait repoussé son bras.
« Dans la mesure où quoi? »
Elle s’était levée et elle était partie. Son dos à elle. Sa solitude à lui.
Et alors même qu’il pleuvait, le soleil avait transpercé la lourde couverture nuageuse. Un instant, il avait tout illuminé, arc-en-ciel, scintillement, lumière.
Ce jour DORÉ au début du mois d’octobre, un de ces jours où les feuilles étincellent de pluie.
Un moment.
Mais doré.
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Là dans la cuisine, peu avant la fin, une brève période, le dernier automne avant que tout ne s’effondre, un air de musique à la radio. Un air d’opéra ordinaire. Lui-même et Annelise (quand elle est là), attablés dans la cuisine rien qu’eux deux.
« Que votre petite main est froide, madame. »
Deux pauvres bohèmes chantent, ça se passe à Paris.
Verdi. Comme le dit parfois maman : « Pour les masses. » […]
«  INTÉRESSANTE, cette musique, Gusten, mais en quoi nous concerne-t-elle? » 
« Je veux dire : la musique n’est-elle pas faite pour nous toucher au coeur? »
Et elle monte le son.
« Vous avez pris ma main, madame. »
Et il prend sa main -
pendant qu’une basse dure pulse au sous-sol - c’est là que se trouve Nathan, au cours de ce dernier automne, parfois Sascha est avec lui. Dans son atrium.
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