C'est l'histoire d'un brave garçon, Honoré, qu'on marie à une servante qui tournait un peu trop autour du jeune fils de la maison. Et pour le plus grand malheur d'Honoré, le mariage ne calme les ardeurs de personne. Quand il les retrouve tous les deux au lit, il ne se pose pas beaucoup de questions, et les abat tous les deux. Selon les lois morales du village, il est dans son droit, et son honneur est sauf. Aux yeux de la loi, c'est un criminel, bientôt condamné à mort.
Cela étant dit, la loi ne s'applique pas aussi facilement qu'elle le voudrait, même dans un petit village a priori inoffensif. Avec la mauvaise volonté manifeste des habitants à le dénoncer, Honoré parvient à vivoter, caché tantôt dans le maquis, tantôt sur les îles d'Hyères toutes proches. Malgré la maréchaussée et les chasseurs de prime qui lui courent éternellement après, il y a toujours une bonne âme pour lui donner le petit coup de main indispensable au bon moment.
Roman assez mélancolique, tant on voit mal comment l'histoire pourrait bien se terminer. Malgré la fuite et l'ingéniosité du poursuivi, malgré les rencontres de gens avec le coeur sur la main, la fin tragique paraît inéluctable.
L'auteur restitue à merveille la vie rustique et les liens solides qui peuvent unir deux âmes simples soudées dans l'adversité. Je pense que l'on appréciera d'autant mieux l'histoire que l'on connaît un peu la région dans laquelle se passe le récit, mais les amateurs de littérature de terroir seront comblés !
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— Au fait, tu n'aurais pas aperçu Taulié ? Depuis trois ans qu'il court les bois, tu l'as certainement croisé ?
— Quel Taulié ?
— Le tueur pardi ! Celui qui a tué sa femme et l'amant.
— Mais alors, il a vengé son honneur ! Si, par hasard, je rencontrais un homme d'honneur, vous voudriez que je le dénonce ? Si, en rentrant de tournée, vous trouviez votre femme dans les bras d'un autre, tout gendarme que vous êtes je voudrais bien savoir ... ?
— Au regard de la loi, c'est un assassin qui a été condamné à mort aux assises de Draguignan.
— Pour la loi peut-être, mais pas pour moi.
Au cimetière de l'île du Levant, la stèle des enfants du Levant, 18/01/2012