Gourganes

La gourgane est une sorte de fève cultivée au Québec, une fève ancienne dont on peut trouver la parenté à travers le monde : il y aurait même des gourganes en Afghanistan où se rend l'héroïne de ce roman.

Ce n'est évidemment pas un voyage touristique, elle va en Afghanistan pour travailler avec une ONG. En plus des chapitres qui donnent un aperçu de la vie dans ce pays ravagé par les guerres, d'autres segments du livre racontent une mère peureuse, qui écrase sa fille sous ses recommandations. On pourrait croire que la pression maternelle l'aurait rendue timorée, mais au contraire c'est ce qui la motive à aller au bout du monde dans un environnement vraiment dangereux.

Un premier roman réussi, tant par le dépaysement de la destination lointaine que par la cohésion des personnages et la qualité de l'émotion.

(Et pourquoi ne pas en profiter pour découvrir le goût d'une bonne soupe aux gourganes?…)

La gourgane tient une place particulière dans ce récit autobiographique. Une légumineuse rustique et nourrissante qu'Alexandra Gilbert retrouvera dans les champs de la campagne afghane à l'occasion d'un voyage humanitaire. Son récit parle du lien mère/fille, malsain dans son cas, et de sa fuite salutaire vers un lieu le plus lointain possible où l'influence maternelle n'aura pas de prise. Son expérience sur le terrain à Kaboul la fera déchanter sur les bienfaits théoriques de l'aide humanitaire internationale. Un bien décourageant constat pour une idéaliste mais son séjour aura eu son intérêt sur le plan personnel. C'est raconté de bien belle façon et livré avec une émotion qui affleure à chaque page.