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EAN : 9782264062604
240 pages
10-18 (19/02/2015)
3.86/5   35 notes
Résumé :
Cet album de vignettes cubaines est hanté par la faune haute en couleur de la rue, dans un mélange tropical de moiteur et de misère, de verve et de brutalité. Au sein d'un système corrompu, la survie à Cuba passe par l'érotisme et l'alcool. Insatiablement !

« On prend le café et je rentre en bus. Il est quatre heures de l'après-midi. Il fait chaud, les gens sont beaucoup plus énervés,et l'odeur d'aisselles plus intense. J'ai envie de me déconnecter. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
19 courtes nouvelles qui brossent un portrait de Cuba explosif où l'on retrouve un narrateur aigri dont le couple est en fin de parcours.
Obsédé par le sexe, sans doute, sa seule bouffée d'oxygène, il tente vainement de vivre de sa peinture et de l'écriture.
Misère, saleté, mauvais rhum, trafic en tout genre, sexe et re -sexe, ça sent la sueur et la poubelle.
Tous les personnages sont alcoolos et glauques. Pourtant, ils sont attachants.
Peut-être moins torride que "trilogie sale de la Havane" et "le nid du serpent"...Ou alors je m'habitue..sourire
On retrouve le style toujours cru et imagé de Guttierez.
Le livre commence par une citation d'Hemingway :
"j'avais trop aimé et trop exigé, et j'avais tout consommé" .
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Il m'a manqué ce salopard. Cinq ans qu'il n'avait pas donné de nouvelles. Son dernier roman, le nid du serpent, m'avait terriblement secoué. A la limite de l'insoutenable, il m'avait laissé au bord de la nausée, au sens propre du terme. Il faut dire que celui que l'on surnomme le Bukowski cubain n'y va pas avec le dos de la cuillère. Depuis son premier texte publié en France en 2002, Gutierrez utilise toujours à peu près les mêmes ingrédients : La Havane, le rhum, les filles, la crasse et la misère. Un cocktail explosif que l'on ingurgite à chaque page et qui est parfois difficile à digérer.

Les 19 nouvelles présentes dans ce recueil permettent à Gutierrez de répéter ses gammes. le narrateur, double littéraire de l'auteur, est aigri et désenchanté. Il vit de l'écriture et de la peinture, boit beaucoup et est un sacré obsédé sexuel. Sa femme le sermonne : « Tu es choquant et lourd. Tu écris toujours sur la même merde de tous les jours, sur la misère et les emmerdes. Même moi je peux pas lire tes livres. Écris quelque chose de plus gai, de plus convenable. » Difficile de lui donner tort. Loin du Cuba des cartes postales, Gutierrez décrit la vie des moins que rien. Ses personnages sont cinglés, alcooliques et cradingues. Une de ses conquêtes, lucide, affirme : « Cette île est une cage. » Et force est de reconnaître que les spécimens qu'elle renferme ont de quoi vous foutre la trouille.

La prose, d'une grande vulgarité, reste étonnamment fluide. Beaucoup de sueur, de sexe, de brutalité, d'odeurs nauséabondes. Au coeur de tous les textes, la survie. Souvent, elle passe par les petits trafics, les touristes que l'on peut plumer ou la prostitution. le narrateur navigue dans cette faune haute en couleur, toujours très à l'aise. J'aime son coté macho, latin, toujours prompt à parler de ses exploits au lit, à exhiber fièrement ses 18 cm et à vanter son endurance digne d'un coureur de fond.

Évidemment, L'insatiable homme araignée n'est pas à mettre entre toutes les mains. Trop cru, trop choquant, trop sensuel. Personnellement, c'est mon truc, mais je ne conseillerais cet auteur à personne. Faites-vous votre propre idée, en commençant par exemple par Trilogie sale de la Havane, publié en grand format par Albin Michel (réédité depuis en 10/18). Si vous passer ce cap, vous pourrez vous enquiller la suite sans sourciller et découvrir un auteur totalement inclassable. A vous de voir…


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Les cartes postales sont toujours trompeuses. Elles vantent des plages de sable fin, de vieilles voitures américaines très colorées, des plantations de tabac immenses et verdoyantes. Pedro Juan Gutiérrez prend la carte, la déchire, nous prend la main pour nous guider dans Cuba. Sous-entendu : le vrai. L'ancien rêve communiste. L'ancienne utopie égalitariste. Certes, le soleil et la chaleur sont toujours là, mais même sur la plage, ils n'ont rien d'enjôleurs : le soleil brûle la peau, la plage est jonchée de bouteilles de mauvais rhum. L'insatiable homme araignée semble alors opposer deux dynamiques : d'une part, celle d'un rêve politique et social qui se dilue dans une réalité matérielle très difficile ; de l'autre, et c'est cette dynamique qui porte réellement le livre, la vitalité d'un homme et d'un artiste.

Pour commencer, la forme du livre interroge. S'agit-il d'un recueil de nouvelles, d'un roman ou d'une autofiction ? Autofiction sûrement, car plusieurs signes indiquent qu'auteur et narrateur ne font qu'un, partageant les mêmes professions (journaliste et écrivain), le même âge ... le livre est donc une mise en scène quasi contemporaine des évènements vécus (Gutiérrez termine d'écrire le livre en 2001, et les principaux évènements ont lieu lorsqu'il a 50 ans, donc vers 2000). le qualificatif de recueil de nouvelles, lui, pourrait se justifier par le fait que chaque épisode reçoit un titre ; chacun de ces épisodes narre une tranche de vie précise, et a un début et une fin. Cependant, la frontière avec le roman est mince, puisque l'ensemble des épisodes fait sens comme un tout, et chacun d'eux peut être vu non pas comme une nouvelle, mais comme un chapitre. Les thèmes développés sont les mêmes, les personnages sont récurrents (le narrateur évidemment, sa compagne Julia, sa mère, Gloria ...) et l'on peut aisément relier les différents récits entre eux. Ainsi donc, le livre de Gutiérrez revêt une forme hybride, où il se met au centre d'un récit décrivant ses errements amoureux et sexuels dans un Cuba délabré.

Bien qu'engagé dans une relation de couple avec Julia, le narrateur côtoie intimement de nombreuses femmes, attiré par leurs formes et leur goût pour la chose. Son émotion, si elle est parfois amoureuse - ainsi pour le premier chapitre / la première nouvelle -, est toit de même davantage physique, symbolisée par son vît dressé dont le narrateur ne rechigne pas à décrire la dureté ou la longueur. le sexe - dans toutes ses dimensions, depuis le regard appuyé jusqu'à l'acte proprement dit en passant par l'invitation verbale plus ou moins insistante - est omniprésent dans le récit, omniprésent à Cuba : dans les lits, les hôtels, les parcs .. le langage cru et direct célèbre les corps chauds et sensuels et ne cherche pas à cacher ou à enjoliver l'acte sexuel. Poils, sueur, salives et autres liquides corporels dégoulinent de chaque page. le sexe est ici amoral, et il est aussi un facteur d'égalité des sexes, car le narrateur est aussi recherché par ses partenaires féminines. Toutefois, le corps de la femme est parfois objectivé, comme en témoigne l'épisode de l'hôtel, où le narrateur et deux de ses compagnons tentent, sans succès, de parvenir à leurs fins avec quatre jeunes femmes. de la même façon, si l'infidélité masculine est décrite comme normale - l'homme a des besoins et toute femme sensée ne laisse pas sortir son mari de chez elle sans l'avoir délivré de ses démons charnels -, l'infidélité féminine est toujours perçue comme une attaque contre la dignité de son mari, une blessure irrémédiable. Ainsi l'acte sexuel peut-il être amoral - dans le cas des hommes et des femmes qui se donnent au narrateur - ou purement moral, si une épouse en venait à tromper son mari.

Le narrateur, cependant, n'est pas qu'un être de chair. D'ailleurs, son corps, lentement, le trahit, la vieillesse le guette. A cinquante ans, et malgré sa vigueur infaillible, il s'inquiète des signes annonciateurs de la déchéance physique (ainsi l'épisode du spermogramme). Les cigares et le rhum, associés à l'écoute de Brahms ou de Wagner - ce qui le place, donc, dans une catégorie intellectuelle élevée, à défaut de la catégorie sociale - entament aussi son esprit tout en l'élevant et en lui permettant de créer ses oeuvres littéraires ou picturales. le narrateur apparaît ainsi comme un être ouvert à toutes les passions, physiques comme intellectuelles, égocentrique, dépendant de l'affection des femmes, meurtri par l'amour et affligé par la solitude.

La toile de fonds, évidemment, est constituée par la déchéance du rêve communiste cubain. Les lieux évoqués - Centro Habana, le quartier du Calvaire, la maison en campagne de Julia - sont caractérisés par la pauvreté matérielle généralisée, la recherche constante de nourriture, le manque des denrées de base. le narrateur, qui admet lui-même aspirer la moelle de ceux qu'il rencontre en les écoutant parler, croise divers personnages : certains ont abandonné des carrières prestigieuses - ainsi un ingénieur - pour un travail leur permettant de manger, d'autres, tel cet ancien photographe, ont renoncé à leurs idéaux pour mener une vie matérielle confortable. Toutefois, le narrateur vit dans un microcosme de pauvreté où la quête d'argent est constante ; nombreuses sont les femmes qui vendent leurs charmes, et la débrouille est très répandue (le conducteur de bus, par exemple). Les rêves d'ailleurs se concrétisent parfois (Miami, le New Jersey ...) mais la résignation est souvent de mise, et l'ailleurs demeure simplement un rêve. Insatiable est le narrateur, et les Cubains avec ; d'amour certes, et de désespoir.
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Sublimissime ce recueil de "vignettes" sur la vie de Pedro Juan Gutierrez à Cuba, et notamment à La Havane ! C'est le cinquième ouvrage que je lis de cet auteur et j'avoue que j'ai bien pris le temps de le déguster ! Chaque histoire que l'on trouve dans "L'insatiable homme-araignée" a une force, une sensualité à couper le souffle. Gutierrez nous emmène avec lui dans le marasme de la Havane, écrasée sous le poids de sa pauvreté, et d'autant plus que la chaleur est moite et pesante. Mais il aime cette capitale et on le ressent. Chaque vignette est une ode à cette ville meurtrie, qui croule sous le poids de la faim de ses habitants et des dysfonctionnements liés à la dictature castriste. Enragé, Gutierrez saisit la réalité et la jette telle quelle sur des pages blanches. Ce n'est pas moi, c'est lui qui le dit... Ce "réalisme sale", qui n'est pas si sale finalement puisqu'il ne s'agit que de la vie telle qu'elle est, est enivrant. A l'instar du mauvais rhum que boit notre auteur. Sauf que ce dernier ne fait pas mal à la tête. Bref, j'adore Gutierrez...
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Une île paradisiaque pour les touristes, un enfer pour ses habitants qui survivent tant bien que mal dans ce bourbier à la chaleur étouffante. Cuba. La Havane. C'est ici que se déroule les 19 nouvelles que composent ce recueil inondé de rhum, empli de filles plantureuses mais l'espoir en l'avenir n'existe plus.
Le narrateur, double littéraire de l'auteur, marié vivant de peinture et d'écriture se jette à corps perdu dans l'alcool et les femmes, un homme désenchanté prenant la vie comme elle vient et n'espérant guère mieux de la vie que ce qu'elle ne lui offre déjà pas.

Une société cubaine décrite durement, la faim, le manque d'argent et de vivre y sont mainte fois décrit, dans l'une des premières nouvelles un des personnages mange un poulet en sachant très bien qu'il est pourri et donne comme explication qu'il avait terriblement envie de viande. La prostitution y est décrite ainsi que le délire de ces personnages tous alcooliques, vulgaires et cinglés vivant dans cette « cage paradisiaque ».

Je ne vais pas affirmait que la prose de l'auteur est gracieuse malgré sa limpidité car c'est assez … indécent voire choquant mais c'est ce qui fait la renommée de Gutiérrez et n'empêche nullement le lecteur d'arriver au bout du chemin et de se dire « quel sacré bonhomme ce Gutiérrez, le chenapan !!! aahahahaha »
Le texte très fluide découpé en petits morceaux de vie permet de savourer le récit si réaliste et de se révolter sur le quotidien des habitants, d'applaudir leur survie malgré un manque total d'espoir ; une vie au milieu de l'odeur de pourriture et de sueur, des émanations d'alcool et des trafics en tout genre où la seule échappatoire du narrateur est le sexe.

“Je me dis parfois que la vie ici se réduit à la musique, au rhum et au sexe. le reste, c'est du décor.”
Tout est dit !
Lien : https://leslecturesdestemilo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Autour de nous, c'est la misère. Joseito vit dans une petite maison, rue Esperanza, pas très loin du marché. Il a transformé son salon de trois mètres sur quatre en hangar à fruits et légumes. ça pue toujours les fruits pourris. Les souris, les cafards et les mouches envahissent sa maison. Sa femme supporte sans rien dire. Ils n'ont pas d'enfants. Elle n'a jamais pu tomber enceinte. Elle a maintenant cinquante ans, comme lui, mais elle s'entretient. Lui est gros et bedonnant. Elle est aigrie et silencieuse. Elle sait qu'il a des aventures, surtout avec ces salopes de vendeuses du marché. Elle ne peut que souffrir en silence. Elle n'a pas d'autre solution
page 114
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C'est peut-être ce qui m'a sauvé : les cuites, les femmes, faire sortir la rage, tout envoyer bouler, ne rien attendre de personne. Et écrire. Ivre, aux aurores, j'écrivais des nouvelles sur tout ce qui m'arrivait. C'était très amusant. Et j'ai continué. Et j'en suis là.
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Je ne savais pas encore ce que c'était que d'être amoureux comme un chien et de ne pas pouvoir se séparer d'une femme sans drame. Et je me disais: "Un homme ne doit jamais perdre le contrôle". Je me voyais comme un leader, qui maîtrise absolument tout. Et ça me plaisait beaucoup à moi, l'Implacable. Puis les années ont fait leur chemin et beaucoup de choses me sont arrivées.
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À sept heures moins cinq, je me lève pour me rendre à ma première réunion des A.A. Je suis rempli d'espoir et de curiosité. Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont ça se passera. Je m'arrête à quelques mètres de la porte. Je jette un coup d'œil à l'intérieur depuis la rue. Et je cesse de penser. Tout simplement, je cesse de penser.
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Je retourne au Casa Grande. Je commande un double et un cigare. Ce qui est terrible, c'est l'incertitude. C'est aussi mortel qu'une balle dans la tempe.
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