- Quelle est votre analyse de la recrudescence du débat ethniciste et identitaire, frôlant souvent avec les limites du racisme, dans le paysage politico-médiatique algérien ces dernières années, singulièrement depuis le début du Hirak ?
- Si la crise de 1949 a mis à nu les pratiques et les limites du nationalisme algérien, le Hirak a mis à nu le système politique et dévoilé des réalités de la société algérienne. Une bonne partie des manifestants du mouvement populaire refusent d'être manipulés, une énième fois, par les décideurs sur le « danger kabyle ».
Plusieurs Algériens ont manifesté leur appartenance à l'Algérie plurielle et même à se revendiquer Amazighs dans plusieurs villes et villages non-amazighophones d'Algérie. L'ethnicisation du débat a été lancé en 1949.
La propagande anti-kabyle est depuis ressassée à chaque crise politique majeure, au moment de lutte pour le pouvoir ou de contestation du pouvoir : la guerre d'indépendance, la révolte du FFS de 1963, la création de l'Académie berbère, le Printemps berbère de 1980, l'assassinat de
Lounès Matoub en 1998 et, plus proche de nous, le Printemps noir de 2001 durant lequel le régime a activé ses relais et sa presse pour fustiger « le danger » kabyle et montrer du doigt « l'ennemi intérieur ».
Il a utilisé les mêmes procédés dans la Vallée du M'zab et chez les Touaregs. Comme il l'a fait, dans d'autres régions, en réactivant des rivalités ancestrales entre tribus. le pouvoir algérien est expert dans ce jeu dangereux de la manipulation. Il a réussi là où le colonialisme a échoué : diviser les Algériens !
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