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Catherine Orsot-Naveau (Traducteur)Camille Laurens (Préfacier, etc.)
EAN : 9782757823071
536 pages
Points (07/04/2011)
3.84/5   94 notes
Résumé :
Vouée à une vie de femme au foyer, Katherine est fiancée à l'écrivain William et la perspective de ce mariage fait le bonheur de ses parents. Elle n'arrive cependant pas à nier ses sentiments pour Ralph, modeste avocat, qui la courtise bien qu'il s'intéresse aussi de près à Mary la suffragette... qui elle-même n'a d'yeux que pour William ! Virginia Woolf décrit avec beaucoup d'humour les mœurs de la haute société londonienne pour mieux défendre le droit des femmes à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Magnifique roman de la grande dame de la littérature anglaise Virginia Woolf, Nuit et Jour se situe à Londres au début du 20ème siècle et fait intervenir essentiellement quatre jeunes personnes Katherine, William, Mary et Ralph.
Virginia Woolf analyse les émotions et sentiments de ces personnages très profondément mais s'en tenir à une lecture du sentiment amoureux, du "je t'aime, je ne t'aime plus" ne rendrait pas hommage à cette grande dame. Ce roman ne peut se contenter d'une lecture superficielle. Il faut bien prendre en compte l'approche féministe, ses réflexions sur le droit de vote des femmes, le travail des femmes, la place du mariage et de l'amour dans la société au début du 20ème siècle, les changements apparaissant dans la société.
Au final un sentiment de mélancolie subsiste même si l'humour britannique est bien là notamment avec le personnage de la mère de Katherine (cette héroïne passionnée en cachette par les mathématiques dans cette famille de littéraires).
La préface de Camille Laurens dans l'édition Points est remarquable et je ne résiste pas à la tentation de reprendre quelques lignes de ses propos. " le titre du roman - traduction scrupuleuse de Night and Day - dit certes le passage du temps, le rythme quotidien de la vie, mais il exprime surtout l'alternance, voire la coexistence d'états contradictoires, de sentiments violents qui d'un coup s'affaissent ou peu à peu s'effacent , de sensations insaisissables et de contrastes intimes, comme il y a des ombres au soleil et des lumières dans la nuit. C'est cette double frappe qui nous fascine dès les premières pages, cette "obscure clarté" qui irradie le texte et nous révèle avec minutie ce qu'il a d'unique : sa tristesse solaire, son énergie mélancolique - son sourire, aussi, qui, au-delà de l'humour dont il témoigne, jette sur la souffrance et la vérité une émouvante douceur."

En résumé j'ai beaucoup aimé, ma lecture a été plutôt lente, il me reste encore d'autres oeuvres de Virginia Woolf à découvrir mais j'ai besoin d'une petite pause ! Mon auteure préférée de la littérature anglaise avec Jane Austen mais je reconnais que cette dernière est d'un abord plus facile.
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Deuxième roman de Virginia Woolf.

Nous sommes loin de son univers habituel. Elle-même a indiqué avoir écrit ce livre essentiellement car elle avait peur de sa propre folie et voulait se convaincre qu'elle pouvait "se maintenir en dehors de cette zone dangereuse". La nuit et le jour.

Et, en grande admiratrice de Jane Austen, ce que souvent l'on ignore, elle nous offre là un roman d'amour à la façon de ….

Mais du Jane Austen à la façon de Virginia Woolf reste avant tout du Virginia Woolf. Nous sommes loin de la légèreté sémillante des déboires des personnages austéniens, même si, en toile de fond, Jane Austen nous a dépeint la société de l'époque et notamment, la nécessité pour les femmes de trouver un mari, si possible riche, ou les particularités des règles d'héritage au préjudice des femmes.

Ici, nous avons affaire à un roman d'amour mais également à un roman social. Il y a eu le tournant du siècle bien sûr. Y sont ainsi décrites les luttes des suffragettes pour le vote des femmes, qui sera obtenu en 1918 au Royaume-Uni, là où dans mon pays, la Belgique, il a fallu attendre 1948, ou l'opposition entre la vie de la classe aisée qui vit de ses rentes et le début de l'émancipation féminine qui conduit les femmes à aller prester des activités intellectuelles. Les personnages sont également nettement plus complexes. Néanmoins, il y a en plus, indéniablement, un ton de comédie légère bien absent des autres ouvrages de cette auteure.

A l'évidence, les amateurs de la Virgina Woolf des Vagues ou de la Traversée des apparences, risquent de rester sur leur faim. C'est sans doute la raison pour laquelle ce livre a beaucoup été décrié et reste méconnu voire inconnu.

J'avoue que comme je ne goûte pas trop la prose névrosée de Virginia Woolf, c'est en raison du lien trouvé incidemment concernant les oeuvres inspirées par Orgueil et préjugés, que je suis tombée sur cette référence et que ma curiosité insatiable l'a emporté.

Et bien, vraiment, laissez-vous entraîner également. Vous m'en direz des nouvelles.
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Virginia Woolf (1882-1941) est une femme de lettres anglaise et une féministe qui durant l'entre-deux-guerres fut une figure marquante de la société littéraire londonienne. Sa vie est un roman tragique, la mort de sa mère, décédée de la grippe, et celle de sa demi-soeur Stella deux ans plus tard, entraînèrent Virginia dans sa première dépression nerveuse. La mort de son père en 1904 provoqua son effondrement le plus inquiétant et elle fut brièvement internée. Virginia Woolf se suicide en 1941 après avoir laissé ce mot, « J'ai la certitude que je vais devenir folle … Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. » L'étude de sa vie et de ses oeuvres par les psychiatres contemporains conduit à penser qu'elle présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui « trouble bipolaire » (anciennement psychose maniaco-dépressive), maladie mentale alternant des épisodes de dépression et d'excitation, souvent associée avec une grande créativité mais conduisant bien des personnes au suicide.
Nuit et jour date de 1919 et n'est que le second roman de Virginia Woolf qui nous donnera plus tard Mrs Dalloway ou La Promenade au phare, oeuvres plus connues.
Résumer le roman est assez cruel, Mary aime Ralph Denham qui lui, aime Katherine Hilbery, mais William Rodney alors qu'il doit épouser Katherine, laquelle ne l'aime pas, s'aperçoit qu'il lui préfère Cassandra sa cousine !
Mis à plat aussi sèchement, le bouquin ne devient plus qu'une simple histoire d'amour, roman à l'eau de rose qui j'imagine trouverait sa place dans la collection Harlequin ou un synopsis pour séries sentimentales bas de gamme programmées en milieu de journée à la télévision. Bien entendu ce n'est pas que cela, mais ce sont aussi ses limites. du moins pour moi.
Le lecteur potentiel doit faire abstraction ou prendre en compte plusieurs éléments avant de se lancer dans ce roman de cinq cents pages. Primo, il s'agit d'un roman d'amour avec la connotation légèrement péjorative qu'elle sous-tend, ou bien plus aimablement, dans le genre littéraire de Jane Austin. Secundo, écrit au début du XXe siècle et malgré ses idées novatrices, il reflète les rapports entre hommes et femmes de cette époque, ce qui demande un effort d'adaptation ; par exemple, bien qu'il ne s'agisse que d'amour durant plusieurs centaines de pages, pas un seul baiser chaste n'est échangé, le seul geste intime arrive page cinq-cent-vingt-cinq « …William tout aussi ému, lui prenait la main et la portait à ses lèvres. » Ce n'est pas une critique bien évidemment, mais ça dépayse ! Donc, si vous êtes prêt à entrer dans cet univers qui ne manque pas de charme néanmoins, continuons.
L'intrigue du roman se déroule à Londres. Katherine Hilbery, jeune femme belle et intelligente, vit avec ses parents dans une grande maison typique de la société bourgeoise et traditionnelle de l'époque. Katherine et sa mère, tentent d'écrire une biographie du grand-père, célèbre poète en son temps. La tradition familiale serait donc littéraire, mais Katherine en secret, étudie les mathématiques, symbole d'une rébellion intellectuelle. Elle est un peu perdue, partagée entre ses responsabilités de gestion de la maison et la sauvegarde des traditions incombant à leur position sociale, et les élans réfrénés de sa jeunesse qui sent souffler le vent d'une nouvelle époque. de son côté, Ralph Denham issu d'un milieu moins aisé et responsable d'une famille qui n'a plus de père, travaille dans un bureau d'avocats appartenant au père de Katherine et écrit à ses moments perdus.
Les rapports sentimentaux entre tous les personnages sont souvent pénibles à suivre et relèvent du yoyo, je t'aime/quittons nous, je ne t'aime pas/alors marions nous, tergiversant en permanence, passant de la déclaration d'amour voilée à la rupture en une seule phrase. Je ne conteste pas la plausibilité, le sentiment amoureux est une chose aussi étrange que mystérieuse et Virginia Woolf le dissèque avec maestria allant au fond du fond, mais trop c'est trop, du moins pour moi.
Par contre en arrière-plan on peut y lire et c'est là que se trouve le réel intérêt de ce livre à mon sens, la naissance programmée d'une nouvelle société faite de l'éclosion des désirs émergents des jeunes hommes et femmes surtout, de cette époque. Virginia Woolf aborde le thème du vote pour les femmes avec Mary Datchett, une militante qui sacrifiera son amour à la cause, convaincue qu'une femme doit travailler et être indépendante.
L'autre thème, central celui-ci, le mariage. La femme est-elle obligée de se marier pour exister ? Quelle est la place de l'amour dans le mariage et même, doit-on être amoureux pour se marier ? Katherine, jeune femme moderne, le déclare tout de go à sa mère « Nous voulons nous voir aussi souvent que nous en aurons envie, mais rester libres ».
Un roman qui recèle des questions essentielles, dans une tonalité mélancolique le plus souvent, même si parfois un soupçon d'humour britannique très discret surgit avec le personnage de la mère de Katherine. Ombres et lumières, nuit et jour, un roman facile à critiquer négativement quand on l'aborde superficiellement mais qui néanmoins nous en dit beaucoup sur une époque alors en pleine mutation.
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J'ai été un peu déçu. On m'avait tant parler de Virginia Woolf, puis le dessin de couverture de cette édition était prometteur, un pastiche de la statue de la liberté brandissant un journal pour éclairer le monde. Assez facile à lire, souvent assez drôle, les aspirations d'alors restent très actuels.
C'est souvent le problème quand on attend trop de quelque chose, quand on l'a on se dit souvent :"ah, alors c'était ça, ouais, pas mal".
Je ne ferme pas la porte à une autre expérience.
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Parce que j'ai été subjuguée par la plume de Virginia WOOLF dans « Mrs Dalloway », j'ai ouvert avec hâte son deuxième roman, « Nuit et jour ». le thème qui me paraissait intéressant : l'évolution de la société anglaise Edouardienne, à un moment charnière où les femmes commencent à s'intéresser à leurs droits : de voter, de travailler, de choisir leur mari par amour, etc…


L'auteure fait se rencontrer plusieurs catégories de personnages : Ceux issus d'un milieu social aisé qui, s'ils ne paraissent pas réfractaires aux nouvelles idées, en sont encore à réfléchir sur ce qui demeure pour eux un concept, et ceux qui expérimentent réellement les nouvelles idées pour faire évoluer la société – et s'en sortir financièrement, car il s'agit souvent des milieux moins privilégiés, qui ont besoin de ces évolutions.


Katherine est la descendante d'un célèbre poète pour qui la vie a toujours été d'apparence douce, partagée entre les parties de thé et les invitations mondaines. Elle est admirée et enviée mais, si elle aime d'une certaine façon son mode de vie, elle ressent un manque et aspire à pouvoir étudier l'astronomie – idée qu'elle ne peut pas soumettre en l'état à sa famille. Elle cherche donc à se marier pour pouvoir se consacrer à son gré à cette activité.


« D'abord j'aime beaucoup William. Vous ne pouvez pas le nier. Je le connais mieux que quiconque ou presque. Mais, je l'avoue, si je l'épouse, c'est parce que - je serai très franche avec vous, vous ne devrez souffler mot à personne de ce que je vais vous dire - si je l'épouse, c'est parce que je veux me marier. Je veux avoir une maison à moi. La vie n'est plus possible chez nous. Vous, vous n'avez aucun problème, Henry ; vous pouvez faire ce que vous voulez. Moi, je dois toujours être là. Vous savez bien comment cela se passe à la maison. Vous ne seriez pas heureux non plus si vous ne faisiez rien. Ce n'est pas que je n'aie pas le temps - c'est l'atmosphère. »


Les prétendants ne manquent pas mais, au moment de faire un choix pratique consistant à épouser un homme de son milieu, elle doute et se demande si finalement elle pourra vivre avec lui ou si, pour trouver le bonheur, elle ne ferait pas mieux d'écouter son coeur quitte à sortir de son confort…


« Chercher un sentiment vrai dans le chaos d'indifférence ou de faux-semblants dont la vie est faite ».


On sent d'ailleurs une certaine ironie dès les premières lignes du roman lors de la description de ce confort bourgeois fait d'apparences :


« C'était un dimanche après-midi d'octobre et, tout comme nombre de jeunes-filles de sa condition, Katherine Hilbery servait le thé. Seul un cinquième de son esprit prenait part à cette occupation ; les quatre autres avaient franchi allègrement la petite barrière de jour qui s'interposait entre le lundi matin et ce moment plutôt maussade, et jouait avec les choses que l'on fait de son plein gré, à la lumière du jour. Quoiqu'elle fût silencieuse, elle était manifestement maîtresse d'une situation familière, et encline à la laisser se dérouler, pour la six-centième fois peut-être, sans faire entrer en jeu aucune de ses facultés demeurées libres. »


A l'opposé, Mary est paradoxalement une amie de Katherine qui doit travailler pour vivre. Elle se bat pour ses idées évolutionnistes et notamment pour le droit de vote des femmes sans lequel elle ne conçoit pas de société. Pour elle, le travail est une valeur.


« Mary se sentait solidaire de la foule des employés de bureau, des dactylos et des gens de commerce ; elle partageait avec eux la bousculade, l'humidité et la noble tâche de remonter une nouvelle fois le mécanisme du monde pour vingt-quatre heures. »


« Il y a quelque chose que Katherine ne comprend pas à propos du travail. Elle n'a jamais eu besoin de travailler. Elle ne sait pas ce que c'est que travailler. Moi-même, je ne l'ai su qu'assez tard. Mais c'est ce qui nous sauve, j'en suis sûre.
- Ne pensez-vous pas qu'il existe autre chose que le travail ? demanda-t-il hésitant.
- Rien sur quoi l'on puisse compter, répondit-elle. [...] Que serais-je devenue si je n'étais pas obligée d'aller au bureau tous les matins ? Des milliers de personnes vous diront la même chose - des milliers de femmes. C'est le travail qui m'a sauvée, Ralph, pas autre chose. »


Pourtant, les deux amies se rejoignent sur le thème de l'amour : Katherine, rêveuse insatisfaite, qui semble froide et indifférente tellement ses pensées sont occupées à rechercher un sens à sa vie, et Mary, idéaliste au sens pratique, occupée à changer le monde et ayant désespérément besoin de se sentir utile pour exister, pressentent toutes deux qu'elles ont besoin d'un amour vrai pour ne pas être déçues. Hélas, il se pourrait bien qu'elles aiment le même jeune homme… Mais aucun de ces jeunes gens ne sait réellement définir l'amour, alors comment être certain d'être amoureux ?


Le titre (littéralement traduit) « Nuit et jour » pourrait illustrer cette obsession permanente de trouver l'amour, de rêver l'amour et de l'idéaliser en pensant à lui nuit et jour quitte à déformer sa réalité pour vivre une chimère. le roman entier est constitué par le va-et-vient des sentiments qui paraissent à leurs auteurs, et selon les moments de la journée, tantôt sûrs et limpides (lorsqu'ils rêvent de l'autre idéalisé), tantôt fragiles et embrouillés (lorsque les relations réelles avec l'autre se révèlent délicates). Dans une société encore peu encline à écouter son coeur au détriment des arrangements et convenances, toutes les pensées des personnages tendront à résoudre cette énigme… Et conduisent étrangement à des formes de réflexions assez modernes, comme l'amour hors mariage :


« Vous saviez que vous étiez amoureux ; pour nous, c'est différent. On dirait... (…) On dirait que brusquement quelque chose s'arrête – cède – s'efface – comme un mirage – comme si nous inventions que nous étions amoureux – comme si nous imaginions quelque chose qui n'existe pas. Voilà pourquoi il nous est impossible de nous marier un jour. Découvrir sans cesse que l'autre est une illusion ; partir ; oublier ; ne jamais être sûr que l'on aime ou qu'il n'aime pas en vous quelqu'un d'autre ; le passage terrifiant entre la joie et la tristesse, oui, voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous marier. En même temps, il nous est impossible de ne pas vivre l'un sans l'autre, parce que... »


*****

Dans ce deuxième roman de l'auteure, j'ai trouvé la plume moins remarquable que dans « Mrs Dalloway » dans le sens où elle est plus classique dans la forme et ressemble un peu à du Jane Austen. Tandis que, dans « Mrs Dalloway », la plume et la construction du roman ne faisaient qu'un, rythmant ainsi le récit comme un coup de vent sublime vous fait naviguer d'une pensée à l'autre en un clin d'oeil.


La plume de Virginia WOOLF n'en reste pas moins sûre et précise, exactement rythmée, un petit bijou de pensées ciselées de chaque personnage, et il est intéresant de constater comme certaines préoccupations peuvent nous être familières encore aujourd'hui, ou sembler modernes, intemporels. Il semble que l'auteure y ait mis beaucoup d'elle-même. Les thèmes sont l'amour, le temps qui passe, mais aussi la difficulté pour les femmes, tous milieux confondus, de trouver leur place dans cette société entre aspirations personnelles et devoir, amour et travail, etc...


Une belle expérience de lecture qui plaira beaucoup aux amateurs de littérature anglaise du 19ème avec sa société réglée, sa lenteur, son expectative, mais qui ennuiera probablement les amateurs d'action, les détracteurs de ce genre littéraire en général et de Jane Austen en particulier.


De plus, il s'agit d'un roman où les pensées et sentiments sont tellement intellectuellement décortiqués que je ne me suis attachée à aucun personnage. C'est donc un beau classique sur la forme mais il ne m'a pas captivée au fond à cause de l'indécision permanente des personnages et de l'absence d'amitié pour les personnages. Je reconnais toutefois des réflexions très justes, et demeure très curieuse de lire les romans suivants, où l'auteure semble avoir davantage trouvé son style.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Plus rien n’avait d’importance ; le monde entier n’était plus qu’une vapeur inconsistante, enveloppant une étincelle solitaire dont il pouvait se rappeler le point d’incandescence, mais la flamme s’était éteinte. Son espoir s’était incarné en Katherine mais elle y avait mis fin. Il ne lui en voulait pas ; il n’accusait rien ni personne ; il voyait la vérité. Il voyait la course des eaux grisâtres le long de la rive embrumée. Mais la vie est tenace ; le corps est vivant et le corps lui dicta sans doute des pensées qui l’incitèrent à se remettre en route, le persuadant qu’il est possible de se détacher de l’apparence des êtres tout en gardant la passion qui semblait inséparable de leur corps. Cette passion brûlait maintenant à l’horizon comme un soleil hivernal caché derrière un nuage vaporeux projetant à l’ouest un losange de verdure. Ses yeux fixaient un point infiniment vague et lointain ; c’est grâce à cette lueur qu’il pourrait avancer désormais et qu’il lui faudrait, à l’avenir, trouver sa route. C’était tout ce qui lui restait d’un univers dense et foisonnant.
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She had come out into the winter's night, which was mild enough, not so much to look with scientific eyes upon the stars, as to shake herself free from certain purely terrestrial discontents. Much as a literary person in like circumstances would begin, absent-mindedly, pulling out volume after volume, so she stepped into the garden in order to have the stars at hand, even though she did not look at them.

(Elle était sortie dans cette nuit d'hiver plutôt douce, moins pour se livrer à l'observation scientifique des étoiles que pour s'affranchir de certains motifs d'insatisfaction bien de ce monde. De même que l'amateur de littérature commencerait en pareilles circonstances à prendre distraitement sur les rayons un volume après l'autre, de même, elle était venue dans le jardin pour avoir les étoiles sous la main, quitte à ne pas les regarder.)
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Je crois que je suis amoureux. En tout cas, j'ai perdu la tête. Je ne peux plus réfléchir. Je ne peux plus travailler. Tout m'est indifférent. Mon dieu, Mary ! Je suis au supplice ! Je suis heureux et malheureux tour à tour. Je la hais une demi-heure et ensuite je donnerais ma vie entière pour être avec elle dix minutes ; je ne sais plus ce que je sens ni pourquoi; c'est de la folie pure et pourtant c'est parfaitement raisonnable. Pouvez-vous y comprendre quelque chose ?comprenez-vous ce qui m'arrive? Oui je délire; ne m'écoutez pas, Marie.
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- A quoi sert d’amasser de l’argent et de travailler dix heures par jour dans un bureau ? Vous comprenez, quand on est jeune, on a tant de rêves en tête que l’on attache peu d’importance à ce que l’on fait. Et si l’on a de l’ambition, tout va bien ; on a, du moins, un motif de continuer. Mes raisons ont cessé de me satisfaire : peut-être n’en ai-je jamais eu. C’est seulement maintenant que j’en prends conscience. D’ailleurs, quelle raison avons-nous vraiment de faire une chose plutôt qu’une autre ? Après un certain âge, il devient impossible d’être dupe.
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'But for me I suppose you would recommend marriage ?' said Katharine, with her eyes fixed on the moon.
'Certainly I should. Not for you only, but for all women. Why, you're nothing at all without it; you're only half alive; using only half your faculties; you must feel that for yourself.'

"Mais à moi, je suppose que vous préconiseriez le mariage ?" dit Katharine, sans quitter la lune du regard.
"Oui, certainement. Pas seulement à vous, mais à toutes les femmes. Voyons, vous n'êtes rien sans cela ; vous n'êtes qu'à moitié vivantes ; vous n'exercez que la moitié de vos facultés ; vous devez bien le sentir."
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Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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