Gilbert Grellet est écrivain et journaliste. Il a dirigé le bureau de l'Agence France Presse à Madrid pendant cinq ans. Son ouvrage « Un été impardonnable : 1936 : la guerre d'Espagne et le scandale de la non-intervention » a été préfacé par Mauel Valls. le titre résume le point de vue de l'auteur sur les premiers mois de 1936, pendant lesquels éclate la terrible guerre civile espagnole.
L'auteur expose en de courts chapitres les phases du début de la guerre. Les conquêtes des nationalistes, la défense des républicains permettent de dresser le tableau spatial du conflit. Rapidement, cette guerre s'ouvre à l'international…Les pays voisins sont directement concernés. L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste viennent en aide aux nationalistes, tandis que l'URSS s'engage aux côtés des Républicains. Mais la France du Front Populaire est coincée entre sa volonté d'aider et les républicains et l'Angleterre qui veut éviter la victoire des « Rouges ».
Le propos du livre est donc d'analyser le comportement et les hésitations du gouvernement du Front Populaire dirigé par Léon Blum. le choix de la solution de non-interventionnisme, et dans ce cadre, la recherche d'une solution avec l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie … soulignent l'hypocrisie de Léon Blum et précipitent l'échec des républicains espagnols. Gilbert Grellet en rend responsable Alexis Léger, le secrétaire général du Quai d'Orsay ( le poète qui écrit sous le pseudonyme de Saint-John Perse). Proche des Anglais qui préfèrent les militaires nationalistes, Alexis Léger avance le danger de perdre l'allié britannique … et l'emporte : Léon Blum décide de ne pas intervenir.
Les faveurs de l'auteur vont clairement au camp républicain. Les massacres perpétrés par les troupes nationalistes sont exposés parfois dans leurs détails crus. Il n'oublie pas, cependant, les exactions commises par les anarchistes sur les religieux.
Mais la lecture reste orientée par la connaissance des évènements ultérieurs… le défaut d'une décision forte et rapide en faveur d'une aide aux républicains explique-t-il la marche vers la guerre mondiale ? Quant au choix « impardonnable » de Léon Blum … la complexité de l'époque atténue la sévérité du jugement. La thèse de l'auteur apparaît trop appuyée.
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Extrait de la préface signée Emmanuel Valls , premier ministre :
Ce livre est le récit d'un engrenage terrible . L'engrenage de la guerre civile , de l'horreur , de la folie fratricide qui , pendant l'été 1936 , gagne l'Espagne
Il y a là une " boucle de la violence " qui plonge la jeune République dans un abîme et traîne son cortège de victimes ; Les habitants de Badajoz , massacrés en août 1936 , le poète Federico Garcia Lorca , assassiné quelques jours plus tard à Grenade ; Les curés de Catalogne et d'Aragon , torturés dans la fièvre anticléricale ; ou encore la tuerie de la prison Modelo à Madrid . Et tous ces morts à venir ; tous les bombardés de 37 , tous les décapités de 38 , tous les fusillés de 39 .
L'engrenage terrible , c'est aussi celui des erreurs d’appréciation , de l'indécision , des renoncements successifs , des manques de courage et , finalement , la faillite des démocraties face au péril . Ce livre c'est bien le récit ( et Gilbert Grellet en fait le compte rendu quasi clinique ) d'une décision " impardonnable " l'abandon de la Seconde République Espagnole livrée en pâture aux appétits féroces des putschistes . Or , en l'abandonnant , le camp de la paix n'a pas vu qu'il s'abandonnait lui-même ..............