AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9784799266847
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Recueil de poésie d'Anatole France, publié en 1873 à Paris chez l'éditeur Alphonse Lemerre.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les poèmes dorésVoir plus
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Sonnet.

Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison,
Causa dans les blés verts une ardente querelle
Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,
La compagne au bon cœur qui bâtit la maison

Et nourrit les petits aux jours de la moisson,
Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.
C'est en vain qu'elle fuit dans l'air à tire-d'aile,
Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson.

Son sang pur de couveuse à la chaleur divine
Sur son corps déchiré mouille sa plume fine.
Elle tournoie et tombe entre les joncs épais.

Dans les joncs, à l'abri de l'épagneul qui flaire,
Triste, s'enveloppant de silence et de paix,
Ayant fini d'aimer, elle meurt sans colère.
Commenter  J’apprécie          90
LA MORT D’UNE LIBELLULE


Sous les branches de saule en la vase baignées
Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,
Tandis qu’on voit sur l’eau de grêles araignées
Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.

Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée
Dort d’un sommeil sans joie et presque sans réveil,
Des êtres qui ne sont que lumière et rosée
Seuls agitent leur âme éphémère au sommeil.

Un jour que je voyais ces sveltes demoiselles,
Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux,
Réjouissant l’air pur de l’éclat de leurs ailes,
Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux,

Un enfant, l’œil en feu, vint jusque dans la vase
Pousser son filet vert à travers les iris,
Sur une libellule ; et le réseau de gaze
Emprisonna le vol de l’insecte surpris.

Le fin corsage vert fut percé d’une épingle ;
Mais la frêle blessée, en un farouche effort,
Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,
Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.

Il n’eût pas convenu que sur un liège infâme
Sa beauté s’étalât aux yeux des écoliers :
Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,
Et son corps se sécha dans les joncs familiers.
Chaville, mai 1870.

p.13-14
Commenter  J’apprécie          40
À LA LUMIÈRE


Dans l’essaim nébuleux des constellations,
     Ô toi qui naquis la première,
Ô nourrice des fleurs et des fruits, ô lumière,
     Blanche mère des visions,

Tu nous viens du soleil à travers les doux voiles
     Des vapeurs flottantes dans l’air :
La vie alors s’anime et, sous ton frisson clair,
     Sourit, ô fille des étoiles !

Salut ! car avant toi les choses n’étaient pas.
     Salut ! douce ; salut ! puissante.
Salut ! de mes regards conductrice innocente
     Et conseillère de mes pas.

Par toi sont les couleurs et les formes divines,
     Par toi, tout ce que nous aimons.
Tu fais briller la neige à la cime des monts,
     Tu charmes le bord des ravines.

Tu fais sous le ciel bleu fleurir les colibris
     Dans les parfums et la rosée ;
Et la grâce décente avec toi s’est posée
     Sur les choses que tu chéris.

Le matin est joyeux de tes bonnes caresses ;
     Tu donnes aux nuits la douceur,
Aux bois l’ombre mouvante et la molle épaisseur
     Que cherchent les jeunes tendresses.

Par toi la mer profonde a de vivantes fleurs
     Et de blonds nageurs que tu dores.
Au ciel humide encore et pur tes météores
     Prêtent l’éclat des sept couleurs.

Lumière, c’est par toi que les femmes sont belles
     Sous ton vêtement glorieux ;
Et tes chères clartés, en passant par leurs yeux,
     Versent des délices nouvelles.

Leurs oreilles te font un trône oriental
     Où tu brilles dans une gemme,
Et partout où tu luis, tu restes, toi que j’aime,
     Vierge comme en ton jour natal.

Sois ma force, ô Lumière ! et puissent mes pensées,
     Belles et simples comme toi,
Dans la grâce et la paix, dérouler sous ta foi
     Leurs formes toujours cadencées !

Donne à mes yeux heureux de voir longtemps encor,
     En une volupté sereine,
La Beauté se dressant marcher comme une reine
     Sous ta chaste couronne d’or.

Et, lorsque dans son sein la Nature des choses
     Formera mes destins futurs,
Reviens baigner, reviens nourrir de tes flots purs
     Mes nouvelles métamorphoses.

p.5-6-7-8
Commenter  J’apprécie          10
SOUVENIR


Une fois seulement elle m’est apparue,
Sous un doux ciel d’avril, dans une calme rue,
Où l’odeur des lilas descendait des vieux murs.
Le jour, en la touchant prenait des tons si purs
Qu’il semblait émaner de sa propre personne.
Sur un cheval anglais, pâle et svelte amazone,
Elle pliait avec une fière douceur
Sa taille au rythme égal du trot lent et berceur ;
Puis elle déroba sa forme et sa lumière
Sous la porte où veillaient deux grands lions de pierre.

                                      1er avril 1871.

p.103
Commenter  J’apprécie          53
IDYLLES ET LÉGENDES

LE VÉNUSBERG


« J’ai brûlé mes draps d’or et ma viole aussi.
Tandis que le brasier du repentir m’éclaire,
Je vais auprès du Pape avoir de lui merci.

« O Saint-Père le Pape, écoutez sans colère
Par quels rares péchés, suaves aux démons,
J’osai, loin de Jésus, grandement lui déplaire.

« Dans le burg enchanté, sur le plus haut des monts,
Chez la belle Vénus, j’ai vécu sept années.
Absolvez-moi, de par Jésus que nous aimons. »

La crosse du Saint-Père en ses mains étonnées
Trembla : « Quand cette crosse aura feuilles et fleurs,
Les fautes que tu fis te seront pardonnées. »

Alors le chevalier s’en alla tout en pleurs :
« Puisque je ne puis plus, ô madame la Vierge,
Espérer, dans le ciel, de porter vos couleurs,

« Ni de brûler pour vous, luisant comme un beau cierge,
Je retourne à jamais dans le burg enchanté,
Afin que la Vénus, tendre dame, m’héberge. »

— « J’ai joie à vous revoir ; grand’joie en vérité ;
Chevalier, seyez-vous et buvez, je vous prie.
Je vous ai, Tannhæser, bien longtemps regretté. »

Or, le troisième jour, la crosse étant fleurie,
Le Saint-Père envoya des courriers promptement,
Pour chercher Tannhæser, par mont, val et prairie,

Tannhæser, chez Vénus, buvait le vin charmant ;
Il y doit composer de longs épithalames,
Jusqu’à l’appel de l’Ange, au jour du Jugement.

Il ne faut pas ainsi désespérer les âmes :
Si ceux-là sont damnés, qui furent amateurs
Du parler clair et du clair sourire des dames,

Hélas ! le Paradis n’aura plus de chanteurs.

p.97-98-99
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Anatole France (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anatole France
Rencontre avec Guillaume Métayer autour de son livre A comme Babel, traduction, poétique aux éditions La rumeur libre.
avec l'Association Franco-Hongroise de Midi-Pyrénées.


Guillaume Métayer, est né en 1972. Poète, traducteur et chercheur au CNRS, il a publié des ouvrages d'histoire de la littérature et des idées (Voltaire, Anatole France, Nietzsche) et des traductions notamment de l'allemand (poésie de Nietzsche, Andreas Unterweger), du hongrois (Attila József, István Kemény, Krisztina Tóth), et du slovène (Aleš Šteger).


A comme Babel
C'est dans son atelier que Guillaume Métayer nous invite, en nous proposant de partager avec lui des expériences singulières de traduction. La formule « traduction, poétique », sous-titre du présent essai, doit s'entendre : une première fois, au titre de la riche tradition de réflexion théorique dans laquelle il s'inscrit, et une deuxième fois, au sens où l'effort de la traduction apparaît ici sous sa forme la plus vivante et la plus incarnée. Les douze chapitres de cet essai, forment autant de rebondissements réflexifs et poétiques, qui se lisent comme le récit d'une traversée : traversée des langues, des espaces - notamment des champs centre-européen, allemand, slovène et hongrois dont l'auteur est un des meilleurs connaisseurs actuels. À l'horizon de ce parcours parfois périlleux, la catastrophe heureuse par quoi la poétique de la traduction se fait, purement et simplement, poésie.


--
06/04/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
+ Lire la suite
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11223 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}