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EAN : 9782824606491
320 pages
City Editions (19/08/2015)
4.11/5   123 notes
Résumé :
1944, pendant l’Occupation. Les Français vivent désormais dans l’espoir d’un débarquement allié et l'inquiétude gagne l'armée allemande, accentuant les crispations et les duretés perpétrées contre la population française.
Dans le feu de l’Histoire, le destin d’un homme et d’une femme que tout sépare. Premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Fan de romans historiques, je lis tout ce qui sort sur la seconde guerre mondiale en étant souvent déçue (beaucoup d'histoires d'espionnage très masculines). Pour celui-là, lâchez tout ! Acheté vendredi, je l'ai lu d'une traite en quelques heures. L'histoire est captivante, bien rythmée mais ce que j'ai surtout aimé, c'est l'écriture : fluide, évidente, à fleur de peau des personnages. Tout y est décortiqué : leurs sensations, leurs émotions avec une justesse naturaliste.
Les héros sont attachants : surtout le personnage de l'officier allemand. L'héroïne est surprenante au premier abord mais on la comprend petit à petit. Les personnages secondaires ont été particulièrement soignés.
L'arrière-plan historique n'est jamais pesant même si l'on sent que tout a été vérifié. J'ai appris des choses sur les conséquences de la guerre en Allemagne (franchement les romans sur la seconde guerre mondiale ne s'en occupent pas beaucoup en général) et l'occupation « sexuelle » de la France par les Allemands. En tout cas, jamais de « placards » de dix pages sur les événements de l'époque. Donc l'intrigue passe comme une lettre à la poste tout en étant réaliste.
Le ton oscille entre le tragique (lisez les pages sur l'épuration, mes préférées) et le comique (les relations amusantes entre le curé résistant et sa bonne paresseuse, par exemple).
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Pourquoi ce livre ?

Les romans historiques et principalement ceux qui aborde le sujet de la Seconde Guerre Mondiale, me fascinent, bon surtout s'il y a une jolie histoire à côté. J'ai pu en lire deux cet été et celui-ci et celui qui m'a le plus plus.

L'histoire en deux mots :

Maximilian von Wreden est un officier reconnu, surtout pour aimer les femmes d'un soir. Un petit groupe de résistants va s'intéresser vivement à lui et décide de le piéger sous la forme de Marianne, qui n'y connaît pas grand-chose aux hommes. Celui-ci va tomber radicalement sous son charme, et elle risque beaucoup en faisant ce qu'on lui demande … Et surtout en ne tombant pas elle-même prise à son propre piège sentimental.

Commençons par le petit bémol :

J'ai trouvé le début un peu lourd, je n'ai pas tout de suite compris l'utilité du premier chapitre. Ce n'était vraiment pas clair, et j'ai eu un peu peur pour la suite. Dès que l'histoire est en place et que la fin de ce premier chapitre a donné le ton, je me suis laissé transporter par cette jolie histoire.
Petit bémol aussi pour la fin qui est arrivée bien trop vite en bloc … Il m'a manqué quelques petits détails supplémentaire à la fin du roman.

Pourquoi ce livre m'a beaucoup plu ?

J'ai beaucoup apprécié tout d'abord savoir dès le début comment l'histoire entre Maximilian et Marianne allez se terminer. C'est dit dès la fin du premier chapitre, et tant mieux, car je suis une grande curieuse, et ça ne m'aurait pas étonné de moi-même que j'aille chercher les explications à la fin au cours de ma lecture …

Le contexte est lourd mais plutôt bien décrit, on comprend tout de suite que la fin de la guerre approche et j'ai ressentie la tension palpable du côté allemand. Qui cherche à tout prix à faire peur aux Français en civil.

J'ai fait la connaissance de Marianne ce personnage si fragile au début du roman mais qui veut aider sa patrie coûte que coûte. C'est un personnage qui m'a beaucoup plu. Au fil du récit elle devient de plus en plus forte et j'ai aimé suivre son évolution …
Maximilian lui c'est le personnage que l'on n'a pas envie d'aimer, mais que l'on aime quand même, c'est l'ennemi numéro 1, avec son costume, mais si on y regarde bien c'est d'abord un passionné. Il aime la vie, et n'a pas franchement envie de la perdre à ce « jeu » qu'on lui force à jouer. Petit à petit nous comprenons sa démarche et le fait que lui n'y est pour rien et comme par magie le costume s'envole.

J'ai ré-entendue dans ce livre, la voix de mon grand-père qui me disait : « Tu sais il n'y avait pas que de mauvais Allemands … »

J'ai vraiment aimé suivre ces deux personnages, qui vont se découvrir et qui vont changer en la présence de l'autre.
Mais c'est la guerre et des questions doivent se poser, des affirmations aussi et Marianne et Maximilian vont devoir faire les bons choix.

Les personnages qui accompagnent nos deux personnages m'ont beaucoup plu. Nini, la « cousine » de Marianne qui va la conseiller, l'aider et lui donner beaucoup. Et du côté de Maximilian c'est Ulrich son ordonnance qui m'a touché sans le vouloir, l'homme de l'ombre.

J'ai passé vraiment un magnifique moment de lecture, et oubliant presque, parfois le contexte de ma lecture. Et j'y ai tellement étais plongé, que je ne me suis presque pas aperçue que l'heure de la dernière page sonnait. Et c'est avec un pincement au coeur que j'ai refermé ce beau roman.

Le mot de la fin :

Si vous aimez comme moi les romans sur la Seconde Guerre Mondiale qui change un peu par une romance interdite, que vous voulez faire un bon dans le passé et ces années noirs, et rencontrer Marianne et Maximilian pour retrouver un peu de rose, foncez ! Moi j'ai adoré.

Ma note 4,5/5
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En mai 2012, Sebastian von Wreden a râté ses examens. Il assiste à un match de foot et se fait agresser. Sa mère, déléguée du gouvernement fédéral à l'écologie, l'a élevée seule et décide de l'envoyer chez sa grand-mère pendant six semaines. Entre les deux femmes, les rapports ne sont pas au beau fixe.

La grand-mère distille chaque jour des photos pour Sebastian. Elle décide de se confier sur l'histoire de sa vie avant de mourir.

Ne partir avec aucun à priori, soit l'Allemand, c'est le mal. Tous, bien qu'investis d'une mission, obéissaient aux ordres et n'étaient pas forcément d'accord avec la politique d'Hitler. C'est donc l'histoire d'amour entre un Allemand et une jeune Résistante qui doit lui soutirer des informations. Une histoire d'amour pleine de rebondissements car l'amour n'est jamais facile selon les personnalités, le contexte.

Lui tombe très vite amoureux et ne peut pas se passer de Marianne. L'auteur nous le démontre rapidement. D'ailleurs, il ne sait pas se comporter face à elle. Il en oublie même ses bonnes manières. Mais Allemand, il reste toujours sur le qui-vive. Pour ne rien gâcher, l'auteur nous le décrit comme extrêmement beau, attirant. le lecteur l'imagine aisément. Maximilian est très bavard, mais sur le sujet intéressant pour Marianne, il ne dit rien. Il semble sûr de lui mais ce n'est pas le cas. Il est terre à terre, a peu confiance en lui, peut se mettre en colère très rapidement, comme être doux comme un agneau. Et même s'il apprend l'art de l'amour à Marianne, il souhaite tout savoir sur elle car il est indécis, ne veut pas être humilié à nouveau, veut avoir un endroit où il sera accepté tel qu'il est et c'est ce qu'il recherche auprès d'elle.

Marianne, quant à elle, se sent abandonnée par les siens. Elle attend des signes car les ordres, elle les connaît. Avec Marianne, Nini, on se rend compte que ces jeunes femmes sont partagées entre plusieurs sentiments. Aider leur pays coûte que coûte, ne pas passer pour des filles faciles, passées à l'ennemi, malgré les regards des Français, mais il faut bien vivre, manger et les petits cadeaux faits alimentent un quotidien constitué de privations constantes. Alors doit-on les juger ? Non ! Elles ont besoin d'être soudées, de se procurer de l'affection, de s'entraider. Marianne est moins exubérante que Maximilian même si elle n'en pense pas moins, même si elle trouve qu'ils ont de nombreux points communs, mais elle est obligée de ne pas s'épancher, de refouler les sentiments qu'elle ressent de plus en plus pour lui. Au désespoir, elle doit accomplir sa mission. Et puis, elle est sûre qu'il n'y aura aucun avenir après la guerre qui est sur le point de finir. L'Allemagne semble en déroute et la France attend d'être libérée. le passé lointain et proche est également tenace. Marianne ne se laisse pas faire, elle a le sens de la répartie. Malgré la peur, elle passe outre.

L'auteur met des mots justes sur les sentiments, sur ce qui peut paraître improbable, sur Paris en attente d'être libérée, sur la vie qui doit continuer malgré tout et même après la libération du côté allemand et du côté français. Tout doit être reconstruit. Outre le matériel, ce sont aussi les familles, les êtres humains. Il n'y a aucune leçon donnée. L'auteur nous fait aimer ses personnages, ils sont vivants, je n'ai eu aucune peine à les imaginer, tout comme les situations. Comme dans tout bon roman, rien n'est facile, le lecteur vit avec eux, prend part à l'histoire. La plume est vive. Toutefois, j'ai été déstabilisée, à un moment donné, devant revenir en arrière car je pense qu'une partie n'aurait pas dû se trouver à cet endroit-là. L'humour, malgré la situation, est également présent, surtout lorsque Nini juge Marianne et également lors de la rencontre entre les deux jeunes gens. le style est entraînant avec la vie parisienne de nuit, où tout le monde se côtoie, les occupants et les assiégés.

Ce qui ne nous tue pas… est la belle histoire entre Marianne et Maximilian.
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Au moins, on ne va pas accuser la 4ème de couverture de mentir : elle annonce une histoire d'amour et on a bien droit à une histoire d'amour. Dramatique puisqu'elle se tient en 1944 à Paris, alors que l'occupant s'agite, fébrile à la perspective d'un débarquement annoncé. La résistance décide d'envoyer la jeune Marianne, encore presque vierge dans les bras d'un officier du renseignement allemand amateur de femmes... L'occasion d'un coup de projecteur sur ces femmes qui ont donné leur corps pour leur pays sans forcément en obtenir une grosse reconnaissance. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu, l'amour s'en mêle et complique sérieusement les choses... Mais j'en espérais un peu plus, parce que le contexte historique se prête à approfondissement tant au niveau de la psychologie des personnages que des enjeux complexes des deux camps. Bon, l'histoire donne matière à un roman fluide, qui se lit vite. Mais, à aucun moment on n'a l'impression d'apprendre quelque chose ou de faire face à un point de vue inédit. Ce qui laisse finalement une vague impression d'inutilité. En tout cas, moi qui ai lu un grand nombre de romans sur la période, je suis restée sur ma faim et en plus, je n'ai ressenti que peu d'empathie à l'égard des personnages. Bref. A réserver aux grands amateurs de romans d'amour et de passions impossibles, ils y trouveront leur compte.
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D'entrée de jeu, la quatrième de couverture pose les limites de cette histoire. Il est allemand. Elle est française. Leurs pays se font la guerre. Conclusion, leur histoire semble impossible. Alors dès le résumé, on imagine l'éternel scénario d'une idylle déchirante qui balance entre la cruauté des sentiments et la raison, mais qui se finira de toute façon par un happy ending. Bien sûr, le flair du lecteur est bien aiguisé, ou du moins bien conditionné, on sait que la relation des deux personnages principaux est "un peu plus" qu'une simple histoire de passage. Mais étonnamment, l'auteure décide de casser les codes et nous livre l'issue de l'histoire avant même que cette dernière ne débute.

La première scène se déroule de nos jours et zoome sur le petit-fils de Maximilian. Dès ces premières pages, on capte l'influence de la France sur cette famille allemande, dont la jeune génération porte les prénoms les plus communs : Charles, Philippe, Brigitte, Annette. Dès le départ, on sait que Marianne et Maximilian ont fondé une famille ensemble et ont vécu heureux. L'intérêt de l'intrigue est donc bien plus subtil que ce qu'on aurait supposé. Puis, d'un coup c'est le flashback. A la façon dont ces souvenirs sont amenés, j'ai eu l'impression de revoir l'une des premières scènes de Titanic, au moment où les portes s'ouvrent sur la réalité de l'époque. J'ai entrevu ce même charme nostalgique qui m'a emporté dans les heures noires des années 40.

J'ai aimé cette histoire justement parce qu'elle ne tombe pas dans la facilité de l'ultra édulcoré. Dès le départ, le personnage de Maximilian laisse entrevoir le visage d'un homme, pas d'un allemand, pas simplement d'un ennemi, mais d'un homme qui comme tout un chacun a des sentiments. Contrairement aux textes écrits sous certaines plumes vengeresses, Carole Declercq casse les clichés en démontrant très clairement que non, tous les allemands de cette période n'étaient pas pro-nazi et oui, certains désapprouvaient leur gouvernement, parfois même très ouvertement et quitte à se mettre en danger. D'ailleurs, l'auteure ne semble pas porter de jugement sur le contexte historique. le texte ne transpire pas la haine pour le peuple allemand comme je l'ai souvent lu dans les romans qui traitent de la Seconde Guerre Mondiale. Elle écrit des faits, des sentiments de manière objective.
A l'image du symbole dont elle porte le nom, Marianne incarne la droiture et est même prête à faire une croix sur ses sentiments pour défendre sa patrie. Bien au delà de la simple allégorie de la République, Marianne en tant qu'individu évoque une nouvelle forme de liberté dont j'apprécie la spontanéité.

Pour un premier roman, je suis épatée par habileté avec laquelle ce récit a été construit. Carole Declercq a un phrasé très fin qui manie l'ironie avec délicatesse. J'aime cet humour un brin frivole qui dédramatise le contexte ; et cette manière de conjuguer l'ardeur et la passion sans jamais tomber sans la séduction forcée. Et pourtant elle s'attaque a un registre émotionnel très dur : le patriotisme, la honte, la culpabilité, l'honneur, la trahison... J'ai vraiment eu le sentiment qu'elle a mis toutes ses tripes pour écrire cette histoire et c'est rondement mené. Par ailleurs, je trouve le partie-pris de dévoiler l'issue de l'histoire intéressante car il ouvre le champ des possibles. Certes dès le départ on sait qu'ils vont finir ensemble, mais l'intérêt est de mettre en lumière chacun de ces destins particuliers, de montrer qu'avant d'être un couple Maximillian et Marianne sont un homme et une femme que leurs idées séparent. La clés pour le lecteur n'est pas de se concentrer sur l'histoire d'amour en elle-même mais d'aller plus loin, de creuser dans le registre des émotions, de la passion., de l'introspection. C'est ce qui nous tient en haleine jusqu'au bout et c'est ce qui fait toute l'excellence de ce roman.

En deux mots, c'est un tourbillon d'émotions contradictoires qui nous emporte. Je ne peux que conseiller ce roman et j'attends la rentrée littéraire avec impatience !

MA NOTE

19/20

Immense Coup de coeur !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Nini n'eut pas le droit à une tonte en public avec un écriteau et un bain salvateur dans une fontaine parisienne. Elle fut enfermée dans une cave avec deux femmes à Boches authentiques, dont une qui avait déjà eu deux enfants de son soldat de deuxième classe. Toutes les fois où elle voulut ouvrir la bouche pour parler, on la frappa à coups de poings. Une prémolaire se déchaussa. L'ossature de son visage se morcela. Ses lèvres éclatèrent à plusieurs reprises et ses yeux passèrent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle fut violée jusqu'à trois fois par jour pendant une semaine. Et quand tous ces héros glorieux de la Libération eurent fini d'exercer leur traitement purificateur sur ces Françaises infestées par la vermine boche et estimèrent qu'elles pouvaient repasser sans danger de contamination, dans le patrimoine national, on la relâcha complètement folle de douleur sur le pavé parisien.
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La seule image qui s'imposait, avec une clarté qui faisait frissonner sa chair, c'était celle de cette cave sombre, humide, puante où elle avait été enfermée pendant sept jours avec deux autres jeunes femmes, jetée en pâture sur un matelas souillé jusqu'au crin des crimes et des outrages précédents, qu'on souilla encore plus de la jouissance coupable, honteuse que l'on prit sur elle. Quel déshonneur, quelle horreur des hommes, quel désespoir insurmontable pouvaient naître de cette semence ? Elle avait mis ce monstre hideux au monde et ne s'en remettait pas. Une hémorragie lente la minait.
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Voyons, comment présenter en restant polis ? "Bonjour, mademoiselle, nous allons vous fourrer dans le lit d'un officier allemand au beau milieu d'un service de contre-espionnage. Autant vous dire : un panier de crabes. Votre mission sera de tenir le plus longtemps possible, bien qu'il n'aime pas prendre ses aises avec une fille en particulier. Vous devrez photographier les rapports qui vous seront indiqués, contourner la sécurité, nous les faire parvenir sans vous faire prendre, éventuellement lui trouver la peau avec un engin fourni par la maison s'il vous surprend - on vous montrera comment faire le plus de dégâts - et vite vous carapater sans que nous ayons les moyens de vous faire de la souricière." Présenté comme ça elle ne pouvait pas dire non. On pouvait même se laisser aller à lui demander, puisqu'elle parlait allemand, de leur communiquer les petits extras qu'elle entendrait.
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Derrière les enfants, en retrait, les parents. Le jeune homme se serait souvenu d'une telle photo s'il l'avait déjà vue. Il eut le souffle littéralement coupé devant la prestance de ce couple. Lui, grand et altier. Appuyé sur une canne discrètement remisée contre sa jambe droite. Vêtu d'un pantalon élégant et d'un polo blanc, avec une grande mèche que le vent prenait à rebrousse-poil et rabattait sur le front avec malice. Elle, serrée contre lui comme si sa station debout en dépendait, tenant négligemment à la main un lainage qui traînait à terre, la tête légèrement penchée, ce qui avait eu pour effet de faire glisser sa longue chevelure noir, dont la coupe était aux antipodes de ce qui pouvait se faire dans les années 1960. Elle riait aux éclats. Son autre main était emprisonnée dans celle de son mari et reposait contre sa taille. Rien n'existait en dehors d'eux. Ni le ravissant décor de carton-pâte jaune, ni les arbres centenaires, ni cette aisance financière qui devait alléger bien des soucis, ni ce titre ronflant dont se seraient gargarisées beaucoup de personnes. Même ces quatre beaux enfants ne semblaient avoir d'intérêt. Sur cette photo, on ne voyait qu'eux. Leur séduction. Leur étreinte qui suggérait qu'ils ne pouvaient éloigner leurs épidermes respectifs l'un de l'autre plus de quelques secondes. Sebastian se pencha un peu plus et concentra son attention sur le visage de son grand-père. Il ne l'avait pas connu. Il était mort en 1990. Lui-même n'était pas né. Il savait juste que, si on voulait s'en faire une bonne idée, il suffisait de regarder Charles qui lui ressemblait de manière frappante, mais l'analogie s'arrêtait là. Son oncle était réservé, assommant et un peu collet monté, quand les récits qu'il avait pu entendre plus jeune présentaient son grand-père comme une personne fantaisiste, charmeuse, un peu loufoque, qui volait les tartines de ses fils pour les faire crier, tirait sur les tresses de ses filles, embrassait amoureusement sa femme à tout bout de champ, si possible devant tout le monde, et vivait chaque minute de sa vie comme si c'était la dernière. Sa grand-mère, Marianne von Wreden, était plus jeune de onze ans que son mari et supportait son veuvage depuis vingt-deux ans maintenant, chaque année plus lourde que la précédent.
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-Et c'est toi, la femme d'expérience qui est censée s'incruster dans les habitudes du monsieur ? Le capitaine Michel t'a présentée comme la nouvelle Mata Hari. Tu as couché une fois avec un homme ? C'était bien, au moins ? II a bien fait son travail ?
-Je ne sais pas. Je n'ai pas de comparaison, répondit platement Marianne qui avait décidé de jouer franc-jeu avec ce mentor d'un genre inédit. C'était assez nouveau pour lui aussi. Il est homosexuel.
Nini se leva en jetant les bras au ciel au cas où il y aurait quelqu'un là-haut pour la soutenir morale. Ne recevant pas de réponse, elle se mit en colère :
-Alors, là, la Résistance débloque. Comment je vais faire, moi ? Ils me prennent pour Merlin l'Enchanteur ? Attends, stop, on réfléchit deux secondes : Ils veulent te flanquer, toi, une gamine qui a vu le loup une fois, comme qui dirait jamais, dans le lit de Max von Wreden ? Un homme à femmes notoire qui rôde dans tous les cabarets de Montmartre et qui a vu la petite culotte de tout ce qu'il y a de potable dans Pars ? Et quand je parle de loup...Non, mais, dites-moi un peu, je rêve !
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