Je remercie Babelio et les presses de l'ENSSIB pour la lecture de ce titre qui est une mine d'informations, d'analyses et de chiffres, pour celles et ceux qui souhaitent faire le point sur le livre et le numérique.
Le positionnement des autrices et auteurs permet d'en apprendre beaucoup, car il n'est pas seulement question du livre numérique, mais bien du numérique autour, et concernant l'objet livre. Une nuance de taille, car elle embrasse un écosystème entier.
Il s'agit, en effet, de regarder ce que le numérique produit en termes de transformation, dans les logiques de production, de diffusion, et d'observer les métadonnées des nouvelles pratiques (communication numérique, transmédia, curation, pratiques de lecture).
Les articles sont denses, sourcés et complets.
Le point sur ce qu'est réellement l'autoédition, notamment, est très éclairant.
Plutôt qu'une disruption annoncée, ou bien le remplacement d'un support par un autre, on chemine de réflexions, en constats, dans un paysage entier d'évolutions, qui interroge notre société et nous concerne directement, nous, lecteurs et lectrices, qui vivons ces changements :
- la chaîne du livre imprimé côtoie celle du numérique : quels impacts pour toutes les personnes concernées ? Et notamment, comment préserver les droits d'auteur pour le livre numérique d'occasion (les NFT sont cités, mais il me semble que la question des DRM n'est pas vraiment résolue) ?
- que produit la désintermédiation (autoédition, autopromotion, rôle des libraires, bibliothécaires, etc. ) ?
- quelle évolution de l'édition scientifique (nouveaux paradigmes d'écriture confrontés à la baisse de la lecture et à la circulation de l'information) ?
- innovation et expérimentation : de nouveaux modèles sont créés (weebtoons, édition scolaire collaborative, etc.).
La fusion livre et numérique produit des nouveaux objets qui eux-mêmes produisent de nouvelles pratiques (pour ma part, je trouve ce nouveau chemin enthousiasmant.
Françoise Benhamou suggère, dans sa préface, un second tome qui interrogerait les politiques publiques, les modèles économiques de l'édition, l'évolution du métier de libraire (et j'ajoute les bibliothécaires, documentalistes, archivistes...).
Je soutiens cette proposition. Elle enrichirait considérablement la réflexion.
Le livre face au numérique La disruption a-t-elle eu lieu ? est un travail remarquable qui montre par ailleurs la qualité de la recherche en France et de son édition.
La lecture en est dense, mais abordable sans connaissances préalables sur le milieu du livre. Je la recommande vivement pour sortir des idées reçues et prendre la mesure des enjeux sociaux et financiers actuels.
Par ailleurs, on peut retrouver une longue vidéo de présentation très complète de ce titre sur Internet, sur la chaîne de l'ENSSIB.
J'ajoute d'autres axes de réflexions qui surgissent une fois le livre refermé : quid des ressources quant au livre papier, quelle anticipation ? Quid de l'association livre papier et numérique lorsque les générations élevées avec le livre papier comme référentiel de savoir auront disparu ?
Les politiques publiques ont une grande responsabilité concernant ces sujets, aujourd'hui et demain.
Et pour finir sur une note positive, une demi-heure de lecture sur Internet suffit à contempler une belle créativité (livres en lignes, revues, albums, écriture poétique, applications de création littéraire, jeux littéraires, lectures communes, écritures communes...).
Il me semble que de nouvelles et riches pratiques autour du livre, et avec lui, naissent sous nos yeux, qui ne demandent qu'à être partagées.