Il ne s'agissait tout d'abord pour Gérald Asmussen, le narrateur, que d'écrire un article sur les mouvements activistes écologiques. Mais sa rencontre avec le célèbre capitaine Magnus Wallace, fondateur de l'association Gaïa, va changer la donne. Intrigué par cet homme considéré par certains comme un terroriste de part ses méthodes et par d'autres comme un héros, Asmussen va embarquer à ses côtés à bord de l'Arrowhead, pour une campagne visant à préserver les baleines, pêchées illégalement dans des zones pourtant protégées.
En compagnie de bénévoles convaincus, porté par les convictions et le charisme de Wallace, Asmussen va devenir le témoin d'un monde en train d'être assassiné.
Voilà déjà plusieurs années que je suis les campagnes de l'ONG Sea Shepherd et j'étais déjà convaincue, avant cette lecture, de l'absolu nécessité de porter un nouveau regard sur le monde marin et de protéger les espèces qui l'habitent.
Comme beaucoup de lecteurs, je n'ai donc eu aucun mal à reconnaître, dans Magnus Wallace, le capitaine
Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, dont les actions pour préserver la faune marine contre les pêches illégales lui valent d'être menacé de mort et d'être le sujet d'une notice rouge d'Interpol.
J'étais donc en parfait accord avec le sujet, certaine qu'au point où nous en sommes, seule l'action directe peut amener les populations et les politiques à changer leur regard, convaincue, comme les bénévoles du roman, qu'il faut à présent AGIR !
Du coup, la lectrice que je suis a été profondément déçue.
Déçue que cette ouvrage porte la mention « roman », alors que beaucoup des faits racontés se trouvent dans la biographie de
Paul Watson, et que le terme « roman » laisse croire que tout cela est purement inventé.
Chagrinée que l'auteur n'ait pas clamé plus haut et plus fort ses sources d'inspiration et que l'ONG et son fondateur ne soient pas cités plus clairement dans l'ouvrage.
Déçue que la seule action qui semble être utile soit d'embarquer pour une campagne en mer de trois mois, alors que chacun peut agir facilement et au quotidien (en n'achetant plus de sushis par exemple ou en réduisant sa consommation de protéines animales).
Bref, j'ai regretté la frilosité de l'auteur qui s'est lancée dans un récit polémique et d'actualités, sans aller au bout de sa démarche.
Mais regardons le verre à moitié plein, et saluons tout de même cet ouvrage, qui a le mérite d'exister et qui incitera, je l'espère, beaucoup de personnes à la réflexion. On lui préférera tout de même «
Entretien avec un pirate », récit qui ne se cache pas sous le terme de « roman ».