Le deuxième roman en français de
Rob Hart est un « polar » à enquête, mais dans une veine pour le moins singulière. Il élève le paradoxe au rang d'art. Un thriller étonnant, mais comme vous n'en avez sans doute pas lu.
Paradox Hotel est un vrai tour de force qui se joue des codes pour plonger le lecteur dans une aventure littéraire unique.
L'auteur met en scène le crime impossible, que personne ne voit à part la seule responsable de la sécurité de l'hôtel. Ou le mystère de la chambre close réinventé. Ce n'est pas le moindre des exploits de cette intrigue atypique.
Posons les bases : le futur, où il est possible de voyager dans le temps et d'aller revivre des événements historiques majeurs. le départ vers le passé se fait après un séjour dans le
Paradox Hotel. Sauf que les voyages se retrouvent tous annulés, les uns après les autres. Et que le temps semble perdre son rythme naturel.
Hart prend le lecteur constamment à contre-pied. Si vous pensez lire une histoire qui vous fera voyager dans le passé, vous avez tout faux. L'écrivain joue avec les règles du théâtre classique, jusqu'à les exploser.
Unité de lieu : l'intrigue se passe bien quasi exclusivement dans ce palace. Unité d'action : tout concoure à la résolution d'un grand complot, sauf que les circonvolutions autour de ce point central seront pour le moins inattendues. Unité de temps : l'intrigue se déroule sur une durée limitée, mais le temps perd la boule !
Rob Hart fait preuve d'une créativité étonnante avec ce thriller d'anticipation qui le laisse pas une minute de répit au lecteur (mais qu'est-ce qu'une minute, au juste ?).
Un divertissement réellement de haut vol, surprenant, jouissif. Oui on peut encore être inventif de nos jours ! Et croyez-moi, de nombreuses scènes sont sacrément imaginatives, tout en nourrissant toujours le récit.
Le roman a aussi d'autres atouts dans sa manche. Un personnage principal de prime abords détestable, une vraie garce comme elle aime se définir, mais qui peu à peu va se révéler au lecteur (et à elle-même).
January Cole ne se remet pas de la perte de son grand amour. En filigrane, le récit est donc l'occasion de parler du chagrin, de la perte, de l'absence. Et de la mémoire. D'une manière là-aussi saisissante. Qu'il est difficile de se retrouver face à ses fantômes…
Et puis il y a le ton. L'écriture est mordante, caustique aussi. Elle sied bien à son personnage d'enquêtrice. Donne encore davantage de peps à une intrigue qui n'en manque pas.
Et permet à l'auteur une critique acerbe des ultra riches et d'une certaine forme de capitalisme, comme dans son précédent roman
MotherCloud (renommé L'entrepôt en poche).
Take me down to the Paradox City a t-on envie de clamer ! Avec cette intrigue à la fois complexe mais toujours accessible, avec un divertissement sans temps mort (ahah !) et qui fait aussi réfléchir,
Rob Hart signe un roman jubilatoire.
Paradox Hotel est un mix parfait entre thriller et SF, qui propose tous les ingrédients pour conquérir les lecteurs curieux et à la recherche de nouveauté et de surprises. Une formidable réussite.
Lien :
https://gruznamur.com/2023/0..