J'aime beaucoup
Philippa Grégory qui, en plus d'être un auteur à succès, et également historienne, ce qui rend ses romans extrêmement documentés.
J'ai déjà lu bon nombre de romans de
Philippa Gregory, et je regrette que ceux-ci soit traduits dans le désordre. En effet, ses romans suivent une chronologie historique, que l'on ne retrouve pas dans les sorties françaises.
Seul point négatif de ce roman, ce sont des problèmes de traduction que je n'ai jamais rencontré dans les autres ouvrages de l'auteur. Par exemple on rencontre la phrase: " elle n'avait encore pas 16 ans". Et à plusieurs reprises, on trouve ainsi des inversions malheureuses dans l'ordre des mots. Mais c'est vraiment le seul reproche que je puisse faire à ce livre.
Dans ce roman consacré à Catherine d'
Aragon, l'un des points essentiels de l'histoire est la consommation du premier mariage de la reine.
Comme l'explique l'auteur dans la postface, la question de la consommation du mariage de Catherine et Arthur a fait l'objet de bien des polémiques.
Les contemporains semblaient penser que le mariage avait bien été consommé, mais la théorie de la virginité de la reine est devenu la norme après sa répudiation par Henri VIII.
Il ne faut pas oublier que Catherine était une reine très populaire au contraire de Anne Boleyn et que sa répudiation a également marqué le début des persécutions religieuses en Angleterre. Rien d'étonnant dès lors à ce que ses contemporains aient pris fait et cause pour elle, rendant la dissolution de son mariage avec Henri VIII encore plus inacceptable puisque fondé sur un mensonge.
Quant à savoir si ce mariage a bel et bien été consommé, seuls Arthur et Catherine le savent avec certitude.
Philippa Grégory a décidé de partir du principe que la virginité de Catherine était un mensonge destiné à rendre possible son nouveau mariage. Et pourrait-on l'en blâmer? La jeune veuve ayant été totalement délaissée aussi bien par l'Espagne qui refusait de payer l'intégralité de sa dot que par l'Angleterre qui refusait de la renvoyer en Espagne tant que ladite dot n'était pas payée. Quel autre choix avait-elle donc que de se rendre à nouveau mariable?
La narration alterne entre un point de vue omniscient mais centrée sur Catherine, et des passages qui semblent relever du journal intime de la princesse d'
Aragon.
Catherine est une femme de caractère, élevée par une reine guerrière et intransigeante, qui supporte mal l'idée de n'être qu'une reine consort et non une reine régnante.
La soif de conquête et de reconnaissance du jeune Henri VIII vont lui permettre d'atteindre ses objectifs puisqu'elle devra faire face à la menace écossaise en l'absence de son époux. C'est aussi une jeune femme résolument moderne, qui, si elle est profondément catholique, regrette amèrement la perte de connaissance qu'a entraîné la lutte de ses parents contre l'islam. Si elle croit toujours que les musulmans sont des païens, elle pense néanmoins que leurs connaissances, notamment médicales, n'auraient jamais dû être rejetées.
Quant à Henri, sans surprise, c'est un jeune roi arrogant, ne supportant pas la moindre contrariété, justifiant ses infidélités par le sentiment d'avoir été abandonné par sa femme lorsqu'elle était en couches. Malgré l'attitude du roi, Catherine garde la tête haute en toutes circonstances, et on ne peut s'empêcher d'avoir le coeur serré en sachant que tous ses efforts ne mèneront à rien, puisqu'on sait très bien quel sera son destin.
Le livre ne va pas aussi loin, mais il s'arrête un moment clef de la vie de Catherine, le moment où tout a changé.
Même si je l'ai déjà lu, le prochain roman de
Philippa Grégory que je vais lire (enfin, relire pour le coup) sera "
deux soeurs pour un roi", qui commence pendant la période que couvre ce roman et s'étend jusqu'à la fin de la période Boleyn.