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Critique de fanfanouche24


Déjà plus d'un mois... depuis cette lecture épatante... ce texte à conseiller à tous les amoureux de la littérature et de la gent canine.
Une sorte d'anthologie très dynamique... à l'image de son auteur, malicieuse, érudite, narrant anecdotes mais aussi faisant découvrir auteurs , textes connus et méconnus, habités par "les chiens", l'amour que nous leur portons… ou parfois des liens plus complexes qui nous lient à eux.

Quelques passages poignants où l'écrivain parle de la disparition de son chien , Ulysse… suivie de près de la mort de son ami, Romain Gary et de Jean Seberg. Comme Jean Grenier l'exprime très simplement « A mesure que j'écris, je commence à considérer mon livre sur les chiens comme un rendez-vous des gens que j'aime » (p.83)

« Les hommes se comportent avec les animaux dans les livres comme dans la vie. Avec plus ou moins de sincérité, d'intelligence, d'amour, de mépris, d'indifférence (…)

Véritable florilège littéraire et artistique, entre Flaubert, Baudelaire, Gary, Dubillard, Colette Audry, Kafka, Léautaud, Tourgueviev, Boulgakov, Vassili Axionov, Faulkner, Maurice Genevoix, Paul Morand, Jacques Brenner, Mirbeau, Georges Duhamel, Cervantès, Racine, Goya , Freud, Virginia Woolf,etc … en passant par la chienne baltique, labrador noir de François Mitterrand, délaissée à la mort de son prestigieux maître, qui fut finalement adoptée par le garde du corps du président …

Pour Kafka, par exemple, les chiens et autres animaux ne sont que des » métaphores de notre comportement et notre condition »…
« Dans le texte complexe et énigmatique –Recherches d'un chien-, Kafka donne la parole à un animal qui médite sur la musique, la terre et ses nourritures, les fins dernières, sur l'impossibilité de parvenir à la vie en commun, la liberté, sur la religion peut-être. Chien philosophe qui cherche et redoute la vérité. » (p. 123)

« C'est ainsi que l'animal de compagnie, de par la brièveté de son cycle de vie, nous dit chaque jour non l'égoïste –memento mori-, mais : je vais mourir bientôt. Au plus profond, les bêtes familières font partie de notre folie, de notre mal de vivre. Parce que les chiens vont nous infliger la souffrance de la perte, une locution populaire les appelle des « bêtes à chagrin » (p.17-18)

En plus de passages passionnés sur la littérature et les écrivains… qui nous donnent envie de « lectures et relectures , ce récit fourmille de détails, sur les mentalités, les comportements envers la gent canine, dans la littérature, la mythologie, l'histoire, et dans la vie ordinaire.
« Dans notre douce France, les hommes n'ont pas de chien blanc (allusion au récit de Romain Gary), mais, dans leur haine pour leurs semblables, ils ont vite adopté les pit-bulls et les rottweillers, sélectionnés pour attaquer tout ce qui bouge » (p.105)

Je lis avec attention cet extrait concernant Faulkner : " Faulkner chasse lui aussi. Mais je ne connais pas d'écrivain qui parle aussi bien des chiens, avec autant d'intelligence, d'amour, d'humour aussi. Dans –Sartoris-, je crois qu'il y a autant de chiens que de personnages humains, et aussi variés. Des jeunes, des vieux, des sages, des sots, sans parler d'une renarde, Ellen, et de sa progéniture bâtarde, aussi ratée qu'il est possible. (p.100)

Ce texte est un concentré d'émotions, et un panorama littéraire, philosophique jubilatoire… A la fin de cette lecture, j'ai très envie de découvrir un texte de Colette Audry, auquel Roger Grenier, fait référence à de multiples reprises : « Peu d'auteurs qui écrivent sur les animaux domestiques s'intéressent au vrai problème : que font-ils là, près de nous ? Je ne vois que Colette Audry qui l'ait abordé de front dans son récit « Derrière la baignoire » (p. 143) »

J'achève cette note de lecture , déjà trop fournie de citations… sur une dernière transcription :

« le livre-chien-
Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne nous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir ? Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours » (p.169)


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