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Jean-Luc Moreau (Traducteur)Patrick Leigh Fermor (Préfacier, etc.)
EAN : 9782752904348
768 pages
Phébus (21/01/2010)
3.88/5   39 notes
Résumé :
Le roman s'ouvre sur une fête dans un château des environs de Budapest.

Il y a là un comte aux idées larges mais qui n'imagine pas vivre un jour privé de ses privilèges, une beauté mal mariée en peine de justes compensations, un pianiste de talent ravagé par la passion du jeu, une jeune fille pétrie d'espérances et d'illusions...

Tout ce beau monde passe son temps à se déchirer : intrigues, scandales, complots, crimes, imbroglios polit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ces dernières années, j'ai développé un intérêt, une passion pour la Hongrie. En attendant de pouvoir y retourner, je lis des livres qui me permettent d'y voyager dans ma tête. Si le pays m'attire, l'histoire également. le XIXe siècle et la Belle époque sont des périodes riches en bouleversements, que j'affectionne particulièrement (c'est fou, la nostalgie d'un temps qu'on n'a pas connu !), et le roman Vos jours sont comptés me permet d'y plonger.

Dans ce premier volet d'une triglogie, l'auteur Miklos Banffy y raconte la vie de quelques familles aristocratiques originaires de Transylvanie mais, comme leurs équivalents ailleurs dans l'empire austro-hongrois ou dans les autres pays européens, ils ne restent pas en place. Quand ils ne s'occupent pas de leurs domaines ancestraux, ils se retrouvent à Budapest ou à Vienne ou bien voyagent en Italie.

Le comte Balint Abady, Laszlo Gyeröffy, la belle Adrienne Miloth, Klara Kollonich, Fanny, Adam Alvinczy, les Kendy et tous les nombreux autres (désolé pour les accents que je n'arrive pas à placer sur les bonnes lettres !), sans le savoir, ils vivent leurs dernières heures de gloire : les parties de chasse à la campagne, la saison des bals puis des courses de chevaux, les mondanités, les parties de cartes dans les petits salons, même les rendez-vous secrets.

Ainsi, pour plusieurs, les vieilles fortunes ne suffisent plus à maintenir le train de vie auquel ils sont habitués. de plus, des fissures apparaissent dans l'empire. Et je ne parle pas seulement de ces Magyars qui réclament plus d'autonomie de la part de Vienne, non. À l'intérieur-même du royaume de Hongrie, les minorités ethniques (Croates et Roumains en première ligne) commencent à faire pression, à s'affirmer, bientôt à se rebeller…

Il faut dire que c'était l'air du temps. le roman fait plusieurs références à des événements de l'histoire mondiale. Par exemple, la révolte russe de 1905, le litige entre l'Allemagne et la France à propos du Maroc, etc. le prélude à la Grande Guerre, quoi !

Mais à travers la grande Histoire se joue des drames personnels. Par exemple, Laszlo qui ne peut se retenir de jouer perd sa fortune et même les l'argent que lui prêtent ses amis. Ou bien Balint qui essaie gérer ses domaines en «bon père de famille» se rend compte que ses Roumains ne veulent pas de son aide et plutôt chechent à s'émanciper. Ainsi, à travers leurs interactions, les gens de la haute société entrent en contacts avec les autres classes qui ne sont pas oubliées. Les domestiques, les paysans, mêmes les enfants de ces derniers qui, en ce siècle de changement, ont réussi à obtenir une éducation, à accéder aux professions libérales et ils souhaitent faire entendre leurs voix.

J'avais beaucoup aimé (et probablement préféré) la trilogie Les Dukays, écrite par Lajos Zilahy. Elle était plus romancée et tournée vers des drames personnels. Mais cette autre trilogie que j'entame apporte un supplément appréciable : Vos jours sont comptés explique plus clairement les enjeux politiques en Europe et à l'intérieur-même de l'empire austro-hongrois. Balint est député à l'assemblée, il lit les journaux, se tient informé et, conséquemment, le lecteur en sait autant que lui sur la situation.

Malgré tout, il me reste une déception, toute petite : je n'ai pas l'impression avoir vu la Transylvanie, qui représentait à l'époque une des dernières régions «sauvages» de l'Europe. Je ne m'attendais pas à y voir surgir des vampires mais tout de même… L'intrigue aurait presque pu se dérouler dans n'importe quelle autre partie de la Hongrie et ça n'aurait pas fait une grande différence.
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Pour ce qui est de la description de ce roman, de ces personnages et du « décor », je trouve que lolo71 a déjà dit tout ce qui était nécessaire de savoir. Seulement, j'aimerais vraiment expliquer ce que j'ai ressenti en lisant ce livre parce qu'en ce qui me concerne, ça n'a été ni tout à fait blanc ni tout à fait noir.
Ce qu'il faut savoir, c'est que quand on commence cette trilogie, je pense réellement qu'il faut s'engager à aller jusqu'au bout et lire les trois livres. Pour être tout à fait honnête, quand j'ai ouvert ce livre, dès les premières lignes j'ai trouvé le style incroyablement pompeux (comme ce qui a déjà été dit dans une autre critique d'ailleurs), surtout dans les descriptions de paysages (il faut dire que je n'aime pas beaucoup les longues descriptions à part chez quelques écrivains). Je n'avais qu'une envie c'était de refermer le livre et d'abandonner là la découverte. Ce qui m'en a empêché, c'est que je lis régulièrement depuis quelques temps seulement, et que je fais absolument tout pour lire même ce qui, a priori, ne m'intéresserait pas si je restais toujours dans ma zone de confort, à lire seulement ce qui est agréable et joli. Et je pense que j'ai bien fait de continuer !

Le paradoxe de cette trilogie, c'est que oui, le sentiment général est qu'on n'a pas besoin de trois pavés pour faire le tour de cette histoire et que très souvent, l'auteur se répète, d'où l'impression de longueur et l'envie de lâcher prise … Mais je pense que c'est seulement quand on arrive vers la fin du troisième tome qu'on se rend compte que tout ce qui a été dit (et peut-être répété) était bien utile et que même les détails qui peuvent nous rebuter à première vue font partie d'un dessein plus grand, que tout a bien été réfléchi et calculé et que chaque livre, chaque ligne a son utilité. En vérité, cette épaisseur, ces répétitions participent à nous ancrer complètement dans cette époque et dans la vie des personnages.

Je ne pourrais pas défendre à tous les coups l'écriture, qui est peut-être un peu pompeuse, c'est vrai, mais cela alterne aussi avec de nombreux passages qui sont très bien écrits et qui arrivent à nous toucher, bien qu'on soit si éloigné en temps et en espace de ces intrigues. le côté fort de ce roman, c'est que les thèmes et les sentiments humains abordés nous concernent toujours aujourd'hui, bien que l'histoire, elle, de l'Autriche-Hongrie, des aristocrates hongrois, et de ce microcosme transylvain, soit tout à fait révolue.

On ne peut pas aborder cette trilogie comme le simple récit des amours contrariés de la noblesse hongroise au début du XXème siècle. Je trouve personnellement que la politique et l'histoire prennent énormément de place et sont loin de se résumer à un arrière-plan.
Clairement, si on n'aime pas l'Histoire, qu'on ne s'intéresse pas du tout à l'Autriche-Hongrie, ou qu'on a du mal avec la politique, cette lecture n'est pas indiquée. Si il y a bien deux personnages principaux au départ qui sont les cousins Bálint et László, dès le second livre l'intrigue se resserre principalement autour de Bálint, qui en plus de gérer des terres héritées en raison de sa noblesse, est parlementaire. Les personnages fictionnels font donc place, entre deux récits, à des personnages bien réels eux, qui sont les politiciens hongrois du début du XXème siècle qui ont assisté et ont en partie été à l'origine du déclenchement de la première guerre mondiale et de la fin de la double monarchie austro-hongroise.

Le côté politique n'est pas toujours facile à suivre, puisqu'il s'agit d'un autre pays et d'une autre époque, mais au final, j'ai vraiment été très contente que l'auteur insiste à ce point-là sur le déroulement de la vie politique. Parce que bien que dans l'intrigue même, elle montre les faiblesses de la monarchie hongroise et les crises qui ont déclenché les malheurs à venir, ces politiciens sont aussi ceux que l'on peut toujours avoir sous les yeux : ceux qui ne sont motivés que par leur propre intérêt, ceux qui sont sacrifiés pour une plus grande cause par leurs propres partisans, ceux qui restent silencieux … Et puis il y a ceux qui, comme Bálint, impuissants ou presque face aux grandes volontés et aux égos démesurés, assistent à un véritable désenchantement, de la population et de l'être humain en général face aux hommes qui, la responsabilité d'une nation tout entière entre leurs mains, déçoivent et déchirent leur pays.

En ce qui concerne, les personnages, c'est vrai qu'ils sont très nombreux et que jusqu'à la fin, on peine un peu à se rappeler qui est qui. Mais ce sont toujours les mêmes qui reviennent et du coup on a quand même des repères, certains qu'on préfère, d'autres qu'on apprécie moins. Miklós Bànffy s'attarde, bien que moins longuement, sur les personnages secondaires, qui ont tous plus ou moins un lien d'amitié ou de parenté avec les deux personnages principaux Bálint et László .
Et il n'y en a pas que pour les nobles non plus : comme Bálint gère de vastes terres en Transylvanie, on a l'occasion d'entendre parler des villageois, du personnel (ceux qui servent la famille de Bálint ou les autres), des petits personnages de province … Et on peut donc aussi découvrir, certes plus rapidement que pour la noblesse, leurs conditions de vie, leurs préoccupations.
C'est aussi par ce biais qu'on découvre ce qu'est avant tout la monarchie austro-hongroise : un territoire habité par des peuples d'ethnies et de religions tout à fait différentes les unes des autres et qui cohabitent tant bien que mal. La plupart d'entre eux vivent bien ensemble, mais il y a les agitateurs, et surtout la colère qui gronde parce que ceux qui font partie des minorités (Roumains, Tchèques, Serbes, Croates, etc.) sont pratiquement laissés pour compte, toujours moins bien traités que les Autrichiens (qu'on appelle plutôt « Allemands » à cette époque) et que les Hongrois.

Cette lecture ne m'aura peut-être pas enflammée, mais elle m'a apporté beaucoup. C'est une lecture vraiment complète, car même si je n'en parle pas beaucoup ici, l'Homme est bien entendu au centre de cette trilogie, qui nous fait cadeau d'une très belle histoire d'amour et décortique les existences de nombreux êtres chahutés par le destin, comme trop faibles pour supporter la dureté et la fragilité de leur vie sur cette terre. Il y en a pour tous les goûts, un véritable échantillon des traits de caractère, des comportements, des peurs et des interrogations que chacun d'entre nous peut avoir, peu importe l'époque et le pays ! Certains personnages au destin assez tragique m'ont énormément touchée. Miklós Bànffy est un observateur très attentif de ce qu'on pourrait appeler la misère humaine, il n'en rajoute pas des tonnes et même si il aime bien accentuer les qualités de ses héros, il n'est jamais bien méchant avec les personnages plus noirs ou ambigus.

Ce livre m'a bien évidemment rendue très curieuse par rapport à la Hongrie et son histoire, et je le recommande donc également aux curieux en tout genre, que l'on aime les voyages, l'histoire, ou autre, il y a forcément quelque chose à en retirer.
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C'est étonnant comme, parfois, la découverte d'un auteur prend des chemins détournés. C'est en lisant Sandor Marai qui me mène à la liste Hongrie, que je rencontre Miklos Banffy et je ne l'aurais probablement jamais connu sans Babelio.
Dans ce roman "vos jours sont comptés", je trouve tous les ingrédients qui me font aimer la lecture :une fresque historique et sociale, des personnages attachants aux multiples facettes et loin des clichés, des intrigues sentimentales contrariées, un milieu méconnu.
L'auteur déploie un réel talent de conteur pour décrire, malgré les fastes, son monde en déclin, la Transylvanie juste avant la chute finale de l'empire austro-hongrois. C'est encore le temps des futilités, des mondanités et des bals.
"Ainsi, au printemps, les courses de chevaux, tout aussi passionnantes que les coups de fusil en automne. Pour convoquer une session de la Chambre haute, une assemblée de parti ou une réunion de club, il fallait tenir compte en été de la chasse aux perdrix, en septembre de la cervaison, à l'entrée de l'hiver des battues aux faisans ; au printemps, il fallait connaître le calendrier des courses. A la saison hippique de Budapest succédait celle du derby de Vienne..."
Conservateur, nostalgique du luxe de la Belle Epoque, Miklos Banffy se révèle cependant ouvert au progrès, malgré les frustrations et les peurs qu'inspire un monde nouveau.
Outre de magnifiques passages où son héros Balint est en communion avec la nature resplendissante, il décrit longuement l'imbroglio politique de cette période tourmentée et la complexité des relations avec la puissante Autriche.
Même s'il n'égale pas le génie de Tolstoï dans ses oeuvres les plus magistrales, on en retrouve l'esprit et l'inspiration dans "vos jours sont comptés".
Une belle découverte de plus de 750 pages avec le seul tome 1. Et il y en deux qui suivent !
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C'est le premier volume de la Trilogie de Transylvanie, vaste fresque romanesque, aux personnages nombreux. Nous sommes au début du vingtième siècle, même si les années dans lesquelles se déroulent les événements ne sont jamais données avec précision. Après 1905, puisque la guerre russo-japonaise est juste terminée. Nous suivons les destinées de plusieurs personnages, issus du même monde, celui de l'aristocratie hongroise originaire de Transylvanie. Bálint Abády en tout premier lieu, qui ressemble par certains aspects à l'auteur lui-même. Au début du roman, il rentre dans sa Transylvanie natale, décidé à se faire élire comme député et d'abandonner la carrière dans la diplomatie qu'il avait commencée dans les ambassades autrichiennes. Grâce à lui nous pourrons suivre la vie politique hongroise, et croiser les hommes politiques importants de l'époque. Mais si Bálint revient, ce n'est pas que pour sa carrière. Il n'a jamais pu oublier sa cousine Adrienne, bien qu'elle ait épousé un autre homme d'une façon brusque et incompréhensible. Les bals, parties de chasse, et autres réjouissances mondaines vont lui donner l'occasion de la revoir et nouer des relations avec elle, relations qui vont vite devenir très tendres. Mais il y a aussi le cousin de Bálint, László, que son tuteur a obligé à faire des études de droit, alors qu'il ne rêvait que de musique, et qui devenu majeur décide de rattraper le temps perdu, et de composer. Mais l'amour qu'il porte à Klára, sa riche cousine, va perturber ses plans.

En fait il est impossible de résumer ce roman, tant les personnages sont nombreux et les événements abondants. Il y a aussi bien les événements historiques dans l'empire austro-hongrois en décomposition, dont la chute est proche, même si cette éventualité est totalement imprévisibles pour les aristocrates hongrois qui dansent au bord du gouffre. La fin prochaine de leur monde ne les empêche pas de passer les nuits à boire, à jouer, à danser, à faire des folies, et à terminer parfois au matin par un duel sans véritable raison. Miklós Bánffy montre l'inconscience et le manque de vision à moyen terme de cette classe, qui aussi a du mal à voir de ses palais la souffrance de petites gens, paysans ou domestiques, exploités et humiliés. de même qu'elle ne réalise pas l'exaspération qui monte chez les minorités, roumaine en particulier. Ils sont en fait assis sur une poudrière, et ne s'en rendent pas compte, ergotant sur questions insignifiantes, et mourant bêtement pour des dettes de jeu.

Miklós Bánffy dresse des portraits forts de personnages attachants. Les femmes en particulier sont remarquables, malgré toutes les contraintes que cette société fait peser sur elles, aussi bien jeunes filles que femmes mariées. Elles ne peuvent réussir un peu à assouvir leurs aspirations que dans le mensonge et la dissimulation, en dérobant quelques moments de bonheur toujours fugitif.
L'auteur nous dresse un portrait saisissant d'un monde crépusculaire, d'autant plus beau qu'il est voué à disparaître, d'autant plus cher qu'il vit ses derniers instants. Il a connu ce monde, et il nous en restitue de mémoire les détails et les enchantements, tout en étant lucide sur ses laideurs et ses absurdités.
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L'Autriche-Hongrie apparait comme un miracle historique, durant lequel des ethnies pratiquant des religions différentes et ayant des contentieux anciens ont réussi à vivre ensemble pendant des siècles. de nombreux romans ont rendu compte de cet équilibre fragile et de la manière dont il s'est rompu avec la première guerre mondiale.
« Vos jours sont comptés » premier volume d'une trilogie, se situe à la veille de la déflagration dans une Hongrie en ébullition institutionnelle mais loin de comprendre qu'elle est au bord de l'abîme. C'est dans la grande aristocratie que se déroule l'intrigue du roman qui mélange peinture sociale, amours contrariés et manoeuvres politiques.

On peut considérer « Vos jours sont comptés » comme l'archétype du grand roman classique, tout ce qui en fait la richesse est présent : nombreux personnages, longues descriptions des lieux et des évènements, analyses psychologiques fouillées, récit linéaire et lent pour envouter le lecteur. Évidemment il faudrait avoir de bonnes notions en histoire politique de la Hongrie pour saisir toutes les nuances des combats dans les différentes assemblées mais le lecteur ignorant n'est pas perdu pour autant.

Deux cousins nobles sont les fils conducteurs de l'histoire, Balint Abady et Laszlo Gyeröffy cherchent leur place dans le monde. le premier, élu député, se veut progressiste et ouvert à des idées nouvelles pour améliorer la condition de ses paysans, le second cherche sa voie dans la musique mais sans grande détermination.
L'un comme l'autre sont amoureux de femmes qui le leur rendent bien mais dans cette société on se marie pas par choix mais pour l'intérêt financier ou pour le prestige. La femme est un moyen d'échange, un objet que l'on met en valeur dans d'interminables bals qui sont la distraction préférée de la haute société avec les chasses en grand équipage.
Les classes sociales semblent figées et séparées pour l'éternité, la riche et oisive aristocratie n'est pas consciente de la fragilité de sa situation, la modernité n'est pas encore visible mais les difficultés financières apparaissent, les ethnies méprisées demandent à être représentées, les bourgeois progressent au coeur de l'état et le peuple comme un braconnier sape les rentes centenaires de ces aristocrates occupés à leurs plaisirs amoureux.

Ce premier volume qui s'avère assez sombre malgré les dorures et les lumières des salles de bal, fixe le cadre, place les acteurs sur l'échiquier et tend les ressorts de l'intrigue. le lecteur devine que les épisodes suivants ne feront qu'entrainer les héros dans la chute et qu'il lui faudra du souffle pour les accompagner.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Autour d'une table ronde qu'éclairait une lampe abat-jour vert, huit joueurs étaient réunis. Apercevant parmi eux Neszti Szent-Györgyi, Laszlo s'arrêta en face de lui. Il aimait regarder ce personnage de grand style. Ernest était le petit-cousin de son oncle Antal, dont il avait d'ailleurs la haute stature, l'allure de lévrier, le nez mince, les yeux gris, le regard froid. Il arborait en outre de longues moustaches noires, non pas taillées mais tombantes, à la gauloise, qui conférait à son visage une expression méprisante. [...] Il était célibataire, immensément riche ; il allait sur la cinquantaine, mais ces cinquante ans-là en valaient bien cent, tant il en avait utilisé chaque seconde, jouissant de tout ce que peuvent offrir fortune, nom, belle prestance et santé florissante. Il avait chassé le tigre aux Indes, tiré le lion au Soudan, chassé à courre non seulement en Transylvanie mais encore en Angleterre et en France, possédé un yacht sur la Riviera et des chevaux de course sur tous les turfs de la planète. Les femmes, bien sûr, étaient folles de lui, mais aucune ne l'avait enchaîné, bien qu'il se fût battu pour elles un nombre incalculable de fois, sans pour autant considérer le duel autrement que comme un sport, un simple corollaire du mouvement de la vie. Rien, ni passion ni peur, n'ayant jamais fait battre son coeur, il ne lui était jamais arrivé rien de fâcheux. Dans son genre il était parfait. C'était comme si la société de la fin du siècle avait voulu incarner son idéal : le parangon de l'homme du grand monde.
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- Que me demandiez-vous?... Ah oui, ma belle-mère!... - elle eut un sourire moqueur, presque triomphal. Vous savez, AB, elle aussi elle est complètement folle! La vieille est en froid avec le bon Dieu! Si, si! Ils ne se parlent plus. Athée, elle? Oh non, loin de là! Elle est même très croyante. Mais elle Lui en veut depuis que son mari est devenu fou et qu'il est mort. Elle L'avait prié, elle L'avait imploré, je pense même qu'elle avait fait un voeu, mais ça n'a servi à rien, Dieu le lui a tout de même enlevé. Alors depuis, elle ne va plus à l'église, elle ne prie plus. Dans sa chambre, elle a retourné le crucifix. Toutefois, comme avant, elle continue à faire venir ce moine. Peut-être pour permettre au vieux Maier et aux quelques domestiques catholiques d'assurer le salut de leur âme, mais je crois plutôt qu'elle entend montrer à Dieu qu'ici, chez elle, elle Le boude ; qu'elle Lui en veut de ne pas l'avoir écoutée.
- S'il en est ainsi, quelle tragédie!
Adrienne eut un rire cruel :
- Elle ne peut pas supporter qu'on ne fasse pas ses quatre volontés. Même Dieu, elle voulait qu'Il lui obéisse, et maintenant elle Le punit!
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Il s'attarda longtemps, debout à la fenêtre. Sur le boulevard, en files innombrables, des lumières. Les tramways tintinnabulaient, s'arrêtaient en crissant, repartaient en grondant. Au-dessus des maisons, une vapeur luminescente. Une faible clarté.
Il se tient là, dominant la multitude des toits, immobile. Dans son âme aussi, il se sent supérieur, il est quelqu'un, il fait partie des puissants. Il n'y a plus trace en lui de l'humiliant sentiment d'infériorité qui l'a enchaîné pendant tant d'années. Le baiser, le long, long baiser qu'il a échangé avec Klara, l'en a délivré pour aujourd'hui. Il se sent de la race des conquérants, il est Cortez partant pour Mexico.
Il ouvre les bras, en direction de la ville nocturne, tout grands, comme s'il voulait embrasser l'univers.
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Audiatur et altera pars n'est pas un adage politique. S'en tenir à son propre credo, ne voir qu'un tissu d'erreurs dans celui de la partie adverse, tel est le principe de la vie parlementaire, un principe qu'il est parfois, mais ô combien rarement, possible de mettre entre parenthèses pour une heure ou deux mais qui reste le fondement de toute activité publique.
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«[...] Le lien patriarcal qui pendant des siècles a uni le seigneur terrien à son village n'a pas cessé avec l'abolition du servage. Il te faut conduire, aider, assister, ceux qui tant matériellement que culturellement sont fort en dessous de ta condition. Paysans ou domestiques, considère-les comme tes enfants. Sois sévère, mais juste et compréhensive. Car ce n'est pas un hasard si dans la langue hongroise famille et domesticité, csalad et cseléd, ne sont qu'un seul et même mot...»
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