Ce genre de livre souffre du temps qui passe. Parce que les pratiques, les théories ont quand même pas mal évoluées, et surtout les esprits, et les regards sur les maladies "mentales".
Cela dit, on a ici un journal assez court (qui se déroule sur 3-4 mois) qui décrit des moments, des signes, des symptômes de façon personnelle et tout aussi partageable pour qui a déjà souffert ou vu souffrir de dépression. Il s'agit surtout d'une forme d'errance multiple. D'errance dans le diagnostic (on passe d'angoisse à la dépression en cours de route, avec une attention complètement différente...), d'errance dans les praticiens (du pur somatique, au pur "psychothérapeutique", du neurologue à l'analyste, au comportementaliste à l'existentiel... Tout ça pour finalement aboutir au simple fait qu'il faut avant tout commencer par un traitement antidépresseur (spoiler). Qui va tout changer. Alors, oui, a posteriori on doit trouver du sens à ces souffrances, à ces errances, à ces brutalités subies, parce qu'on n'a pas le choix. N'empêche, l'objectif quand même de la médecine et de l'aide à la personne n'est pas de l'observer souffrir et de s'amuser à jouer avec elle comme un objet d'expérimentation des lubies et théories jamais claires, jamais sûres, jamais parfaitement vraies. Parce que rien n'est clair, rien n'est sûr, rien n'est vrai, en thérapie...Le journal est écrit et construit de façon très "journalistique", profession de la patiente oblige. Soit, une description de fait vécu, suivi de théorisation et mots issus d'une recherche d'informations dans la littérature sur le sujet et ces symptômes et signes.
Tout ou presque y est pointé et réfléchi (biologique, existentiel, analytique, familial, couple...) comme je le disais. Mais à la fin, un simple antidépresseur fera toute la différence. De quoi museler un peu les prétentions de certains.
Ce genre de livres souffre du temps qui passe, mais n'en restent pas moins essentiels en leur temps. Il ne faut pas hésiter à en lire, à lire des témoignages, parce qu'ils ouvrent des portes. Et permettront on peut l'espérer de trouver la vôtre parmi la forêt folle dans laquelle elles se trouve.
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C'est Marianne Franssen, psychologue et spécialiste des maladies de la femme qui avance cette hypothèse. "Si l'on prend en considération le fait que 90% des psychiatres, considérés comme l'autorité suprême en matière de santé mentale, sont de sexe masculin - contre 75% chez les psychologues -, si l'on admet par conséquent que les critères de décision de la profession médicale sont largement déterminés par des hommes, il est clair qu'il ne faut en aucun cas sous-estimer l'incidence de ce double -critère d'évaluation sur la manière d'apprécier la pathologie mentale chez la femme.
"L'angoisse est tellement insupportable pour la personne concernée qu'elle tente de l'expliquer par tous les moyens, dans l'espoir de trouver quelque chose qui puisse lui donner l'impression de mieux la maîtriser, affirme Willi Buttolo, spécialiste des problèmes de 'angoisse. Ce besoin de théorisation peut aller jusqu'à l'obsession. Mais une telle démarche se solde la plupart du temps par une grande déception, car la connaissance des causes du mal n'apporte pas au sujet ce qu'il en attendait."
La peur de l'angoisse est peut-être bien pire que l'angoisse elle-même. L'espace d'une seconde, je rêve d'un grand bock de bière brune, écumante, que l'on brasse au couvent. Je n'ai jamais particulièrement apprécié la bière, mais cette fois elle m'aiderait peut-être à dormir comme une marmotte. Cependant, je me ravise : non, c'est l'erreur à ne pas l'alcool. Je ne peux tout de même pas me mettre à boire chaque soir un bock de bière pour m'endormir.
Selon les sources que l'on consulte, on dénombre entre quatre-vingts et cent cinquante tendances et écoles différentes dans le domaine de la psychothérapie [...]. "La situation est comparable au sur-potentiel de destruction des arsenaux militaires, dit Wolfgang Schmidbauer; Il y a tant de possibilités différentes de thérapies mentales que la vie d'un patient ne suffirait pas pour les essayer toutes."
Le psychiatre Walther Birkmayer, enfin, spécialiste viennois des problèmes de neurochimie, constate que le plus grand malheur qui puisse arriver à un patient dépressif, c'est de tomber aux mains d'un psychothérapeute."