Je m'attendais à un essai sur les arguments athées. Je retrouve plutôt un essai sur les conditions du discours athée. Gilson n'est pas intéressé par les preuves de Dieu : il se demande plutôt comment le discours de l'athéisme serait possible...et pourquoi il ne l'est pas. Dieu est-il mort ? Vouloir défendre cela, c'est déjà poser Dieu dans l'esprit. Impossible qu'il n'y ait aucun être en celui-ci. (Cela n'est pas une preuve de Dieu.) le texte est d'une bonne fluidité et légèrement polémique. Il manque légèrement de systématisation.
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Le 15 mars 1965, Gilson écrit à Augusto del Dolce, philosophe italien : "l'illusion de Nietzsche me semble être de croire que l'homme prendra la succession de Dieu. Si Dieu n'existe pas, l'homme l'a inventé, il ne l'a peut-être inventé que parce qu'il ne pouvait pas s'en passer. Que l'homme ne puisse vivre sans Dieu ne prouve pas que Dieu existe, mais cela permet de craindre qu'à son tour, l'homme cesse bientôt d'exister. Cette pensée me peine, parce que je suis pour l'être contre le néant.
Pour Gilson en 1965, si la fin de l'homme devait advenir, elle résulterait de la mort de Dieu. Sartre en avait posé l'articulation : « il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir«. Une idée semblable de la possible fin de l'homme, mais sur fond de conviction tout autre, à savoir que l'homme est déjà mort, fait la célébrité de Michel Foucault un an plus tard, à la dernière page des Mots et les choses.
p31
Présentation de Thierry-Dominique Humbrecht
La philosophie depuis deux mille ans, est chrétienne sinon par "essence" du moins par "état", c'est-à-dire du fait des conditionnements historiques qui sont désormais les siens. De même, l'athéisme est chrétien et même souvent catholique, non par essence mais par état. Il y a un exercice chrétien de l'athéisme comme il y a un "exercice chrétien de la raison".
p30-31
Présentation de Thierry-Dominique Humbrecht
Hommage à Gilson, historien philosophe.