Un soir d'avril 2022, calé sur le canapé avec un bouquin pendant que le reste de la famille gobe devant Koh Lanta, une petite bulle de Messenger s'ouvre sur mon téléphone. Mais qui donc peut bien me contacter par ce canal que personne de ma connaissance n'utilise ?
Juste un petit message d'un certain
Sébastien Guaietta : "Bonjour à vous. Intéressé par la lecture de mon roman afin de donner un petit avis ? "
Et là, d'un seul coup, j'ai senti une vague de chaleur m'envahir associée à une vague de stress... et de panique aussi. Un auteur qui me demande mon avis sur son bouquin ??? Mais, what the fuck ???
Et là, tout à coup, ma tête et mes chevilles se sont mises à enfler. Comme une baudruche qu'on gonfle à l'hélium. Je me suis élevé dans l'air. Mais comme seuls les pieds et la tête avaient gonflés, mon corps faisait une sorte de V quand j'ai touché le plafond, les fesses vers le bas. Ma femme et mes enfants, pris de panique, se sont mis à hurler devant cet événement surnaturel. Ma femme s'est précipité dans le cagibi pour chercher un balai pour me faire redescendre. Mon fils a immédiatement contacté le curé du coin pour procéder à un exorcisme. Ma fille, quant à elle, a filmé la scène pour la mettre sur TikTok ...
C'est uniquement quand j'ai entendu que les aventuriers de la tribu jaune avaient décidé d'éliminer Stéphanie (et que leur sentence était irrévocable) que je suis sorti de mon séjour transcendantal au pays du melon levant.
Tout ça pour dire que c'est avec une certaine excitation que je me suis mis à la lecture du premier roman de
Sébastien Guaietta,
la soirée, malgré une pile à lire qui déborde de tous les côtés.
L'histoire, qui se passe en 2029, tourne autour d'un mec un peu énervant. Enervant, tout d'abord parce qu'il n'a pas de prénom. Ou du moins, l'auteur ne le mentionne jamais dans le texte. Dans un souci de faciliter la comprehension de la chronique, je prend donc la liberté de le baptiser moi-même : ça sera donc Jean-Quentin.
Énervant aussi, parce que le Jean-Quentin, il a tout pour être heureux. Il est né avec une cuillère en or dans la bouche. Il n'aurait même pas à travailler s'il le voulait mais il a quand même fait de brillantes études et a dégoté un boulot sympa dans lequel il fait fureur. Et pour couronner le tout, il est en couple avec Virginia, une bombe atomique que tous ses potes lui envient. Mais malgré ça, Jean-Quentin est malheureux. Il fait sa petite crise existentielle à l'approche des 30 ans, ou des 40 ans, on ne sait pas trop. Et il décide de prendre un peu de recul sur sa vie, son boulot, son couple.
Et quoi de mieux pour réfléchir sur son existence que de s'enfermer dans une chambre miteuse d'un hôtel de passe dans un quartier peu ragoûtant de Charleroi, situé rue Charleville, avec pour seule compagnie un bouquin de
Michel Houellebecq ...
Dire que ce n'est pas la meilleure idée qu'il ait eue de sa vie n'est pas usurpé.
Tellement déprimé qu'il ne se lave plus, qu'il de désaltère au
Jack Daniels et qu'il ne mange quasiment rien. Il faut dire que la nourriture de Pierrot, le patron de l'hôtel, est aussi ragoûtante que celle d'un repas de fête anglais. du coup, il repère une petite minette à peine majeure qui fait le trottoir au pied de l'hôtel et la missionne pour lui faire quelques courses. Comme Jean-Quentin n'a pas vraiment la tête aux batifolages et même s'il la trouve jolie, il ne franchira donc pas la limite de la petite culotte avec elle. C'est aussi bien comme ça. de toute manière, il ne bande plus. Neanmoins, cette jeune fille l'intrigue et il passera un temps certain à l'observer par la fenêtre.
Cette retraite "requinquante" va durer quelques jours après lesquels il décide de reprendre à peu près une vie normale. Mais voilà que, badaboum, il rencontre une belle algérienne, prénommée Hind, dont il va avoir le coup de foudre. La réciproque est aussi vraie mais, malgré la passion dévorante entre eux deux, Jean-Quentin n'arrive toujours pas à bander ... Hind, la belle algérienne, se montre patiente neanmoins affectueuse. Elle l'invitera même à une soirée privée qu'un ami à elle organise dans une petite ferme en pleine campagne. Il y aura d'autres convives et même peut-être quelques célébrités.
Cette soirée va être une des plus originales de sa vie.
Parallèlement à ça, Marcel, un commissaire à deux doigts de la retraite et mis complètement placard suite à une grosse boulette réalisée en début de carrière, se met à enquêter en loucedé sur le meurtre d'une jeune prostituée, rue Charleville à Charleroi. Et il ne sera pas au bout de ses surprises...
Un roman qui commence doucement dans une atmosphère houellebecquienne et qui se termine en thriller redoutable.
Bien joué, Monsieur Guaietta !