Je remercie une nouvelle fois les éditions Denoël pour cette étonnante découverte.
Étonnante, car en effet cet ouvrage nous plonge dans un univers complètement loufoque et déjanté.
Ce roman tente de projeter une sorte de métaphore de l'adolescence.
La Chica Zombie, c'est l'histoire d'Erin Fancher, 16 ans, qui se réveille un matin complètement affligée : son corps est couvert de plaies, des vers nécrophages s'échappent de celles-ci et l'odeur qu'elle dégage est celle de la mort. En dépit de son apparence et de cette odeur délétère que son corps dégage, Erin doit continuer à aller en cours. Elle camoufle alors son corps et use de stratagèmes et de maquillage pour masquer son état. Personne ne semble finalement s'apercevoir de celui-ci.
Billy Servant, autre personnage central dans ce roman est tout aussi déjanté, sans doute encore plus que tous les autres. Si au début, il nous apparaît comme l'être le plus ingrat et le plus pitoyable qui soit, finalement, il s'avère, au fil du roman, être la personne la plus compréhensive et tolérante et on découvre au final un être bien sympathique.
Laura Fernandez centre son ouvrage sur les difficultés que peuvent éprouver les adolescents et c'est avec pleins de rebondissements aussi farfelus les uns comme les autres que l'on découvre le personnage d'Erin entouré de ses acolytes tout aussi extravagants.
L'habileté de l'auteure, la fraîcheur qu'apporte
Laura Fernandez dans cette spirale d'irréalité inonde le texte. L'auteure possède un don inné qu'est celui du naturel paradoxal et de l'humour noir.
Alors, Erin est-elle réellement dévorée par des vers ou ce qui lui arrive résulte-t-il uniquement de son imagination brutale et terrible d'une adolescente un peu perdue? Est-on en présence d'un roman qui traite de zombies au sens premier du terme?
Non, ce qui est très plaisant justement dans cet ouvrage c'est l'idée même d'utiliser l'image des mort-vivants de manière à distiller la métaphore. La zombie n'est pas réellement un personnage au sens premier, c'est seulement l'idée que l'auteure tient à retenir. La morale de ce roman est de nous satiriser toute survie émotionnelle dans la jungle sociale dans laquelle nous vivons.
Ce livre est un roman burlesque sur la dureté de l'adolescence mais c'est aussi une histoire sur la difficulté d'être soi-même.
Un petit bémol avec une fin de roman un peu étrange à mon goût mais qui n'entache en rien toutes les qualités de ce roman.
Un pur moment de fraîcheur malgré un titre sombre et une couverture de roman noire mais qui ne se prend guère au sérieux avec son style à la "Pacman" qui donne déjà un avant-goût du ton que l'auteure donne à son récit.
Un petit clin d'oeil avec un tout petit extrait issu du roman qui revient de manière assez récurrente que j'adore : "- Ouais, c'est ça, et les éléphants ont des ailes".