C'est un petit bouquin original paru aux Éditions
Michel de MAULE . Un petit livre qui se lit rapidement mais qui vous plonge dans un univers que le lecteur de polar a l'habitude de côtoyer au fil de ses lectures, mais sans jamais vraiment le connaitre, sans véritablement le cerner. Je veux parler de l'univers des inspecteurs de police.
André GABELLA est l'un d'entre eux. Commandant de police, il est à la tête du groupe « Grand banditisme » à la police judiciaire d'Ajaccio. A travers son livre « P.J Blues » il nous ouvre en grand les portes de la vie quotidienne de ces fonctionnaires que paradoxalement nous décrions tous les jours dans la notre, mais que nous adorons voir en héros dans les romans que nous lisons.
De roman justement il n'en est pas question ici. Juste des tranches de vie d'un flic d'origine corse, le commandant Torre, dont on ne connait pas le prénom. Ce flic, ce n'est pas l'auteur du bouquin, même si les histoires qu'il relate sont vraies et pour lesquelles justice a été rendue. Des instantanées de la vie d'un flic confronté à une réalité, la notre, dans tout ce qu'elle a de cruelle, d'injuste, d'imbécile ou de merveilleuse. Un envers du décor qu'il nous est donné un instant d'apercevoir à travers le regard de ce fonctionnaire.
Si la vie d'un flic n'est pas un long fleuve tranquille, elle ne ressemble en rien à celle couchée sur pellicule. Si la misère côtoie souvent l'horreur, si le crime est souvent banal, les circonstances, les hasards, les détails font parfois basculer l'ordinaire dans une autre dimension, où l'extraordinaire le dispute à l'incroyable, où « le coup de bol » s'affronte à « pas de chance ».
Le lecteur avance donc dans ce livre sans trop savoir où il va mettre les pieds à chaque coin police. Histoire croustillante comme « le Stradivarius » où comment le malfrat se joue de la cupidité de sa victime, histoire sordide avec « le nourrisson » où la vérité ne se trouve pas forcément au fond d'une poubelle d'immeuble. Rare réflexion, critique, sur ses racines et ses frères de sang avec « la fierté des miens » ou duel improbable entre le flic et son suspect dans « Cédrat suprême » .
Les histoires s'enchainent, s'entrechoquent. Pas de héros, d'actes de bravoure ou de situations improbables permettant de découvrir un héros sous l'habit du fonctionnaire. L'auteur nous emmène sur les parcours d'une carrière de flic bien remplie entre Paris et la Corse.
Ne cherchez pas dans ce livre un exercice de style. Il n'en a pas la prétention. Les faits y sont relatés de manière brute, sans fioriture littéraire. Une belle panoplie d'expériences diverses qui plonge le lecteur dans un quotidien insoupçonnable.
Mais à la longue se dégage cependant un sentiment mitigé. Non que les histoires soient inintéressantes, l'auteur alterne parfaitement les différents types de situations, mais progressivement s'inscrit dans l'esprit du lecteur une image de flic supérieurement intelligent, à qui on ne la fait pas, qui arrive à trouver le bon fil pour dérouler la pelote de la vérité, qui finit par dominer son sujet, à retourner le suspect, à le confondre en le prenant parfois à son propre jeu. il n'y a pas de faille dans ce personnage, pas de doute non plus. Il relate ses expériences comme un témoin décrirait le crime auquel il vient d'assister. Ce qui au final le rend différent de nous.
Si j'ai aimé la lecture de cet ouvrage, je n'y cependant pas trouvé le blues dont il est question dans le titre. Et cela manque un peu. Pour autant, la quarantaine d'histoire narrées dans celui ci, offrent une réelle opportunité de découvrir la vie pas ordinaire des gens censés veiller sur notre sécurité. Rien que pour cela, ce livre mérite d'attirer votre attention.
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