Philémon, tome 9 : L'Arche du 'A'

L'Arche de A, c'est la maison de Barthélémy qui a continué à pousser, c'est tout ce qui reste du monde des lettres, submergé par un déluge, et l'arche du A est dans un style rococo fantaisiste, bariolé. Philémon revient donc enfin vers le “A”, mais Barthélémy ne semble pas l'avoir suivi. Il va falloir pomper toute cette eau du déluge pour immerger les lettres. Cette mission est encore un moment de délire foisonnant totalement réjouissant. Philémon, la série la plus surréaliste du monde de la bande dessinée !

Orage, ô désespoir, le tonnerre gronde et les trombes d'eau engloutissent les lettres de l'Océan Atlantique. Pas de Shadocks à l'horizon pour pomper tout ça, mais il y a bien d'autres créatures bizarres parmi les habitants de l'Arche du A, seul abri qui reste face à la tempête, sur la lettre A sinistrée. Les dessins de Fred se livrent ici à de nouvelles circonvolutions, qui donnent encore plus d'ampleur à la série. Comme d'habitude, Philémon et son ami Barthélemy suivent une trajectoire qui les ramène irrésistiblement à leur point de départ. Mais l'orbite de l'autre monde (qu'ils persistent à croiser) semble elle aussi marquer un retour aux origines... quoique la lettre A a beaucoup dérivé depuis le tome 1. Devrions-nous donc l'appeler A', remède à la déprime (D') de Barthélémy ? En tout cas les dessins révèlent un Fred au mieux de sa forme, entre architectures fantasmagoriques et collages de gravures rétro, sans parler des jeux sur les couleurs et sur l'espace, puisque nous visitons des arc-en-ciel à l'endroit et à l'envers, en espérant y trouver un bonhomme vert. Non, pas un leprechaun, hélas, mais cette histoire fait suffisamment rêver pour compenser son absence de chaudron empli de pièces d'or.

Quel tome ! Je disais dans mes deux précédentes critiques avoir peur de me lasser du schéma narratif de la série qui, à force, pourrait devenir pesant. Je suis rassuré ! J'ai adoré cet album (sûrement parce qu'il renouvelle un peu l'intrigue et car il a plus de proximité avec les précédents). Il commence en pleine nuit, tandis que la tempête fait rage et que Philémon et Barthélémy réparent le tonneau de Phélicien, il suffit d'un éclair pour qu'ils débarquent, sans même s'en apercevoir, dans un immense bateau. Monsieur Barthélémy se fait emporter par une vague et Philémon reste seul face au monde onirique de Fred dans un navire plus familier qu'on le pense…
C'est un très bon opus de « Philémon » ! Fred est au sommet au niveau du dessin qui garde son style « brouillon » mais dont l'exécution semble si ardue. Il continue d'intégrer de plus anciennes illustrations à son histoire pour bouleverser ses décors et de laisser sa plume divaguer dans des univers absurdes de fantaisie. « L'arche du A » est un album riche, rempli d'humour et de mystère. On retrouve Vendredi, on écoute les conseils d'une licorne, on tente de vider le déluge de la mer dans un tonneau, on fait appel à un trompomp et on rencontre littéralement la mort dans un arc-en-ciel ! C'est brillant.

⛴ Je vous conseille de lire les tomes précédents avant de vous lancer dans L'Arche du A, car ils sont nécessaires à la ville compréhension de l'ensemble de l'histoire.

💧 Philémon, jeune homme doux rêveur, est de retour dans le Monde des Lettres. Mais une pluie incessante a fait monter le niveau des océans qui ont englouti les îles. Seule l'étrange comptine d'une licorne pourrait être leur salut à tous.

🌀 J'ai beaucoup aimé me replonger dans cet univers absurde qui nous offre des retrouvailles avec certains de nos personnages favoris. L'ensemble graphique propre à l'illustrateur nous plonge sans retenue dans sa vision bien particulière. Je vous invite vivement à le découvrir si vous ne le connaissez pas !

Le premier album que j'ai emprunté dans les années 70/80 dans une bibliothèque des Vosges. Je me rappelle de l'ambiance si particulière. Vieux parquets et boiseries qui craquent, odeur de cire et de fumée, lampes faiblardes. Dehors, gouttelettes de pluie sur les épicéas, tas de sciures qui transpirent, miellat de sapin, vapeur des thermes, sources chaudes, souterrains effrayants... j'étais déjà rentré dans l'univers de Fred sans le savoir. Et à la lecture de cet album j'ai pris une claque ! Une atmosphère encore plus folle, sans jamais vraiment se déplacer ou à peine plus loin que quelques pas.