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4,21

sur 2043 notes
Eh bah voilà, c'est du vrai, du chaotique, du sec, l'anti-thèse de l'intellectualisme stérile Hessien quoi (coucou le Loup).
Toutes les dissertations sur l'humanité des cyniques solitaires empruntent une route factice découlant d'une erreur primordiale d'appréciation car leurs observations ne traversent pas le voile superficiel des êtres en n'abandonnant l'égocentrisme qui embrume l'intime des autres.
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-"Demande à la poussière" est le récit des débuts laborieux d'un jeune écrivain dans le Los Angeles des années 30.

- (...)

... Bon d'accord, je recommence :

-"Demande à la poussière" est LE récit des débuts laborieux d'un jeune écrivain, et c'est accessoirement l'oeuvre d'un auteur qui inspira, entre autres, Charles Bukowski, Jack Kerouac ou Hubert Selby Jr. Voilà qui suscite un minimum de respect, non ?

-Et qu'a donc cet auteur de si extraordinaire ?

-Ça, c'est une question posée par quelqu'un qui ne l'a jamais lu ! Parce que s'il y a bien une évidence qui saute aux yeux, à la lecture de "Demande à la poussière", en dépit d'un style aux accents parfois populaires, voire familiers, c'est que John Fante est un grand écrivain...

L'alliance d'un ton faussement naïf, et d'une écriture en réalité travaillée, confèrent aux événements décrits par le narrateur un caractère épique, extraordinaire. Il m'a semblé que l'auteur aurait pu raconter n'importe quoi, mon plaisir à le lire serait resté le même.
Il serait donc injuste de ne voir dans ce roman qu'une histoire facile et truculente, car il est loin de n'être QUE cela.

Son personnage principal lui-même, Arturo Bandini, incarne parfaitement ces apparences trompeuses, qui apparaît de prime abord comme un jeune écervelé assez agaçant...
Débarqué de fraîche date à Los Angeles, il a quitté son Colorado natal et sa famille d'origine italienne pour tenter de matérialiser ses fantasmes de richesse et de gloire en devenant écrivain. Il doit vite faire face à la sordide réalité, celle des piaules insalubres, des bas-quartiers où survivent tant bien que mal les oubliés du rêve américain. Lui-même a du mal à joindre les deux bouts.
Arturo, pétri de contradictions, est d'une mauvaise foi parfois hilarante. Il se dit athée mais ne peut s'empêcher d'invoquer la sainte vierge à tout moment, se montre odieux avec celle dont il prétend être amoureux... mais il sait aussi faire preuve d'auto-dérision, et surprend le lecteur par ses accès de générosité, d'amour de l'humanité, et surtout par ses soudaines envolées poétiques.
Il est finalement touchant, Arturo, avec ses rêves de fortune, de filles pendues à son bras, de grosses voitures, et qui après une journée en costume préfère renfiler ses vieilles frusques puantes mais familières. Et ce n'est qu'un exemple - certes très parlant- de la dualité qui semble habiter le jeune écrivain : il proclame sa fierté d'être américain, son désir d'être riche, mais en même temps donne l'impression d'avoir sa place parmi les laissés pour compte de cette nation qui sait aussi se montrer chauvine et raciste.

Avec "Demande à poussière", John Fante, sous le couvert d'un humour qui confine parfois au burlesque, sublime l'existence sans gloire de ceux qui sont habituellement méprisés.

-Hum... d'autres questions ?
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J'ai lu ce roman d'une traite quasiment, j'ai bien aimé, mais je ne pense pas qu'il me laisse un souvenir impérissable. C'est le début de la vie d'écrivain et de la vie amoureuse d'Arturo Bandini, fils d'immigré italien qui est décrite ici. Une période faite de galère et de misère. Il possède une vie intérieure très riche, il en est presque mythomane et rêve beaucoup. C'est encore un enfant qui expérimente à tout va et en tire la substantifique moelle dans son roman.
En vérité j'ai peu à dire de ce roman, j'ai apprécié sans plus et je n'en garde pas un souvenir ému. C'est bien écrit, bien enlevé, mais je m'attendais à autre chose au vu de l'intense préface de Charles Bukowski.
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C'est un livre touchant et plein d'humanité. On ne peut pas être insensible aux errances du personnage (Arturo Bandini), l'incarnation littéraire de l'auteur.
Nous sommes dans les années 30 à Los Angeles. Arturo Bandini rêve de gloire littéraire depuis que sa nouvelle (le petit chien qui riait) a été éditée. Mais, dans l'attente de cette gloire, et de l'argent qui va avec, il a bien du mal à joindre les deux bouts.
Il vit dans des conditions précaires et côtoie les petites gens. Au hasard de ses errances nocturnes, il va faire la connaissance de Camilla Lopez, une jolie barmaid d'origine mexicaine. Elle deviendra tout ce qui compte pour lui, malgré son caractère bouillant et ses problèmes psychologiques.
Arturo Bandini est un personnage positif et optimiste. S'il n'a pas d'argent, il fait avec, et quand il en a, il le claque. Tout ce qu'il veut, c'est être un homme heureux, pour reprendre le titre de William Sheller, avec toute la mélancolie qui est liée à cette belle chanson.
Ça se lit vite. le style est original et probablement assez inédit quand on réalise qu'il a été écrit dans les années 30. C'est écrit à la première personne, dans un langage simple et populaire, mais qui conserve toute sa qualité littéraire. Beaucoup de dialogues, peu de temps mort, il y a du rythme.
Ce livre est une belle rencontre. Je m'attendais à quelque chose de plus « trash », car cet auteur a été la source d'inspiration d'écrivains « borderline », proche de la « beat generation » et plus particulièrement de Charles Bukowski qui avait fait de John Fante son mentor.
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Pour qui veut comprendre la littérature Nord Américaine, l'oeuvre de John Fante semble incontournable. Père spirituel de tous les écrivains chahutés par la vie, de tous les auteurs à la plume cabossée (à commencer par Charles Bukowski), il fut l'un des premiers à écrire comme on parle.

Arturo Bandini, qu'on retrouve dans bon nombre de romans de Fante, est un anti-héros de la littérature, une pâle incarnation du rêve américain. Il est un peu le mauvais frère de la famille, l'enfant colérique et impertinent, qui fait grand bruit, provoque la honte. Arrogant, contradictoire, tantôt généreux, tantôt abjecte, il nous entraine dans ses excès, ses jugements erronés, ses débordements. On le suit sans résister.

Avec "Demande à la poussière", Fante s'amuse, nous enchante. Sa plume est vivace, fulgurante, les mots coulent, s'enchainent, échafaudent des pages puissantes, trempées de sueur.
Fante observe son époque, sa nation d'adoption. Et ne se gêne pas pour lui passer une belle couche d'acide.
Il sait aussi nous émouvoir. Derrière la secousse, l'énergie, défile une belle galerie de personnages, fragiles, égarés.

"Demande à la poussière", un éclat de rire qui s'achève en sanglot. Ou le contraire.
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« Demande à la poussière » — dont la préface fut rédigée par Bukowski — fait partie de ces livres qui ont inspiré la « beat generation ». Je lui ai trouvé des qualités, et certains défauts.

Premièrement, la structure du récit et l'adoption du langage parlé conférent un rythme dynamique à l'histoire. Cela donne « des tripes » à l'oeuvre ; et, comme il s'agit d'un héro vulgaire et marginal, le ton souligne sa déchéance.
Ensuite, des rêves — ou des délires — se mêlent à la narration ; et l'on apprend qu'à posteriori que ce ne fut pas la réalité. C'est un effet de style peu utilisé, et fort bien maîtrisé ici. Notamment, quand Arturo se construit une réalité d'auteur accompli, alors qu'il ne produit encore rien. Je pense surtout à ces dialogues internes, où Arturo se sent voler parce que sa nouvelle du « petit chien qui riait », et celle de « la colline » sont publiées. Ces passages, où je me suis reconnu, lorsque j'ai l'impression d'avoir accompli quelque chose de grandiose. J'y ai trouvé une authenticité touchante.

Ce qui m'a déplu, en revanche, c'est la banalité du fond.
Je m'explique : ce genre de récit correspond souvent à ce que l'on essaie d'écrire lorsque l'on a rien à raconter. Même si l'on peut dire qu'il s'agit du livre de quelqu'un en recherche de soi, et que les errements sans but font partie de l'histoire ; j'ai trouvé que cela tournait tout de même en rond.
Comme il s'agit du premier livre que je lis de cet auteur, je mets cette remarque au crédit de ma découverte ; j'aurai peut-être un avis différent lorsque j'aurai lu le reste de son oeuvre.

En bref, John Fante est auteur qui écrit en dehors des structures académiques ; on peut le lire pour se sortir la tête des classiques.
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Je prends plaisir à remercier Philippe Djian, à chaque fois, de m'avoir fait découvrir ce merveilleux conteur, John Fante. Tout est bon, dans son oeuvre !
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Une chouette plongée dans la littérature style de la «  beat generation ». Souvent entendu parler de J. Fante mais jamais testé. Et pourtant...c'est drôlement bien fichu !
Un roman en partie autobiographique, dans lequel J. Fante s'appelle Arturo Bandini. Il est fauché, il s'idéalise en grand écrivain, il traîne de bar en bar, de sa chambre d'hôtel aux rues mal-famées. Des rencontres avec des conquêtes féminines aussi « limites » ou déjantées que lui, des voisins de paliers pour le moins particuliers....et A. Bandini qui oscille de manière quasi schizophrénique entre discours haineux sur le monde qui l'entoure et mégalomanie. Une personnalité toujours sur la crête, prête à basculer d'un côté ou l'autre et tout cela avec un style léger, plein d'entrain, qui peut lui aussi être très noir ou humoristique....du grand art...vivement la lecture d'une autre oeuvre de J.Fante !
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Récit de l'errance, de la stupidité humaine incapable de reconnaître le vrai talent, pas ce qui fait vendre, mais bien ce qui est beau. Ce qui nous prend les entrailles et nous les retourne avec un plaisir délectable. Nombreux sont sans doute ceux qui ont pleuré à la lecture de "Demande à la poussière" et des autres romans de John Fante. Voilà enfin du réel, des émotions vraies, pas de faux-semblant, pas de mensonges, pas de mièvres sentiments de plastique, pas de récits commerciaux, de machines à fric ! Tout est vrai, du début à la fin, de la première à la dernière ligne, tout se délecte comme un alcool brûlant, capable de réveiller un mort ! Nos larmes de lecteur aussi sont vraies, salées comme la mer de Californie. Toujours dans un coin de notre esprit et de notre âme, s'esquisseront alors ces images photographiées par Fante, dérobées au réel. Une patte littéraire de génie, celle d'un artiste maudit ; heureusement immortel et redoutablement efficace ! Un homme de talent que nous nous impatientons de découvrir dans d'autres ouvrages. Alors merci John Fante pour toutes ces merveilles, trop longtemps incomprises ! Merci et bravo !
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Nous sommes dans les années 30 en Californie. Les États-Unis sombrent dans la Grande Dépression. Mais les rêveurs se retrouvent tous à Los Angeles, la ville où tout est permis et où à défaut de fortune ou de bonheur, le soleil brille toute l'année.
Le récit fait suite à "La route de Los Angeles". le lecteur retrouve avec plaisir Arturo Bandini, l'alter ego de John Fante. Il a 20 ans et rêve toujours de devenir un Grand écrivain. Il vient tout juste de s'installer dans un hôtel miteux où la taulière n'accepte pas les juifs et le tolère à peine et de loin, lui le latino-américain beaucoup trop brun, car fils d'immigrés italiens.

Il est plein d'espoir car sa nouvelle "Le Petit Chien Qui Riait" est enfin parue et lui a rapporté un peu d'argent...mais l'argent s'est envolé et a été trop vite dépensé ! du coup il n'arrive pas à payer son loyer, crève de faim tout en mangeant des oranges, et attend que son éditeur l'appelle pour lui annoncer qu'une de ses autres nouvelles va être enfin publiée, mais le problème est que d'autres nouvelles il n'y en a pas ! Malgré l'admiration qu'il a pour son bienfaiteur, Monsieur Hackmuth (le directeur de publication) Arturo n'arrive plus à écrire.
Il comprend très vite que pour avoir quelque chose à raconter sur sa vieille machine à écrire, il faut qu'il sorte et affronte la vie...et surtout les femmes. Alors il va errer sans but dans les rues recouvertes de la poussière du désert proche, entrer dans les bars, côtoyer ses semblables.
Un soir, il va croiser sur son chemin la belle Camilla, une serveuse mexicaine pauvre qui ne sait pas lire, et il va lui déclarer sa flamme... à sa façon. Il est puceau, elle ne le sait pas ; il fantasme sur les femmes latino et blondes, elle est brune ; il rêve de leurs étreintes, mais il tremble à leur approche quand il ne s'enfuit pas carrément. Camilla en aime un autre, elle voudrait elle-aussi sortir de la pauvreté, mais sa rencontre avec Arturo va déranger ses plans et ses rêves.
De plus, elle est tellement impulsive qu'elle terrorise Arturo qui en devient balourd mais reste toujours aussi facétieux...et tellement maladroit qu'il en est touchant. Leur relation est très compliquée, tumultueuse et violente car ils ont en eux tous deux trop de fougue, d'orgueil, de préjugés, de haine, de passion et de sensibilité...

J'ai retrouvé avec grand plaisir le style empli d'humour, teinté d'un cynisme certain de l'auteur. J'aime aussi sa rage de vivre !
Il n'a pas son pareil pour transformer le réel, décrire de manière poétique des moments dramatiques, raconter la vie quotidienne de ces personnes si pauvres mais éperdues du désir d'être enfin reconnues comme de véritables citoyens américains. La blessure du racisme n'est jamais bien loin dans les écrits de John Fante.
Le récit est intense, tantôt passionné, tantôt empli de sensibilité et Arturo personnage central toujours à vif, tant il est sensible, tantôt loufoque, toujours tourmenté mais capable d'auto-dérision, est toujours terriblement émouvant...et attachant.
Encore un livre "écrit avec les tripes et le coeur" comme le disait de l'auteur, Charles Bukowski qui en a rédigé la préface.

"Demande à la poussière", "Ask the Dust" sous son titre original a été publié pour la première fois en 1939 par l'éditeur américain Stackpole qui fut poursuivi en justice par Adolf Hitler pour avoir publié une traduction anglaise de Mein Kampf sans autorisation. A la suite de quoi l'éditeur perdit le procès et fit faillite ce qui entraîna, l'échec commercial du roman de Fante.

Ce titre sera publié à nouveau en 1980 puis traduit en français et découvert par le public francophone en 1986. Un film au titre éponyme, tiré du roman, est sorti en 2006.

"Demande à la poussière"est considéré aujourd'hui comme faisant partie des deux meilleurs romans écrits sur Los Angeles, tant la ville y est présente et un personnage à part entière, avec "L'incendie de Los Angeles" (que je n'ai jamais lu) titre original"The Day of the Locust" de Nathanael West qui a lui aussi donné lieu à une adaptation cinématographique sous le titre "Le jour du fléau". Peut-être les cinéphiles le connaissent-ils ?
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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