Une masse critique « mauvais genres », un résumé qui nous rappelle l'intrigue de «
délivrance » (1), pourquoi pas, un petit clic, un aller retour à la boite aux lettres, un après midi dans mon fauteuil, la découverte que ce livre n'est pas qu'un récit d'
aventures mais un roman plongé dans notre histoire européenne récente avec les suites des guerres qui ont sévi dans ce qui s'appelait la Yougoslavie.
Nous suivons les
aventures d'une famille pas comme les autres, des marginaux - papa, maman, fifille et fiston - touristes sportifs entraînés dans un raft trip au Monténégro sur les monts Tara (2).
Ces gens là sont prudents, ils se sont adjoint un guide Goran, un yougo, qui connaît bien le coin.
La lecture nous entraîne dans une introspection sur nos rapports, à la nature, à nos liens familiaux, à notre conception de notre vie et des leçons que nous en tirons pour notre vie quotidienne.
L'écriture est fluide, descriptive à la fois dans l'analyse des rapports humains et dans les paysages sublimés du Monténégro ou d'un Causse.
Les personnages semblent être ceux que l'on peut croiser au coin de notre rue même les pires (3).
Un livre à lire en écoutant Bashung chanter 🎶 « Marcher sur l'eau, éviter les péages, jamais souffrir, juste faire hennir les chevaux du plaisir » 🎶
🎶 Marcher sur l'eau
Éviter les péages
Jamais souffrir
Juste faire hennir
Les chevaux du plaisir🎶
🎶Osez, osez Joséphine
Osez, osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie🎶
(1)
Délivrance est un film américain réalisé par
John Boorman, sorti en 1972. C'est l'adaptation du roman de même nom de
James Dickey, publié en 1970, qui signe lui-même le scénario.
Ed Gentry, Lewis Medlock, Bobby Trippe et Drew Ballinger, quatre hommes d'affaires d'Atlanta, se réunissent lors d'un week-end afin de descendre en canoë une rivière très mouvementée, baptisée Cahulawasseea. Cette rivière prend sa source dans les Appalaches en Caroline du Nord et rejoint la Géorgie : comme elle doit être recouverte par l'inondation de la région à la suite de la construction d'un barrage, les quatre citadins montent cette expédition comme un dernier hommage à cette partie de la nature qui va être défigurée par l'homme. Néanmoins, les épreuves qu'ils vont affronter ne sont pas uniquement dues à la dangerosité du milieu naturel.
(2)
Les monts Tara sont un massif montagneux, situés à l'ouest de la Serbie, le long de la frontière avec la république serbe de Bosnie, Bosnie-Herzégovine.
En 1981, une grande partie de ce massif a été transformée en parc national.
La Drina est la rivière principale du massif de Tara, qui, à sa bordure, forme une série de gorges. Tara est étalement parcourue par des rivières comme la Brusnica ou la Derventa, qui, elles aussi, coulent dans des vallées encaissées. le Vrelo, qui coule à Tara, est le plus petit cours d'eau de Serbie ; il est surnommé « la rivière d'un an » parce qu'il mesure 365 m7. En raison du relief accidenté, les rivières forment de nombreuses chutes d'eau.
(3)
Recherché pour crimes de guerre commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie – il apparaît notamment sur le film d'une exécution sommaire de jeunes Bosniaques après la chute de Srebrenica, en juillet 95 –, Milorad Momic s'est réfugié en France à la fin des années 90 et s'est dissimulé sous un faux nom, jusqu'à refaire sa vie, à La Verpillère, dans la région lyonnaise. Naturalisé français, marié, il a alors mené la vie d'un mari, d'un ami, d'un voisin exemplaires et sans histoire. Reconnu et dénoncé en 2011, il a été arrêté et extradé en Croatie où il purge actuellement une peine de quinze ans de réclusion pour crime de guerre.
À l'abomination des crimes pour lesquels il est accusé correspond ce troublant et inquiétant retour à la normale, qui pose la déprimante question de la normalité des criminels de guerre et de leur statut si complexe. Cette question en contient en creux une autre plus déprimante encore : sommes-nous tous des criminels de guerre en puissance, nous, citoyens ordinaires, dès lors qu'une situation donnée nous place dans un état de peur, de haine, de vengeance et de permissivité absolue, cette « chance de l'inhumanité impunie » dont parle
Günther Anders ?