Un essai brillant sur le combat intérieur qu'est la foi ! Un appel à l'inquiétude de l'âme ! le croyant ne devrait jamais se satisfaire ou s'enorgueillir de sa foi. le Saint n'est pas celui qui occupe le premier rang mais celui qui se tient à distance, " qui ne veut pas lever les yeux vers le ciel"
Dans cet essai, l'auteur montre ce qu'est la foi des démons. Oui, Car selon l'auteur les Démons croient ... Fabrice Hadjadj appuie son idée sur l'Ecriture et la théologie.
Pour Fabrice Hadjadj la faute de l'homme ne réside pas dans l'ignorance athée, ni dans la faiblesse de la chair ... mais dans l'orgueil superbe ... obstiné, volontariste, démoniaque ... que l'on retrouve chez de nombreux croyants ... que l'on retrouve en soi ...
Le livre se termine par trois leçons qui prennent le contre pied de ce que l'on peut entendre habituellement sur la foi. Farbice Hadjadj n'aime rien tant que briser les idées reçues sur le catholicisme.
Dans la première leçon intitulée le fruit des entrailles, l'auteur fait la part belle au corps féminin.
Dans la deuxième leçon intitulée Aunque es de noche (Bien que ce soit de nuit, refrain d'un poème de Jean de la Croix), l'auteur évoque la détresse mystique de certaines figures du catholicisme, le doute fécond qui étreint les plus grands saints
La troisième leçon ... en fait, il n'y en a pas, le chapitre est vide ... il est à " laisser écrire par la grâce avec son propre sang"
En tant qu'il nie l'existence de Dieu, ou la divinité de Jésus, l'athéisme n'est pas le pire refus de Dieu possible. Pascal y voit même, quand cet athéisme est une inquiétude et non un contentement, un état qu'il faut plaindre plutôt que blâmer : " Plaindre les athées qui cherchent, car ne sont-ils pas assez malheureux ? Invectiver contre ceux qui en font vanité."
L'athée qui cherche n'est pas satisfait de son athéisme. Il devine que cet athéisme, à devenir trop confortable, se changerait lui-même en un fétiche domestique. C'est qu'il n'est pas facile d'être athée pour de bon. On brise une idole, soit ! mais que ce ne soit pas aussitôt pour en construire une autre : l'argent, la volupté, l'art, la science ... Que ce ne soit pas non plus pour sacraliser ce geste du brisement : il y a un intégrisme de la transgression, et ses prêtres sont d'autant plus féroces qu'ils sont persuadés d'être les thuriféraires de l'absolue liberté.
On se souvient des démons qui s'installent dans l'âme balayée et rangée. Sept plus un, huit, c'est le nombre des béatitudes. Satan étant " singe de Dieu", j'imagine la parodie :
Heureux les riches de leur propre esprit, les principautés de ce monde sont à eux.
Heureux les durs, ils posséderont la terre conquise.
Heureux ceux qui pleurent, pourvu qu'ils se disent que le méchant c'est toujours l'autre.
Heureux ceux qui ont faim et soif de leur propre justice, ils sauront toujours revendiquer.
Heureux les miséricordieux, ils pratiqueront l'euthanasie.
Heureux les coeurs qui se sentent purs, car ils verront le diable.
Heureux les pacifistes, ils signeront d'autres Munich.
Heureux ceux qui se targuent d'être persécutés en retour, les principautés de ce monde sont à eux.
Le grand bluff, dans nos chrétientés déchristianisées, consiste à récupérer la compassion pour la retourner contre le Christ. Compassion de la tripe sensible contre celle du coeur ardent : elle aurait consisté à faire avorter Marie, pour lui éviter à la fois la répudiation et ce fils voué au supplice monstrueux, et, s'il était trop tard pour cette sollicitude, à donner du moins à Jésus non pas le vinaigre sur la Golgotha, mais un cocktail lytique à Gethsémani. Les chrétiens sociaux craignent de passer pour tortionnaires, si bien qu'ils finissent par céder à la gentillesse létale. Mais les "cathos-tradis", en face, se font aussi avoir à ce jeu de la compassion : que tout se résume à la lutte contre l'avortement, et qu'on oublie d'annoncer la Grâce qui sauve le misérable ( spécialement l'avorteur), voilà qui réjouit infiniment l'Enfer.
Jésus était-il vraiment Juif ?