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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman très noir, une époque que l'on devine. Un lieu non attribué, qu'importe, toute l'histoire est basée sur le jeune Frank . Fils d'une tenancière de bordel. Il est riche, ne connaît pas les restrictions… il va tuer, assassiner.
Il tombera amoureux. Il sera arrêté, l'imprévisible arrive, la neige est sale. Il reste seul longtemps, interrogé, battu.
Il arrive à sortir de ses pensées noires, par le blanc, le peu de chose qu'il ne connaît point dans sa jeune vie, l'amour.

Fromental et Yslaire, un duo inattendu. Un dessin façon titi parisien. Un graphisme unique, un gris parsemé de rose.
Un magnifique roman graphique qui met en valeur le Georges Simeon d'après-guerre, très noir de l'époque.
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Etonnement, les adaptations BD de l'oeuvre de Georges Simenon sont plutôt rares si l'on fait exception de Loustal, étroitement associé au célèbre auteur belge, qui a illustré plusieurs de ses romans et notamment l'ensemble des dix couvertures composant l'intégrale des enquêtes du commissaire Maigret publié aux éditions Omnibus pour nous proposer, en collaboration avec les scénaristes Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet, Simenon, L'Ostrogoth (Dargaud 2023), un roman graphique se penchant sur la période où ce romancier déjà prolifique s'apprête à se lancer dans l'écriture des premiers ouvrages mettant en scène le célébrissime policier. Mais à l'occasion des 120 ans de la naissance de Georges Simenon, les éditions Dargaud publient deux adaptations de ses fameux romans "durs" désignant les 117 récits dans lesquels le commissaire Maigret n'apparaît pas. Ainsi, on retrouve une nouvelle fois le scénariste José-Louis Bocquet s'associant au dessinateur Christian Cailleaux pour mettre en image le Passager du Polarlys qui n'est pas le plus connu des romans de l'auteur belge et dont l'intrigue prend l'allure d'un thriller maritime tout en tension nous entrainant le long des côtes norvégiennes jusqu'au cercle arctique. de son côté, Jean-Luc Fromental s'est tourné vers Bernard Yslaire pour adapter La Neige Était Sale, le fameux roman existentialiste de Simenon qui fait partie des ouvrages emblématiques de son oeuvre pour ce qui donne lieu à une rencontre au sommet entre deux grandes figures de la BD et l'un des maîtres de la littérature noire. Pour ceux qui ne sont guère familier avec l'univers du 9ème art, on présentera Jean-Luc Fromental, outre son travail de scénariste collaborant avec des dessinateurs renommés à l'instar de Floc'h, comme un éditeur dirigeant notamment la collection Denoël Graphic recelant quelques oeuvres singulières telles que celles de Posy Simmonds et de Joann Sfar. A une époque où les lecteurs du journal Spirou sont plus coutumier de séries dynamiques comme Jess Long, Yoko Tsuno, Tif et Tondu ou les Tuniques Bleues, il faut bien admettre que Bidouille et Violette a de quoi surprendre avec cette histoire d'amour entre deux adolescents inaugurant pourtant l'incontestable talent de Bernard Yslaire qui va se lancer dans la fameuse série Sambre dont la dimension intergénérationnelle s'étalant entre 1768 et 1847 va également se décliner autour de la série La Guerre Des Sambres. Avec un style extrêmement affirmé au caractère à la fois sombre et intense, le choix de Bernard Yslaire apparaît comme une évidence pour cette somptueuse adaptation graphique de la Neige Était Sale qui fait figure d'événement autour de cette conjonction de talents à l'état pur.

Au temps d'une guerre indéterminée, à une époque sans date, dans une ville occupée sans nom, Frank Friedmaier, à peine âgé de 18 ans, profite de l'oisiveté que lui procure son statut d'enfant gâté par sa mère Lotte, tenancière d'une maison close locale et fort rentable lui permettant également d'assouvir ses désirs en côtoyant les pensionnaires du bordel. de plus, il se rend bien compte que Sissy Holst, sa charmante petite voisine, est follement amoureuse de lui. Franck a également ses habitudes au bar-restaurant de Timo où il fraie avec quelques personnages louches comme Fred Kromer, crapule de bas étage se vantant régulièrement de ses crimes odieux. Par défi comme par jeu, au détour d'une ruelle sombre, Frank va égorger un officier de l'armée d'occupation et lui voler son revolver. Un acte gratuit qui sera suivi d'autres forfaits tout aussi abjects qu'immoraux. Frank se lance donc volontairement dans une longue descente aux enfers qu'il assume avec un redoutable cynisme. Dans une telle optique peut-on trouver la rédemption ?

C'est cette simplicité narrative qui caractérise les récits de Georges Simenon où rejaillit ainsi la quintessence des thèmes qu'il aborde avec une acuité redoutable se déclinant autour de la personnalité complexe de ses personnages. Rédigé en 1948 alors que l'auteur séjourne à Tucson en Arizona, La Neige Était Sale prend une forme singulière avec ces lieux et cette époque complètement désincarnés comme pour mieux saisir l'universalité de cette atmosphère à la fois poisseuse et lourde nous rappelant paradoxalement la période trouble de l'Occupation durant la seconde guerre mondiale. Tout cela, Jean-Luc Fromental le restitue parfaitement dans une mise en scène soignée où les dialogues résonnent avec justesse tandis que les scènes cruciales du récit se déclinent au gré des réflexions de Frank Friedmaier en adoptant une narration à la deuxième personne avec cette sensation de malaise tandis que l'on observe ce personnage sombrer dans l'abjection la plus totale avec ce côté impavide saisissant, ceci tout en prenant soin de respecter la structure du roman se déclinant en trois parties comme autant de phases ponctuant sa destinée en passant de l'acte primaire odieux qu'il commet pour l'entraîner dans une escalade de crimes ignominieux s'achevant sur une ultime résurgence prenant la forme d'une rédemption le laissant en paix avec lui-même. Et puis il y a la richesse de la mise en image de Bernard Yslaire, ses cadrages élaborés ainsi que la nuance des couleurs restituant cette ambiance à la fois pesante et malsaine qui émane de l'intrigue tout en rendant hommage à Georges Simenon que l'on croise d'ailleurs au début du récit parmi la clientèle du bar-restaurant de Timo. On apprécie notamment ce soin que le dessinateur apporte à chaque détail que ce soit par exemple le papier peint des intérieurs, les éclairages des rues enneigées de cette ville sans nom ainsi que les costumes de cette galerie de personnages tourmentés aux traits si savamment travaillés. On en prend la pleine mesure en observant plus particulièrement les contours angéliques du visage de Frank Friedmaier nous permettant de saisir le contraste encore plus marqué de son avilissement lors de son parcours meurtrier avant qu'il n'aborde les stigmates des coups des passages à tabac successifs, incarnations de ce long chemin douloureux vers la rédemption au gré d'une espèce d'amour ultime que la neige recouvrira de son linceul immaculé. Une belle convergence de talents pour un album aux allures de roman noir aussi remarquable que saisissant.



Bernard Yslaire/Jean-Luc Fromental/Georges Simenon : La Neige Était Sale. Editions Dargaud 2024.

A lire en écoutant : La Neige de Claude Nougaro. Album : Soeur Âme. 1971 Mercury Music Group.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Alien.
Au bar-restaurant Timo, les gouapes s'épatent, entre bastringue et alcools forts, femmes dénudées et affaires louches. C'est là que fermente Frank Friedmaier, voyou de 18 ans désoeuvré, prompt à s'adonner au crime pour secouer son ennui de vivre. Fred Kromer, molle gouape de bas étage, fanfaronne à propos de meurtres qu'il commet avec désinvolture. Frank lui emprunte son couteau et décide de planter un sergent de l'armée d'occupation, visqueux vicelard qui fréquente le rade de Timo et tripote sans vergogne la gueuse alanguie. Par son acte criminel, Frank s'est "dépucelé" selon son expression mais la spirale mortifère est enclenchée. Un vol de montres de collection et l'élimination d'un témoin gênant, la défloration de sa fiancée Sissy Holst par Fred Kromer aspirerait inexorablement le jeune homme dans la bassesse et le sordide si la police ne venait le cueillir pour l'interroger brutalement. Son chemin de croix peut alors commencer.
L'oeuvre littéraire de Georges Simenon (1903-1989) a été prolongée et vivifiée par de multiples adaptations télévisuelles et cinématographiques. Elle perdure dans l'imaginaire collectif avec notamment son indéboulonnable commissaire Maigret interprété par vingt-six acteurs différents depuis Pierre Renoir avec "La nuit du carrefour" (1932) jusqu'à Gérard Depardieu dans "Maigret" (2022). Les romans noirs de l'auteur belge possèdent eux aussi une indéniable force visuelle et une ambiance atemporelle. Intitulé initialement "Monsieur Holst", (1948), le roman est adapté au théâtre par Simenon et Frédéric Dard sous le titre "La neige était sale" (1950) et se décline aujourd'hui en une bande dessinée réussie. Jean-Luc Fromental a repris tous les moments-clés de l'oeuvre littéraire pour les transposer avec brio en bédé. Sur ce scénario solide, Yslaire a composé une oeuvre graphique puissante, aux partis pris pertinents comme la mise en couleur lumineuse à dominante grise, en phase avec le propos et la symbolique du récit. Auteur lui aussi fasciné par "Les fleurs du mal" qu'il a magnifiquement illustrées et surtout à travers son chef-d'oeuvre "Mademoiselle Baudelaire" (2021), il ne pouvait que rehausser splendidement les turpitudes de Frank Friedmaier et avec la boue en faire de l'or.
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Pourquoi un chat grimpé dans un arbre y monte-t-il de plus en plus haut alors même qu'on s'efforce de l'en faire descendre ?
Après l'occupation qu'il a fuie et qui l'a aussi, un peu, nourri, lui achetant quelques manuscrits, Simenon livre son roman dur sans doute le plus dur. Son empathie clinique pour son personnage principal, Franck, le fils d'une patronne de maison close, nous plonge dans un mélange de semi-conscience et de demi-rêve éveillé. L'occupation est une tragédie qui ouvre la porte à tous les courages comme à toutes les lâchetés.
Le tandem attelé à l'adaptation en bd de ce roman quasi-existenciel mène cette aventure cruelle et ce destin ouateux de mains de maître. le récitatif à la 2ème personne du singulier nous interpelle, nous presse et nous conduit jusqu'à l'indicible. Chaque personnage de chair et de sang impose sa propre vie, au rôle et au destin particulier. le découpage parfait nous dit la logique implacable d'une descente aux enfers aux faux airs de glorieuse ascension. Les dialogues sortent comme chez Simenon du quotidien le plus terre-à-terre. Et le dessin, que dire du dessin d'Yslaire ? C'est une perfection pour montrer tout à la fois la misère de l'occupation - ah, les décors ! - la détresse des corps, l'absurdité d'une vie privée d'espoir comme de raison, et l'illusion de la révolte. Une bd grise oui, mais un petit bijou.
Chocolat, cigarettes... : les cartons que sa mère livre à Franck en prison sont remplis de ces choses dont on rêve en temps de guerre. Mais ils ne font pas une conscience. Cet album inclassable y travaille lui. Un album dur oui, mais un petit chef d'oeuvre.
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Très bel ouvrage, fidèle adaptation d'un des romans les plus célèbres de Georges Simenon ( hors Maigret )
Le dessin de Bernard Hislaire est toujours aussi reconnaissable et précis, et s adapte parfaitement à l'univers du roman, à ce héros sordide et anaffectif, ce jeune homme amoral et perdu, en qui Simenon va chercher ce qui fait son humanité. Fromental a parfaitement saisi ce qui caractérise toute l'oeuvre de Simenon, ce remarquable observateur de l'âme humaine, qu'il décortique au fil de ses romans en partageant sa compréhension de toutes les petitesses et mesquineries de nos existences, qui ne sont pour autant jamais réduites à ces petitesses et mesquineries.
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Adapté d'un roman de Simenon par Jean-Luc Fromental, "La Neige Était Sale" dépeint un monde sombre d'occupation et de décadence. L'histoire suit Frank Friedmaier, 17 ans, évoluant dans un pays occupé par des forces indéfinies. La narration de Simenon explore la vie de Frank, sa mère tenancière d'une maison de passe, et son immersion dans des activités louches. le scénario de Fromental capture avec intensité le voyage existentiel de Frank, oscillant entre la collaboration et la déchéance personnelle. L'atmosphère glaciale et sale de l'Occupation est rendue de manière poignante, plongeant le lecteur dans les méandres de la noirceur humaine.

Bernard Yslaire, après le succès de "Sambre" apporte son talent à cette adaptation. Son style graphique, marqué par des nuances de bichromie rougeâtre et grise, retranscrit magistralement l'atmosphère kafkaïenne du récit. Les illustrations dévoilent la décadence du monde de Frank, avec des personnages cyniques et des scènes évoquant l'Occupation. Yslaire donne vie à l'hiver gris décrit par Simenon, ajoutant de la profondeur visuelle à cette histoire noire.

"La Neige Était Sale" offre une plongée réussie dans l'univers dur de Simenon. Jean-Luc Fromental et Bernard Yslaire relèvent avec brio le défi de l'adaptation, capturant l'essence du roman original. L'histoire, bien que sombre et dérangeante, est une exploration fascinante de la nature humaine en temps de conflit. Cette bande dessinée, deuxième de la Collection Simenon de Dargaud, confirme la qualité artistique et narrative de cette série. Une oeuvre à la fois dérangeante et captivante qui mérite l'attention des amateurs de romans noirs.
Lien : https://www.instagram.com/ph..
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