Brigitte a cette capacité de pouvoir peser les mots. Pourtant que sont les mots,
des enveloppes vides, des conventions ( mais que sont les conventions? ) faites de consonnes et parfois de voyelles, arrangées de telle façon à avoir un sens qui trouvent parfois écho dans un engrenage de synapses plus ou moins inclines à la compréhension.
J'ai toujours été frappé par les sens des mots. Leurs racines, leurs lieux communs, leurs antagonismes aussi parfois.
Finalement les mots ne sont RIEN si derrière il n'y a pas cette COLERE NOIRE.
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État général satisfaisant. Pas de maladie pulmonaire. Le foie est en bon état. Du point de vue psychique, quelques phobies handicapantes et des croyances parfois erronées. On observe aussi des lacunes importantes dans l'affectivité et des traces de débilité dans la perception sociale.
En résumé, si les symptômes d'effritement persistent et s'accentuent, il serait bon d'en référer au Central qui décidera s'il convient d'envisager un déplacement radical du sujet, ce qui équivaudrait à sa mise à l'écart du mouvement d'avancée internationale, puisqu'il ne semble pas pouvoir s'y adapter, et y participer, ne serait-ce qu'en ne le contrariant pas. Dans ce cas, déguiser le déplacement du sujet en mouvement impulsif de libération, le profil du sujet le permettant.
Quant à l'efficacité de notre méthode, il est aussi difficile de l'apprécier que de répondre aux questions du genre: le Bien et le Mal sont-ils mélangés? Ou encore: les mouvements d'extrême gauche font-ils le jeu des pouvoirs ou ont-ils forcé ces pouvoir à révéler leur véritable visage de tyrannie totale? Ou pourquoi pas: la vérité du Christ s'est-elle propagée grâce à la trahison même de cette vérité? Il va de soi qu'en fin de compte le choix se situe entre l'action et la non-action, comme toujours, et que le camp de l'action est le nôtre. C'est tout.
Vous allez me brûler encore une fois. Je vais vous dire des choses étonnantes. Il n'y a que des trous partout. Nous sommes tous des monstres, des gouffres, des insectes, chasseurs et gibiers, machines et dieux, aveugles et inertes, panoramas, siècles muets, neiges, magiciens. C'est moi qui ai créé la désolation quotidienne où je rampe, où je frime sans espoir de retour. Ils me reprennent toujours là où ils m'ont plantée. Je leur ai permis de le faire. Promis de le faire. Sans me mettre en colère. Et toujours la même scène livide qui ne déborde jamais de son vase. Pourtant, tout doit être simple comme bonjour. Mais pour ce bonjour, il faut du génie. Ou un cœur sincère.
"Rien suivi de Colère noire" de Brigitte Fontaine
De toute façon, la situation qui va mal est toujours celle où l'on se trouve, l'autre c'est celle qu'on imagine.
C'est comme les autres.
Jamais ceux qui sont là, toujours ceux qu'on imagine.
C'est comme moi.
Tout mais pas moi.
Assez de confusion.
Il ne faut pas tout confondre.
Tu crois que tu es libre mais tu me fais rigoler.
La liberté, c'est la vie.
Pas la fuite.
La fuite, c'est continuer, toujours continuer.
Ne s'opposer à rien.
Le temps passe. Je vieillis, comme tout le monde. Je ne fais rien, rien d'autre que vieillir. Je sens le temps qui ronge, le temps qui dégrade. Chaque seconde, chaque minute, chaque heure. Rien. Des millions de fois rien.
La chanteuse, poétesse et romancière Brigitte Fontaine répond aux questions de Benoît Mouchart, auteur de la monographie "Brigitte Fontaine, intérieur/extérieur" (Panama-Archimbaud), à l'occasion de la sortie de ce livre et du roman "Travellings" chez Flammarion sous l'oeil des caméras de "Toutaz", l'émission de France 4...