"Bulle de savon" la coexistence de l'ombre et de la lumière. L'expérience existentielle.
C'est un roman sensible, contemporain. Intime et immense, tout en mouvement, musique et accord.
D'emblée la fusion coopère. L'histoire s'efface. Nous sommes dans le réel avec une playlist apprenante et qui donne le tempo. Écoutez voir !
Tout commence en 2006, une fête dans le 20ème où la narratrice est invitée. Elle a 25 ans et "il y a des soirs où l'on a le mojo. Où l'on se sent bien, à l'aise, sur la même longueur d'onde que le reste des gens".
Volubile, jeune et libre, elle est dans la compilation même de ses choix. Elle rencontre fortuitement Jason "et il m'a fauché comme du blé mûr". A peine 20 ans, britannique, beau, avec autour de lui des filles telles des groupies.
"Qu'avais-je fait pour mériter cela. Rien du tout... Ma seule partition, c'était la musique, mais je n'avais pas osé jouer la moindre note de guitare... j'avais trop peur de faire des pains, de chanter faux ou qu'il trouve mes chansons nazes."
Elle est obnubilée par l'aura de Jason, pourtant le complexe de
Peter Pan en puissance dix. Dépendante et amoureuse, entière et soumise à cet amour passionnel. Ses yeux se bercent de pluie. Son corps est une coquille. Les risques majeurs de franchir la ligne jaune. le nid est vide de connivence. Lames de fond et voix cassée, notre héroïne s'égare. Bulle de savon, cerf-volant des perditions.
"Sans l'avoir formulé, nous savions que d'avenir commun, il ne serait jamais question".
Le chaos intérieur, les torpeurs intestines, elle est virtuose de sincérité, jeune femme musicale et souveraine. Elle pressent Jason devenir son propre bouleversement intérieur. Les destinées trompeuses, noria sombre en plein ciel des déroutes sentimentales. Elle est bulle. Jason est un papillon de nuit, libre, immensément libre. Superficiel et égocentrique, il vit selon ses intérêts, jouissances et croisements des hasards. Que va-t-il se passer ?
Le récit, d'une lucidité implacable est un signal pour la jeunesse en vol. Il donne les clefs et attise un relationnel qu'aucuns peuvent un jour vivre. Il décortique les carcans des toxicités mentales. Les dualités et le manichéen des incompréhensions, des divergences. Femme emblème de toutes un jour certain, elle est pourtant vivante et résistante.
Sans pathos, ce livre est malgré ses douleurs, des rais de lumière qui percent au travers des persiennes. Elle est une battante dont son humour est une soupape de sécurité. Néanmoins elle est en proie au vacillement de l'incertitude. le deuil d'un désamour est un envol de bulles de savon.
"Les bulles de savon ne connaissent ni la sécurité, ni la routine, c'est pour ça qu'enfants et adultes les aiment".
Sylvia Hansel excelle en écriture. Après :"Les adultes n'existent pas" et "
Cannonball" "Bulle de savon" est une musique à écouter devant un feu de cheminée. Comme le dit si bien
Prosper Mérimée : Apprendre à toujours se méfier. Ici, dans ce majeur c'est cet adage qui s'élève. Lucide et magistral. A noter une illustration de couverture explicite et relevée de
Mathieu Persan. Publié par les majeures éditions Intervalles.