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EAN : 9782847290363
112 pages
Pleins feux (24/01/2005)
5/5   1 notes
Résumé :
Un ordre de paix ne saurait advenir que sur les bases de justice. Voilà un principe qui, sans doute, fait consensus, et au-delà même du " monde des démocraties ". Cependant, les divergences ne manquent pas d'apparaître, dès lors qu'il s'agit de savoir ce que l'on doit mettre sous l'idée de justice, et surtout, quels en seraient les voies et moyens. C'est cette problématique que j'aimerais aborder ici. La question de la justice politique y sera envisagée globalement,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Publié en 2004, le texte paraît avoir été publié pour différencier le projet européen de celui des Etats-Unis à l'occasion de la guerre en Irak.
JMF y reprend la synthès de "La question de l'Etat européen", de manière plus dense et axée sur la justification de la forme politique du projet européen. Oui, le projet est cosmopolitique, mais non, il ne peut pratiquement avoir vocation à s'étendre à la planète mais plutôt de créer des bases de relations intercontinentales. Oui, la démocratie s'est organisée par la nation et on ne peut pas pratiquement séparer les souverainetés populaire, nationale, et étatique, mais non, on ne peut ni créer une nation européenne ni assimiler la mondialisation et le postnational ; on est en revanche autorisé à envisager que le postnational vise à maîtriser la mondialisation. Oui, il est vrai que la communauté politique implique le recouvrement de la communauté morale par la communauté légale, et que ce recouvrement n'a pas lieu en Europe, mais non, rien ne vient théoriquement interdire que la multiplication des coopérations à tous les niveaux ne crée une communauté morale qui se rejoigne au moins sur ce principe singulier : la coopération systématique plutôt que l'affrontement systématique. La "communauté morale" se formerait alors par le partage d'une culture politique, qui passe par l'omniprésence de la communication et une culture historique qui passe par la reconnaissance. L'identité européenne, philosophique se distingue alors de l'identité états-unienne, d'un côté, "si vis pacem, para bellum" et de l'autre, "si vis pacem, para pacem".

Il s'agit alors d'organiser la structure économique et juridique. Pour le premier point, le choix se fait entre l'alter-mondialisme, la régulation libérale à l'échelle planétaire, les changements de principes de redistribution. La première n'a rien à proposer au marché ; la deuxième est inégalitaire et instable ; la troisième reconnaît que la valeur "travail" dans une société automatisée et "communicante", est... dévaluée, et mise sur l'adéquation entre la demande (au sud) et l'offre (au nord). On imagine alors un revenu minimum dans chaque pays du monde, on transfère massivement des fonds vers l'hémisphère sud, qui ne seraient pas des prêts, et on révise le système financier global. Dis comme ça, on ne voit pas bien la suite. Mais l'essai ne fait que 100 pages, et pour refaire le monde en 100 pages il faut foncer ; alors on fonce.
Pour l'aspect juridique, on oublie les modèles "fin de l'histoire", les modèles "suprématie de l'ONU" ou "choc des civilisations", la rivalité des puissance, la guerre mondiale. Tablons plutôt sur les deux réalités présentes : la voie américaine (celle de Bush et les néo-conservateurs, "néo-fondamentalistes" comme écrit Todorov : Cheney, Rumsfeld, et cie), et la voie européenne (France, Allemagne Belgique, ceux qui se sont opposés à la guerre en Irak). La voie américaine néo-conservatrice favorise le conflit, l'action, et si besoin, la guerre préventive. La voie européenne favorise le droit et la négociation. On peut, en suivant cette dernière voie, envisager une forme d'empire (France et Allemagne exportent un modèle de négociation qu'ils mettent au point), une démocratie mondiale, des confédérations républicaines continentales (comme l'Ue). La première, qui instaure une domination de principe, est la plus dangereuse ; la seconde ne peut être un modèle puisqu'elle n'a plus de contre-modèle ; au présent, c'est donc la voie numéro trois qui s'avère la plus "réaliste". Reste à trouver la forme de ce modèle.

Si la démocratie, dans l'Ue, est participative, on en revient en gros à Rousseau et l'on s'expose à des difficultés techniques que les NTIC ne résolvent pas mais accroissent - les sondages formant davantage l'opinion qu'ils ne lui permette de "se" former. La nécessité du pluralisme est un autre problème : les valeurs, cultures, histoires, changeant, il serait bien difficile de s'accorder sur un axe politique unique. Si la démocratie est représentative, on risque de favoriser le droit et le compromis avant la communication et le consensus et fvoriser le système devant la "vie vécue". Reste le modèle délibératif où l'on accentue la formation de la volonté politique par la discussion au sein d'espaces publics. Pour s'affranchir des difficultés techniques et maintenir la primauté de la reconnaissance et l'universalisation des intérêts universalisables, on développe une "démocratie procédurale" où c'est le processus même de la délibération (indépendamment des sujets et des groupes concernés) qui organise l'espace public. Fondés sur des principes universels issus des délibérations des citoyens, la démocratie européenne est à la fois fondée en théorie, cohérente avec le projet européen et pérenne. C'est ce que VGE avait l'intention de faire en lançant son comité pour une constitution européenne, mais tout s'est effondré en système, représentant, droit, bref, tout le contraire, et il ne fau(drai)t pas s'étonner si le projet capot(e)(ait). C'est ici que s'achève l'essai. On aurait voulu en savoir plus, encore, mais on a déjà bien avancé.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Si donc les néo-conservateurs méprisent, voire bafouent le droit international, c'est au nom d'une légitimité supérieure qui tend à substituer aux symboles du droit ceux d'une morale connotée de religion.
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"... ce serait un contresens que d'y apparenter sur ce point l'approche néo-conservatrice ou, pour mieux dire, en suivant Tzvetan Todorov : néo-fondamentaliste. Le clan des conseillers de Geroge W. Bush (Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Dick Cheney, Richard Perle) affiche un mépris pour les réalistes qui n'auraient en tête que des intérêts mesquins (par exemple, le pétrole pour l'intervention en Irak), alors que les enjeux véritables ont une portée tout autre, ce qui tansparaît à travers la rhétorique,pour ne pas dire, de la mystique de la guerre juste, de la lutte à mort contre "l'axe du Mal" et de la "liberté sans limite".
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Plus profondément, c'est la mondialisation qui révèle le caractère quelque peu artificiel de la distinction conventionnelle entre relations sociales, relevant de la politique intérieure, et relations internationales, relevant de la politique extérieure.
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Le pouvoir européen repose en vérité sur le principe de la coopération, et non pas sur le principe d'une subordination des Etats membres. J'y vois la principale pierre de touche du caractère post-étatique de sa constitution politique latente.
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