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EAN : 9782701142883
123 pages
Editions Belin (06/03/2006)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Qu'est-ce qui nous fait homme ou femme? Cette question agite le monde scientifique et philosophique depuis plus d'un siècle.
Les progrès des neurosciences et de la génétique permettent désormais de mieux comprendre pourquoi l'être humain, dans ses comportements, échappe aux lois du déterminisme biologique. Mais les idées reçues et les préjugés ont la vie dure. La tentation est toujours présente de mettre en avant des raisons " naturelles " pour expliquer les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les idées reçues et les préjugés ont la vie dure. La tentation est toujours présente, même chez les scientifiques, de mettre en avant des raisons « naturelles » pour expliquer ou fonder les différences entre les sexes, pour justifier les inégalités sociales et la domination des femmes par les hommes.

L'ambition de ce livre, où se croisent les contributions en sciences humaines et en sciences « dures » est de « débusquer l'idéologie naturaliste » et de ne pas « évacuer les raisons sociales et culturelles aux inégalités entre sexe » de penser l'historicité de l'être humain, de cerner des « complexités » trop souvent caricaturées.

Genviève Fraisse souligne l'usage de la notion de « condition féminine », «évitant que s'entende le mot sexe, trop provocateur ; écartant l'idéologie féministe censée pervertir toute réflexion théorique ».

Maurice Godelier présente la construction mythologique de la domination masculine à travers l'exemple des Baruya, une tribu de la Papousie Nouvelle Guinée (Voir son très beau livre « La production des grands Hommes » chez Fayard). Chez les Baruya « l'appropriation du corps des femmes par les hommes constituait le fondement de la production et de la reproduction de leurs rapports de parenté », « Les femmes représentaient la créativité mais aussi le désordre .»

Evelyne Peyre expose les problématiques autour de l'identification du sexe des os, du dilemme entre marcher et procréer « primauté du cerveau sur le sexe », de la variabilité individuelle et de la place du sexe social (le genre).

Catherine Vidal analyse les idées reçues sur les différences cérébrales et hormonales entre les sexes. Elle souligne l'importance de l'acquis sur l'inné et nous rappelle que « l'idéologie du déterminisme biologique revient en force dans un pays – USA – où les milieux fondamentalistes ultra-libéraux militent contre l'intervention de l'État dans les programmes d'éducation et de lutte contre les discriminations entre le sexes. »

Gaid le Maner-Idrissi interroge « Comment devient-on un garçon ou une fille de sa culture ? » et le triptyque biologie, société et individu. Si la donnée première de l'identité est biologique, la construction de l'identité sexuée dépend de l'environnement social et de l'implication de l'enfant. La place des apprentissages dès le plus jeune âge est décryptée.

« Comment devient-on femme ou homme ? » Joelle Wiels souligne les biais idéologiques et politiques qui parasitent les questionnements « toutes les questions ne sont pas posées ou, pour le moins, les réponses à certaines questions semblent plus prioritaires que d'autres ! » A travers une étude sur la typologie des chromosomes sexuels, l'auteure déduit que « le sexe biologique est une entité complexe et variable, qui ne justifie pas vraiment que l'on considère l'espèce humaine comme parfaitement dimorphique. » La différence des sexes est une chimère résistante.

Catherine Marry présentent des variations sociologiques sur le sexe des métiers en soulignant particulièrement le déni de qualification des femmes. Elle s'interroge sur la possibilité d'une féminisation d'un métier sans ségrégation à travers l'exemple de la police française. L'auteure conclue sur les hommes absents « La difficulté à penser les hommes et le masculin comme un groupe et non comme une catégorie universelle. »

Pascal Picq déconstruit le mythe de l'éternel féminin en paléoanthropologie et en préhistoire. Histoires de Chimpanzés et de Bonobos, révolution néolithique…. « Plus qu'un fait de nature, l'idéologie de la domination masculine, comme l'éternel féminin, procède de la culture, donc de l'Histoire. »

Un ouvrage simple d'accès, pour des réflexions sur les fondements de nos identités de femmes ou d'hommes historiquement situés.
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Mythes et idéologies ne touchent pas uniquement l'homme et la femme de la rue mais aussi les scientifiques, tous sexes confondus. Et pourquoi ? Parce que longtemps les hommes eurent le monopole incontesté et incontestable des sciences, et que les femmes y sont encore souvent minoritaires, surtout dans les sciences dites dures.
Que montre tous les chercheurs réunis ici ? Que les différences hommes/femmes, lorsque l'on sort de la simple biologie, est construite. le paléoanthropologue Pascal Picq part du principe que les représentations homme=chasse et femme=cueillette et maternité ne sont pas aussi simple et qu'elles dépendaient beaucoup des conditions géographiques et matérielles ; et que la répartition sociale telle que nous la connaissons est apparue au Néolithique avec l'agriculture. La généticienne Joëlle Wiels montre que même la génétique n'échappe pas aux stéréotypes : pendant longtemps Y est celui qui détermine le sexe ; s'il n'apparait pas par un effort supplémentaire de l'organisme, c'est une fille. Attention spoiler : Non, c'est bien plus compliqué et encore mystérieux que cela (surpris/e, hein).
Sans parler des rôles sociaux dont les très jeunes enfants sont imprégnés jeunes, et des métiers d'hommes et ceux des femmes.
Même si bien sûr il y a des nuances et des mouvements dans les assignations, ce petit livre d'articles accessibles est toujours une source de réflexion sur ce qui est accepté et considéré comme normal, voire "existant depuis la nuit des temps". Mais quand ça bouge aujourd'hui, ça a peut-être bougé déjà avant, non ?
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Voici un petit livre épatant entièrement consacré à la "condition féminine". Court, facile à lire, précis, sérieux, dépourvu d'esprit polémique, il fait rapidement le tour de la question. Tout au long de brefs chapitres, on prend connaissance des avis d'une philosophe, d'un anthropologue, d'une sociologue, d'un paléontologue, etc… Toutes les études présentées montrent que les mythes et les préjugés concernant la gent féminine (ici, ou ailleurs) reposent en fait sur une base culturelle et subjective sans fondement sérieux. Un exposé montre, par exemple, que le critère des chromosomes sexuels (XY et XX, ces derniers étant souvent présentés comme "par défaut") ne distingue pas d'une manière indiscutable les hommes et les femmes. Un autre chapitre date l'inégalité entre les sexes au Néolithique: elle ne serait donc pas "naturelle", contrairement à ce qui se dit. Mais ce qui m'a le plus frappé, c'est l'exposé qui montre l'apport des neurosciences au sujet des différences entre les sexes. D'une façon générale, 10 % des connexions neuronales sont présentes à la naissance des petits d'homme et tout le reste se met en place ensuite, par l'éducation, par l'apprentissage, par l'influence sociétale, par le vécu personnel de l'individu, etc... Ces connexions neuronales sont a priori évolutives - sauf si les pressions exercées sont fortes et permanentes. Dans ces conditions, une société patriarcale, conservatrice en matière de moeurs, n'a aucun mal à figer les comportements individuels et empêcher toute évolution dans la place de la femme. Toutefois, sur ce point, il ne suffirait pas de "faire la leçon" (politiquement correcte) à d'autres pays, il faut commencer par balayer devant sa porte...

Cet ouvrage collectif a prêché un "convaincu". En effet, je suis progressiste en matière de moeurs, je ne suis pas du tout irrité par la question du genre (qui fait grincer tant de dents, y compris en France) et j'ai toujours pensé que, d'une manière très générale, les influences de l'acquis dépassent – de loin – celles de l'inné. Ainsi, "Féminin/masculin" apporte de l'eau à mon moulin et j'en suis très satisfait. Je recommanderai donc ce livre (il n'est pas trop ancien, puisque sa première édition date de 2006).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En revanche, lorsque les organes sexuels externes sont ambigus, le plus souvent à la suite d'un dérèglement hormonal, il peut arriver que le sexe assigné à la naissance ne soit pas en adéquation avec le sexe chromosomique. Dans ce cas, c'est le sexe d'assignation qui prime. En effet, l'enfant développe en règle générale une identité sexuée conforme au sexe attribué à la naissance.

Nous retiendrons que le sexe d'assignation semble jouer un rôle déterminant dans la construction iden-titaire. C'est le sexe attribué à l'enfant à la naissance qui va déterminer les réponses de l'environnement social.

(P. 71)
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Plus qu’un fait de nature, l’idéologie de la domination masculine, comme l’éternel féminin, procède de la culture, donc de l’Histoire.
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le sexe biologique est une entité complexe et variable, qui ne justifie pas vraiment que l’on considère l’espèce humaine comme parfaitement dimorphique
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La difficulté à penser les hommes et le masculin comme un groupe et non comme une catégorie universelle.
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l’idéologie du déterminisme biologique revient en force dans un pays – USA – où les milieux fondamentalistes ultra-libéraux militent contre l’intervention de l’État dans les programmes d’éducation et de lutte contre les discriminations entre le sexes
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Videos de Catherine Vidal (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Vidal
Hommes, femmes, avons nous le même cerveau ? Neurobiologiste, Catherine Vidal est directrice de recherche à l'Institut Pasteur. Elle se consacre à la diffusion du savoir scientifique pour s'attaquer aux idées reçues sur les différences "innées" entre hommes et femmes.
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