Voilà un bien étrange roman auquel je ne m'attendais pas vraiment… A la lecture de la 4ème de couverture, j'avais imaginé un roman sur les retrouvailles entre un fils et sa mère, emprisonnée à la suite d'un accident de la route ayant couté la vie à un homme ; la redécouverte par sa mère d'un petit garçon devenu adolescent et s'étant inventé une vie d'ado idéale, emplie d'amis, de fêtes, de bons moments, une vie bien éloignée de la réalité !
Mais en fait, ce récit nous emmène dans les pas et les pensées de Jonas, adolescent qui a donc grandi sans sa mère mais avec le poids d'une culpabilité indirecte car filiale, d'une absence pesante et finalement, le poids d'une différence familiale qu'il a sans doute voulu accentuer encore davantage par un comportement d'adolescent rebelle, asocial, sans filtre et surtout pervers ! Tout un programme ! J'avoue que l'histoire n'est pas sans intérêt car elle nous raconte à travers ce garçon « à part », un peu « difficile », les tourments adolescents, les premiers questionnements sur l'amour, le désir, la sexualité, et leur mode d'expression, mais aussi sur l'identification ou non à un groupe, la difficile acceptation des différences, celles des autres comme les siennes propres, … Autant de sujets qui sont abordés avec un style brut et direct, parfois un peu trop cru, mais avec beaucoup de sensibilité et de réalisme.
Ce fut donc une lecture rapide qui m'a fait écarquiller les yeux, froncer les sourcils, et dont j'aurais aimé une fin un peu plus positive, encourageante, pour Jonas. Un roman surprenant jusqu'à ses dernières pages !
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Jonas attend la sortie de prison de sa mère, jugée pour homicide en état d'ébriété. Il prétend lors de ses visites à sa mère au parloir avoir une vie agréable d'adolescent. En réalité, il est le souffre-douleur de sa classe, n'a pas d'amis. Il va pourtant tout faire, avant que sa mère ne rentre, pour essayer de se créer une vie "normale". Mais qu'est-ce que la normalité ?
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Ce roman, qui s’adresse à de jeunes adultes, explore ce temps particulier qu’est l’adolescence et la difficulté de se construire, de devenir adulte lorsque l’on se sent différent, au sein d’une famille en déliquescence marquée par un drame affreux. […] L’écriture de Hilde Hagerup accentue la noirceur du propos : sa langue est âpre, rude et directe. Elle sait dire l’indicible, avec une grande sensibilité.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Jonas Nilsen avait un monstre dans le ventre.
Il devait pourtant pouvoir le tuer.
Il devait pouvoir s'ouvrir le thorax et perforer son propre poumon avec une petite épingle.
Il réussirait peut-être alors à extraire un peu de cette chose noire, visqueuse.
Plus que dix jours. Jonas, allongé sur le dos dans son lit, pointait sur lui une carabine à air comprimé qui n'existait pas, si ce n'est ans sa tête, une carabine sans véritable dètente, sans munitions, mais il tira quand même.
Bang ! Bang ! Bang !
Il imaginait sa mère et son père dans le pick-up, le long trajet du retour. Deux heures. En deux heures, on a le temps d'en dire des choses. En deux heures, on a le temps de dire ce que l'on a sur le coeur.
"PUTAIN DE BORDEL DE MERDE!"