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EAN : 9782815908047
101 pages
L'Aube (07/06/2013)
3.38/5   8 notes
Résumé :
"'Salam à toi, Dalagat !' dit l'homme qui s'avance vers lui d'un pas large et sûr. De la rue voisine parvient la musique rythmée d'instruments à percussion."
Dalgat déambule dans les rues du marché, enivré par les bruits, les couleurs et les odeurs - et les filles, jolies, malicieuses. Nous sommes dans une petite ville de la République russe du Daghestan, et Dalgat nous semble un peu perdu. Perdu jusqu'où ? Les tent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

« Où es-tu mon Daghestan ? Qui t'as détruit ? Où sont tes lois, où sont tes clans, où sont tes Khanats*, tes royaumes, tes seigneurs, tes communautés libres, tes démocraties guerrières ? … Où sont les merveilleux vêtements et les belles coiffures de tes habitants ? Où sont tes langues, tes chants, tes poésies séculaires ? Tout a été bafoué, foulé aux pieds … » Yaragui le poète
(*khanats= royaume turc ou mongol, dirigé par un khan)
Ce petit livre d'une centaine de pages, dont on sort plein d'inquiétude sur l'avenir de ce pays déstabilisé qui peut être gagné par la folie islamiste, répond à ces interrogations ou tente de le faire.
Alissa Ganieva a choisi la vie à Moscou. Elle a fait paraître ce livre sous un pseudonyme masculin, Gulla Khirachevset.
Au cours d'une journée de Dalgat Moussaïevski jeune étudiant, qui va d'un point de la capitale du Daghestan, Makhatchkala, à l'autre, à la recherche de son oncle, c'est toute la vie foisonnante de ce petit pays, à la fois tragique et drôle, avec ses traditions pesantes, ses contradictions et ses déchirements qui s'offre à nous ; découverte des difficultés quotidiennes avec les coupures d'eau, d'électricité et la violence qui éclate régulièrement, le plaisir de colporter des ragots de jeunes femmes dans un mariage, la corruption généralisée mais aussi un retour sur la richesse du passé, un passé où les nombreuses ethnies et communautés religieuses vivaient ensemble en harmonie.
Yaragui le poète qui a offert son livre à Dalgat écrit : « La forêt très ancienne de Samour se rétrécit comme peau de chagrin, les montagnes deviennent chauves, les rivières noircissent, apportant poison et corruption, et la ville de Makhatchkala, qui n'y était pas préparée, enfle, explose sous l'afflux des hommes qui fuient on ne sait d'où. Ils ont quitté leurs hautes montagnes, où ils avaient leurs habitudes de vie, pour la plaine poussiéreuse, la steppe brûlée, les marécages infernaux et mortifiés où grouillaient jadis les nomades de tribus importantes et connues. »

Et ce qui menace désormais c'est la montée de l'islamisme. Dalgat, comme nombre de ses amis, s'il veut vivre n'a pas de nombreux choix : ou quitter la Daghestan pour une grande ville russe comme Moscou ou Saint Pétersbourg ou contacté, comme il vient de l'être, par Mourad, un islamiste, rejoindre le groupe des « Frères de la forêt ».

Un communiqué de l'AFP du 18 février 2018 titre « une fusillade fait 5 morts au Daghestan »
Un inconnu a tué 5 femmes à Kizliar, lors d'une fusillade à la sortie d'une église orthodoxe, dans le nord du Daghestan, république instable du Caucase russe, ont annoncé les autorités locales
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Ce très court récit (en russe povest', ce qui n'avait pas d'équivalent en français autrefois, et que maintenant on appelle novella), d'abord publié sous pseudonyme masculin, a pour auteur une critique littéraire originaire du Daghestan. le livre a reçu le prix Debut en Russie et été bien accueilli par la critique. Par contre l'accueil du public et de la critique a été plus mitigé au Daghestan. Alissa Ganieva l'explique : « beaucoup de mes compatriotes lecteurs ne comprennent même pas pourquoi ils sont indignés par mon texte, ils ne se rendent pas compte que je brise une sorte de code de perception incrusté en eux » Salam, Dalgat raconte la journée d'un jeune daghestanais qui parcourt sa ville de Makhatchkala à la recherche de son oncle. Il traverse le marché de la ville, croise des amis, des parents, se fait agresser par des voyous, se rend à une ennuyeuse présentation littéraire, à un mariage et au fil de ses pérégrinations l'auteur dresse un portrait sensible et tout en nuance de la ville, du Daghestan et surtout montre toute la complexité de la société daghestanaise, multiple et en proie à bien des contradictions et mutations. Car au fil des conversations on sent la corruption ambiante, la violence, l'influence croissante du salafisme alors que l'islam traditionnel, lui, est en perte de vitesse, les tiraillements de la jeunesse entre des tendances contradictoires. L'histoire multiséculaire et complexe du Daghestan, ainsi que sa géographie, sont aussi évoquées, à travers un récit dans le récit (un manuscrit remis à Dalgat par un jeune écrivain). C'est pour moi le seul point faible de ce texte : ce récit casse nettement le rythme et est un peu long par rapport au reste. Mais sinon quel beau panorama : en à peine cent pages Alissa Ganieva a réussi à dresser une peinture du Daghestan du début du XXIème siècle, à faire connaître son pays natal sans tomber dans les clichés touristiques et sans concession. C'est clairement un auteur à suivre.
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Joli tour d'horizon social d'un Daghestan au riche passé historique où subsiste les restes du système russe, prisons, mafia et corruption, où prolifère la petite délinquance car les policiers victimes des snipers n'osent plus se montrer, où se côtoient niqab et minijupes bien que ces dernières soient de plus en plus menacées par la montée d'un islamisme prônant la charia.
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Bienvenu au Daghestan, république fédérale de Russie établie entre les montagnes du Caucase et la mer Caspienne. Nous suivons le jeune Dalgat dans une journée banale. Il cherche son oncle et à travers son périple nous rencontrons divers personnages proches ou lointaines, représentant la mixité sociale et culturelle qui est l'image même du Caucase.
Les marchés bruyants, les échoppes diverses habitées par un babillage télévisuel permanent, les amis bavards, la nourriture qui foisonne à peine une porte amie passée, les questions sur la santé familiale... une véritable plongée dans la culture d'accueil et de bienveillance quotidien.
Reste que l'insouciance de la jeunesse, l'apparente lascivité de la vie quotidienne, sont étouffées peu à peu par une montée de l'extrémisme islamique. Une menace sourde qui engendre un climat de peur, violence policière ou coup d'éclat des mouvement extrêmes, on craint que la culture simple des ces peuples ne soit écrasée par les préceptes religieux.
Un court roman, entre actualité et histoire, qui nous ouvre les porte de cultures qu'on connait peu, une invitation au voyage à lire!
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Petit livre d'une centaine de page découvert lors de ma virée au Salon du Livre de Paris le mois dernier et que la curiosité m'a fait ouvrir dès mon entrée dans le métro sur le chemin du retour. le titre rend compte des salutations que ce fameux Dalgat reçoit tout au long d'une seule et même journée par toute une ribambelle de personnages issus de ce petit pays caché entre les montagnes du Caucase et la mer Caspienne: le Daghestan, l'un des protagoniste de cette histoire, somme toute banale d'ailleurs, en fera la "promotion" sur quelques pages décrivant ainsi toutes les beautés cachées d'un pays si peu connu (touristiquement parlant).

Dans ce récit nous suivons donc Dalgat pendant une journée pendant laquelle il va arpenter les rues de sa ville à la recherche de son oncle Khalilbek et rencontrera des personnages tous différents les uns des autres, un mélange de parents proches, d'amis ou d'inconnus. Tout commence sur un marché où il rencontre un ami devenu salafiste puis direction la maison de son oncle dans laquelle il retrouve tantes et cousins, il se retrouvera ensuite dans une fête de mariage puis sur une plage

Alissa Ganieva nous parle des moeurs et coutumes de ce pays, du bavardage incessant des uns et des autres sur les uns et les autres, la présence familiale et surtout la culture et la religion qui tend rait vers un extrémisme dangereux; et le fil conducteur de tous ces thèmes reste la jeunesse celle qui garde espoir en un avenir bienveillant.
Un court roman qui vous fera voyager et découvrir ce pays lointain.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Et tu connais l'histoire du nom d'Allah sur les tomates ?
--- Non.
Arip sortit son téléphone à clapet, appuya sur quelques touches et montra à Dalgat un écran sur lequel on voyait en gros plan une tomate pelée. Ses veines blanches formaient comme des caractères arabes.
"Tu vois, fit Arip d'un air triomphant, c'est écrit "Allah". Cette tomate a poussé chez de vrais croyants.
--- C'est Photoshop ! lança Dalgat
--- Quel Photoshop ? rétorque Arip, sortant de don calme et montant sur ses grands chevaux. Je te dis que ce sont de vraies tomates !
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Les wahhabites ne sont pas de vrais moudjahidines : leur islam n’est pas le bon. Si on tue des innocents, on ne va pas au paradis. Ils envoient à la mort des jeunes comme Kamil. C’est l’Amérique qui leur donne de l’argent pour qu’ils tuent nos gars et fassent la guerre contre la Russie ! Ils ne reconnaissent pas les cheikhs, les prières, les lieux saints, les maîtres… Ils nient tout ! Seulement, c’est avec les mains des autres qu’ils veulent tuer.
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Ces ânes se droguent ; ils restent assis à ne rien faire, se battent, courent après les filles qui se baladent à moitié nues. Où va ce monde de mécréants, dis-moi ? Ils ont construit ici des quantités de clubs, des discothèques… Et les femmes, regarde leur tenue ! À quoi ça ressemble ? S’il y avait la charia chez nous, il n’y aurait pas toutes ces saletés, tu ne crois pas ?
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« Tu vois, j’ai toute ma vie travaillé avec ces mains-là, se plaignit-il, et tout ce que je gagne s’en va. “Donne ici, donne là, donne à l’instituteur, à l’école, donne pour l’examen à l’université.” J’ai une maison : impossible de la terminer ; ça fait vingt ans qu’elle est en construction, et maintenant il faut ramasser de l’argent pour aider mon fils à s’établir.
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« Où es-tu, mon Daghestan ? Qui t’a détruit ? Où sont tes lois, où sont tes clans, où sont tes khanats, tes royaumes, tes seigneurs, tes communautés libres, tes démocraties guerrières ?… Où sont les merveilleux vêtements et les belles coiffures de tes habitants ? Où sont tes langues, tes chants, tes poésies séculaires ? Tout a été bafoué, foulé aux pieds… »
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