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Fayard (01/01/1949)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Maurice Garçon revient sur cinq affaires qu'il a connues, dans lesquelles il a plaidé, pendant l'occupation allemande, ou après la Libération.
Date d'édition : 1950.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Maurice Garçon revient sur cinq affaires qu'il a connues, dans lesquelles il a plaidé, pendant l'occupation allemande, ou après la Libération.

La première qu'il appelle « Les piqueuses dOrsay », évoque le procès fait à quatre infirmières que l'on accuse d'avoir, le 14 juin 1940, euthanasié des patients de l'hôpital, intransportables, pour pouvoir fuir avec les autres malades, lors de l'exode du début de la guerre. le procès se tient en mai 1942 devant la Cour d'Assises de Seine-et-Oise.

Le deuxième dossier, « Les cinq étudiants de Poitiers », est celui qui a conduit quatre de ces garçons à la mort, au Mont Valérien. Jugés et condamnés une première fois par le Tribunal d'Etat qui les condamne à des peines de travaux forcés, pour « coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner » du Dr Guérin, collaborateur notoire poitevin, ils comparaissent dans les huit jours suivants, à la demande de l'occupant qui ne se satisfait pas de cette décision, devant un tribunal militaire. Ils sont condamnés à mort et exécutés au Mont Valérien le 6 octobre 1943. Maurice Garçon n'a plaidé pour l'un d'entre eux que devant la première juridiction, n'ayant pas « les capacités linguistiques » pour intervenir devant le tribunal militaire allemand.

« La section spéciale » est la juridiction créée de toutes pièces fin août 1941 pour appliquer une loi rétroactive qui « réprime par la mort des infractions qui jusque-là ne pouvaient entraîner que des peines correctionnelles ». Résultat d'un chantage exercé par l'occupant, après le meurtre d'un officier allemand le 21 août 1941 : ou la juridiction française prononçait six condamnations à mort pour activité communiste, ou les Allemands fusillaient cinquante otages pris parmi des juifs déjà détenus. Les magistrats qui ont siégé à la section spéciale, et ont prononcé trois condamnations à mort, exécutées, ont été poursuivis après-guerre. Maurice Garçon défendait l'un d'entre eux au procès qui s'est tenu en juin 1945.

Cette histoire a été étudiée longuement, semble-t-il, dans un livre, « L'Affaire de la Section Spéciale » d'Hervé Villeré, édité en 1973. Une émission d'Italiques de la même année, visible sur INA-Madelen offre à Robert Badinter, flamboyant quadragénaire, l'occasion de faire part de son opinion et de ses convictions d'une façon éblouissante.
https://madelen.ina.fr/content/robert-badinter-jean-patrick-manchette-georges-lautner-90940?fbclid=¤££¤37Affaire de la Section Spéciale8PxCgCFMJYJDvhFKsLl5¤££¤_-KbqgSGilDlRKzSVO0Iw

La quatrième affaire permet à Garçon d'évoquer la situation particulièrement douloureuse de « l'Alsace annexée » : il défend en mai 1946 devant la Cour de justice de Paris un monsieur Gaertner, né en Alsace, à qui l'on reproche des actes de commerce avec l'ennemi.

Le dernier chapitre, « La bonne foi dans l'erreur » est consacré à la plaidoirie de Maurice Garçon en défense de Jean Fossati, membre du P.P.F., un des proches collaborateurs de Jacques Doriot, au moins jusqu'en novembre 1942. Maurice Garçon plaide le 13 juillet 1948 devant la Cour de Justice de Paris.

Cinq affaires qui donnent des aperçus de ce dont la vie des Français a été faite de 1940 jusqu'à la Libération, des conséquences au niveau individuel d'évènements tragiques bouleversant tout un pays.

Les deux procès les plus délicats, pour Maurice Garçon, sont incontestablement les deux premiers, de 1942 et 1943, puisque sa défense devait concilier deux nécessités : parler avec conviction et honnêteté dans l'intérêt de ses clients sans contrarier les autorités de Vichy ou de l'Occupation. Exercice de haut vol dans lequel il a excellé, il me semble.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je plains le triste sort des enfants de notre temps (...) On leur demande de piétiner tous les enseignements que nous leur avions donnés(...) On leur enseigne une notion de l’honneur que nous n’avions pas reçue de nos pères. On leur impose de mépriser tout ce qu’on leur avait naguère appris à respecter.
(Les cinq étudiants de Poitiers)

En deux jours, on a créé un Tribunal, promulgué une loi scélérate, désigné des victimes, résolu un immense crime judiciaire !
Et l’on ne poursuit que les exécutants !...
(La section spéciale)

M. le Commissaire du gouvernement a osé dire qu’on eût dû s’en douter. Je le trouve bien audacieux. Je ne lui ferai pas l’injure de croire qu’il s’est douté en 1940 de ce qu’on demanderait aux magistrats pendant les années suivantes parce que je suis persuadé qu’il se serait démis de ses fonctions.
(L’Alsace annexée)

Léon Blum a dit en témoignant devant la Haute Cour :
« (...) Et on a dit à ce pays : Non, l’armistice que nous te proposons, qui te dégrade et qui te livre, ce n’est pas un acte déshonorant, c’est un acte naturel, c’est un acte conforme à l’intérêt de la patrie.
Et un peuple qui n’en connaissait pas les termes, qui ne l’avait pas lu, qui ne le comprenait pas, qui n’en a saisi la portée que peu à peu, qu’à l’épreuve, a cru ce qu’on lui disait parce que l’homme qui lui tenait ce langage parlait au nom de son passé vainqueur, au nom de la gloire et de la victoire, au nom de l’armée, au nom de l’honneur. »
(La bonne foi dans l’erreur)
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Les paquets étaient faits. Les malades tant civils que militaires, qui suppliaient depuis deux jours qu’on les emmenât, étaient entassés dans les voitures. Déjà, tout était prêt pour le départ. A ce moment, les infirmières pensèrent à ceux qui étaient intransportables et qu’on ne pouvait songer à faire voyager. Elles demandèrent au major sur le point de partir :
- Et les incurables ?
Avec l‘insouciance que procure la fréquentation quotidienne de la douleur qu’il faut calmer et de la mort qu’il faut adoucir, le major répondit :
- Morphine à forte dose !

(Les piqueuses d’Orsay)
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Videos de Maurice Garçon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Garçon
En librairie le 16 septembre 2022 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251453385/journal-1912-1939.
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. de 1912 à sa mort, il a consigné les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur.
Il vient de prêter serment quand il commence ce journal, loin d'imaginer qu'il va devenir monumental. Il s'agit, dit-il, de « simples notes » au fil de la plume, jamais retouchées. Petites scènes, portraits, encore un peu scolaires. Et bien vite, il trouve son style, celui d'un exceptionnel observateur.
Les premiers temps sont rudes, bouleversés par la Grande Guerre. Réformé, il souffre d'être considéré comme un planqué mais, devant les conseils de guerre, il apprend le métier.
Et quand il ne travaille pas, il décrit l'atmosphère qui s'alourdit. Jusqu'à l'armistice qu'il « couvre » comme un reporter. Il en a l'oeil et se débrouille pour être partout où il se passe quelque chose, comme plus tard, au Bourget, à l'arrivée de Charles Lindbergh.
Familier des estaminets du Quartier latin, il rencontre des artistes, des auteurs qu'il se fera une spécialité de défendre. Et les clients affluent, l'obligeant parfois à négliger son journal.
Entre plaidoiries de routine et intérêts de Coco Chanel, il parvient à courir les premières et, plus inattendu, à satisfaire sa curiosité pour le paranormal.
Les scandales des années 1930 lui donnent matière à réflexion, penché sur un dossier proche de l'affaire Stavisky. Son mépris de la corruption des confrères députés, présidents du Conseil passés et futurs, s'épanche, sans parler de ses colères à l'encontre des magistrats.
Maurice Garçon mord mais n'est pas lui-même à l'abri des préjugés racistes et antisémites. Il ouvre les yeux à Berlin, peu après la Nuit de Cristal, alors qu'il va représenter la famille du diplomate assassiné par Herschel Grynszpan. La guerre, à nouveau, sera bientôt là.
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