Anne de Joyeuse, voilà un nom qui sonne comme un rire espiègle. Et celui qui le porte correspond à son patronyme. Bon cavalier, bretteur redoutable, remarquable danseur, bien fait de sa personne et l'imagination fertile : les fées semblent s'être penchées sur son berceau. A tel point qu',
Henri III – roi aussi ambigu que brillant – s'en éprend, le comble d'honneurs et de cadeaux, l'intègre à sa cour d'archi-mignons.
Anne de Joyeuse va traverser le ciel de l'Histoire comme un météore, - destinée de bien des favoris-, et disparaître à 26 ans, au cours d'une bataille qu'il va lui-même diriger.
Dans sa préface – enthousiaste -,
Elise Fontenaille nous présente le livre d'
Anne Comtour comme un roman historique. Mais est-ce-là vraiment un roman historique ? Alors que l'action se déroule sous le règne d'
Henri III, donc dans les années 1570 - 1580, l'auteur déborde parfois, comme dans le chapitre 18, lorsqu'elle liste les personnages historiques masculins ayant porté le prénom d'Anne. Ses explications la conduisent en 1783. A plusieurs reprises, ses digressions l'éloignent ainsi de l'époque où se déroule le roman et virent à l'exposé sur telle ou telle pratique à travers les âges… S'agit-il alors d'une biographie ? La présence de dialogues fictifs, les pensées amoureuses prêtées aux personnages, tout en soupirs et en poses alanguies, écartent cette possibilité… En résumé, le lecteur se trouve en présence d'un livre d'un genre difficile à déterminer : soit un roman historique, démuni d'intrigue, dans lequel sont évoqués des personnages et des faits du futur, soit une biographie, dans laquelle l'imagination de l'auteure tient un rôle, donc sans rigueur historique. Ce pas de deux entre la biographie et le roman historique m'a gêné.
L'écriture de l'auteure également. Certes le vocabulaire est riche, mais il est si précieux que le style en devient maniéré et le propos perd de sa force.
Anne Comtour ne s'efface pas derrière son sujet. J'ai eu le sentiment qu'elle écrivait comme si elle faisait des pointes. C'est gracieux au début, à la longue cela devient ennuyeux.
Enfin,
Anne Comtour s'intéresse plus aux compositions florales, à l'éclat des bijoux, à la beauté des parures ou tapisseries et à la qualité des étoffes qu'à l'action et aux intrigues politiques. La cour foisonnante des derniers Valois n'est pas décrite, Catherine de Médicis, personnage incontournable de l'époque, est quasi invisible. La mort de son héros, au terme d'une bataille, les évènements qui l'y amènent, tiennent en 2 pages à peine. Cela donne de beaux tableaux mais manque de consistance. Sous sa plume,
Anne de Joyeuse devient un être superficiel, dont on ne retient que les bouderies.
Aux personnes intéressées par le règne d'
Henri III, je recommande la lecture de l'excellent «
Henri III » de
Philippe Erlanger. Cet historien, un peu oublié, est à redécouvrir.
(Critique envoyée dans le cadre de l'opération Mass Critique)