Légende n°12 - Jane Birkin & Serge Gainsbourg

Vous qui connaissez très bien Jane Birkin, qu’est-ce qui vous semble le plus remarquable dans son parcours artistique ?

Dans la mythologie française, Jane Birkin est un peu l’incarnation de la muse idéale, en tout cas celle de cet homme qu’était Gainsbourg. Il a effectivement été très inspiré par elle. Mais ce qui est beau dans l’itinéraire singulier de Jane, c’est qu’elle est passée progressivement du rôle de muse à celui de pygmalion. Une inversion des rôles s’est réalisée naturellement. On a souvent dit, d’ailleurs, que cette permutation s’était jouée après la disparition de Serge. C’est en partie vrai, mais en fait, l’image du dandy Gainsbourg - costume croisé, barbe subtilement affleurante et Repetto Richelieu Zizi -, cette figure mythique, on la doit à Jane. Elle a eu dès les années 1970 bien plus d’influence qu’il n’y paraît sur l’image et même sur la personnalité de Serge. Je trouve cela très beau et très émouvant.

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Par sa façon non académique de chanter, par sa non-maîtrise totale du français, Jane va faire de sa voix un son. Jusque-là, il y avait le son et la voix. Elle va réussir à réunir les deux. Et plus on avancera dans l’histoire de la pop française moderne, plus le son et la voix vont devenir un même terrain de jeu et d’expression. La voix de Jane, au fond, c’est une texture, mais aussi une émotion. C’est aussi cela qui a fasciné Serge Gainsbourg : cette façon non conventionnelle de chanter, qui parvenait à traduire sa psyché dans les effets de cette voix singulièrement cristalline.

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