Simon est un drôle de numéro : tueur à gage et ancien flic, homme à femme au visage meurtri. On lui a mis sur le dos le meurtre de son amie, Cora, ce qui lui a valu d'être sorti de la Police. Cette fois, il doit mettre la main sur
Verlaine, un comptable qui en sait trop sur certaines affaires où argent et politique s'entre-mêlent. L'homme s'est évaporé pour sauver sa peau. Comme
Verlaine peut aussi lui être utile pour braquer un camion transportant un laboratoire de stupéfiants, Simon met tout en oeuvre pour le retrouver au plus vite.
L'histoire est un ensemble de tableaux qui souffrent d'un air de déjà-vu. Hommage volontariste aux hard-boiled américain, le récit tombe dans une intrigue très noire où les protagonistes se succèdent de façon artificielle, ne présentant pas assez d'épaisseur psychologique pour accrocher le lecteur.
Deuxième défaut de ce court récit : à trop ancrer les descriptions et les dialogues dans son époque (1983), Pagan emploie un vocabulaire daté, caricatural même, et ses références ne diront malheureusement rien à beaucoup de lecteurs d'aujourd'hui.
Troisième défaut : la construction du récit. le coup de théâtre dans les dernières pages laisse penser que l'auteur est passé à côté de son sujet. Pagan avait un splendide salaud au bout du crayon, mais à force de rester flou sur son passé, cette fin – mal amenée – tombe comme un cheveu sur la soupe.
Dommage, car l'écriture a son charme, avec des phrases courtes, mordantes, économes et très expressives. Je pense qu'elle aurait pu être être sans doute mieux exploitée en se démarquant de références qui ont noyé l'essentiel de ce livre.
Peu convaincu par
Je suis un soir d'été (titre énigmatique et que je ne m'explique toujours pas) malgré la renommée de cet auteur, j'y ai trouvé un bon contre-exemple des règles d'écriture de
Stephen King. Une écriture authentique et la focalisation sur une thématique auraient sans doute permis de renforcer l'intérêt pour le personnage trouble que représente Simon.
T. Sandorf.
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