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EAN : 9782866458881
184 pages
Le Félin (02/05/2019)
4.32/5   11 notes
Résumé :
« Du moment que vous les défendez, vous partagerez leur sort ! »

Et pour n’avoir jamais transigé avec qu’elle appelait les « valeurs premières », Adélaïde Hautval, dite Haïdi, va devoir traverser l’enfer et survivre à 37 mois d’emprisonnement et de déportation.
En sa qualité de médecin, à Auschwitz, elle est affectée au Revier (l’infirmerie) où elle soulage et soigne avec ses maigres moyens. Dans les cas les plus graves, elle s’arrange p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ayant lu récemment – La carte postale -, le magnifique roman d'Anne Berest, je suis tombé au fil des pages sur des noms connus et sur quelques autres qui ne l'étaient pas, dont celui d'Adélaïde Hautval, médecin psychiatre que la grand-tante d'anne Berest va croiser au camp de Pithiviers, après qu'elle et sont frère Jacques aient été raflés quelques jours auparavant par la police française en réponse aux sollicitations nazies concernant " la question juive ".

Si ce médecin français, qui va prendre sous son aile No(émie) Rabinovitch, exerce dans des conditions déplorables dans ce camp de transit, étape avant Auschwitz, c'est en qualité de détenue. Non pas parce qu'elle est juive mais parce que Vichy et les nazis la considèrent comme " l'amie des Juifs".
Dans le livre d'Anne Berest, il y a ce qui s'appuie sur des faits prouvés, des témoignages irréfutables et sur ce qu'on pourrait qualifier face au manque de faits prouvés et de témoignages irréfutables, de déductions fictionnelles.
Pour la rencontre entre le Docteur Hautval, médecin psychiatre âgée de 36 ans et de Noémie Rabinovitch âgée de 19 ans, Anne Berest s'est appuyée sur le plus irréfutable des témoignages ; celui d'Adélaïde Hautval en personne, dans ses mémoires écrites en 1946 et publiées à titre posthume en 1991.

Il était dès lors impensable me concernant que je ne m'emploie pas à mettre la main sur ces mémoires et que je ne fasse pas connaissance avec Adélaïde Hautval, figure héroïque méconnue de la résistance aux nazis et de la déportation.

Adélaïde Hautval est née en 1906 dans l'Alsace prussienne.
Son père est pasteur, la famille est très croyante, très unie.
Le pasteur Philippe Hautval est également un grand patriote. Il demande d'ailleurs à changer son nom De Haas en Hautval après la Première Guerre mondiale.
De plus ce pasteur est "un précurseur de l'oecuménisme et du soutien aux Juifs en particulier." Il décrivait les Juifs comme le " peuple du livre " et se "sentait plus proche d'eux que de ses voisins catholiques et voyait une grande analogie entre la tristesse du peuple hébreu en exil et celle d'une famille alsacienne privée de sa terre natale qu'était la France avant la guerre franco-prussienne."
Cette "proximité" a marqué Adélaïde Hautval qui déclarait : " Cette révérence envers les Juifs ne m'a jamais quittée. Je ne peux pas oublier qu'ils ont souffert plus qu'aucun autre peuple dans l'histoire."
Après des études de médecine et une spécialisation en psychiatrie en 1934, elle quitte l'Alsace en 1939 pour s'occuper de malades mentaux dans le sud-ouest.
Après une visite à sa famille après le décès de sa mère, elle est arrêtée fin mai 1942 par la Feldgendarmerie en gare de Vierzon à la limite entre la zone occupée et la zone libre.
Pour quel motif ?...Une valise.
Adélaïde a en effet égaré son bagage. En gare de Vierzon elle s'oppose à deux Allemands qui insultent la France.
Elle est alors emmenée à Bourges et incarcérée aux côtés de femmes juives.
Témoin de la maltraitance infligée à ces dernières, en solidarité avec ses compagnes d'infortune elle se confectionne une étoile en papier qu'elle accroche à sa poitrine.
En réponse, la Gestapo lui dit : " du moment que vous les défendez, vous partagerez leur sort." Quelques jours après, il lui apportent une bande de toile blanche sur laquelle est inscrite " Amie des Juifs ".
Le lendemain elle est transférée à Pithiviers...

Commence alors la longue errance de 37 mois qui va conduire Adélaïde Hauval des camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande, à la prison d'Orléans, au Fort de Romainville, puis dans les wagons à bestiaux qui la conduiront à Auschwitz I et II ( Birkenau ) puis à Ravensbrück et au camp de Watenstedt.

Elle va y côtoyer l'horreur sur terre et le "mal absolu".

En tant que médecin elle va "exercer" au Revier ( (abréviation de l'allemand Krankenrevier, le quartier des malades...l'infirmerie des camps... ), et là son témoignage recoupe celui d'un autre médecin français Odette Abadi, laquelle a raconté son enfer dans un livre référence -Terre de détresse -.
Mais en plus, elle va être sollicitée pour seconder des médecins criminels nazis menant des expériences sur les déporté(e)s.
Parmi ces monstres, citons Carl Clauberg, Josef Mengele, Horts Schumann, Eduard Wirths.
Au péril de sa vie, elle va leur opposer des refus cinglants.
Berlin donne l'ordre de l'exterminer, mais elle réussit à miraculeusement passer entre les mailles des filets nazis.

Humaniste dotée d'une grande force de caractère, d'une compassion, d'une empathie et d'un dévouement admirables, elle se dévouera avec un courage, une exemplarité, une dignité hors du commun, allant même jusqu'à prolonger son séjour après la victoire dans le camp pour tenter de sauver les malheureuses qui essaient encore de s'accrocher à la vie.

Adélaïde Hautval est une de ces figures d'exception qui donnent un sens, une valeur, une noblesse au mot humanité.
C'est pour cette raison qu'elle a été nommée Juste parmi les Nations en 1965.

Certes la structure narrative de cet ouvrage est séquencée de telle manière qu'il y a pas mal de redites.
Mais l'essence de ce qui fait la force du témoignage en lui-même mérite que l'on passe outre, que l'on ne fasse pas preuve d'une intransigeance exagérée.
Les 37 mois vécus et racontés par Adélaïde Hautval ont la force pénétrante du vécu et de la restitution concise qui interpellent, bouleversent, transmettent au-delà de "l'indicible"...

Une femme d'exception. Un destin unique. Un témoignage bouleversant.


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Difficile de parler du témoignage d'une rescapée des camps de concentration en disant qu'on n'a pas trop aimé son livre…
Le fait est que le livre porte un titre très clair « Médecine et crime contre l'humanité : le refus d'un médecin déporté à Auschwitz de participer aux expériences médicales » mais que le contenu est finalement assez éloigné du sujet annoncé.

Le docteur Adélaïde Hautval a passé 37 mois d'emprisonnement et de déportation dans plusieurs camps et elle relate ses souvenirs, du moins ceux qui concernent son rôle de médecin au sein notamment du camp d'Auschwitz.
Elle parle du froid, de la faim, de la fatigue, du manque d'hygiène, de l'absence de médicaments, de ses efforts quotidiens pour soulager un peu les femmes qu'elle accueille à l'infirmerie, de ses tentatives pour leur éviter d'être envoyées à la mort, mais elle ne mentionne presque jamais son refus de participer aux expériences médicales des nazis.
On apprend davantage de faits par le biais du prologue ou des textes ajoutés à la fin de l'ouvrage, écrits par des personnes qui l'ont côtoyé et qui témoignent de sa détermination à aider les autres, à sauver des gens d'une mort certaine, de son refus total de collaborer à des expériences qu'elle juge indignes en tant que médecin, cruelles et inutiles.
Les extraits des lettres écrites à sa famille nous montrent là encore une femme intègre et prête à assumer ses convictions, mais le thème annoncé dans le titre n'est jamais abordé hormis une ou deux phrases isolées.
Un témoignage qui met en lumière une femme d'exception, mais dont le titre est un peu trop éloigné du sujet réel de l'ouvrage.
Un grand merci à Babelio et aux éditions du Félin pour cet envoi.
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Grande lectrice de tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale, j'ai été ravie de recevoir cet ouvrage suite à la dernière masse critique Babelio.
Cette lecture m'a fait découvrir une collection que je ne connaissais pas, Résistance poche des Editions du Félin et surtout découvrir une Femme admirable, Adélaïde Hautval, qui fut arrêtée sur un quai de la gare de Bourges pour avoir aidé une famille juive maltraitée par les allemands .

L'ouvrage est découpé en trois parties, une préface de Georges Hauptmann, le témoignage du Dr Adélaïde Hautval et une postface de son amie Anise Postel-Vinay agrémentée de divers témoignages et lettres.

La préface, si elle est utile par la présence d'un rappel du contexte historique, d'une courte biographie du Dr Hautval, et d'une chronologie de l'internement et de la déportation de cette dernière entre juin 1942 et juillet 1945, cite malheureusement, à mon avis, trop de passages du témoignage et de la postface qui suivent, ce qui est un peu répétitif.

Le témoignage, de celle que ses amis appelaient Haïdi, décrit les terribles conditions d'internement des prisonniers, la maladie, la faim, le manque d'hygiène, le peu de moyen dont disposaient les médecins pour soulager les malades.
Toutefois, elle parle peu de son refus de participer aux expériences médicales commises par les nazis "parce que c'est contraire à ses convictions". Cela s'explique probablement par la modestie qui caractérise les vrais héros.
De fait, lorsqu'en 1965, lui est décerné le titre de "Juste parmi les Nations", elle ne pense pas y avoir droit car selon elle, sa conduite "était tout à fait naturelle, logique et découlait d'une obligation morale".

La postface comprend des lettres écrites par Adélaïde Hautval à sa soeur Dorothée et divers témoignages qui nous permettent de mieux comprendre la personnalité de cette Femme. Notamment une lettre de Moshe Bejeskin, Juge de la cour suprême d'Israël, écrite après le décès du Dr Hautval, touchant témoignage à celle qui fut "une des personnes les plus merveilleuses qu'ait connu l'humanité dans sa génération, et une âme noble".
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Je referme la dernière page de ce témoignage et reste figée, ébranlée, par ce que je viens de lire. « Médecine et crime contre l'humanité : le refus d'un médecin déporté à Auschwitz de participer aux expériences médicales » est un ouvrage en 3 parties, chacune ayant son importance.

Une postface importante et une préface ainsi que des témoignages et des extraits de lettres encadrent le témoignage du docteur Adélaïde Hautval.
Ce médecin a très tôt refusé de considérer les juifs autrement que comme des patients ordinaires, sa prise de position ferme la fera emprisonner puis interner dans plusieurs camps de déportation. Son statut de médecin la sauvera mais l'amènera à être confrontée à des choix difficiles face à un Mengele ou à d'autres « médecins » nazis.
Elle nous parles des camps, du manque d'hygiène, de l'absence de médicaments, des amies qui disparaissent, de ses efforts pour sauver des vies à l'infirmerie mais aussi de son refus de participer aux expérimentations, cruelles, dures et contraires à son éthique de médecin. Cette Femme, avec un F majuscule, très simple et qui a toujours refusé de se mettre en avant, mérite toute notre admiration.
J'ai personnellement apprécié la postface qui éclaire avec ses témoignages ce que la pudeur de cette Femme n'a pas souligné. Par contre avoir lu la préface m'a gâché la découverte du témoignage du Dr Hautval car elle n'en est qu'un résumé éclairé du contexte. Mon conseil, si vous lisez cet ouvrage, lisez la préface après le témoignage.

Comme vous vous en doutez à la lecture de ces quelques lignes, je conseille à tous cet ouvrage sur cette femmes qui n'est pas suffisamment connue et remercie cette collection « résistance poche » des Éditions du Félin de faire connaitre ces justes silencieux et pudiques.
Un grand merci à Babélio et aux Éditions du Félin pour m'avoir offert ce cadeau, car ça en est un, durant cette masse critique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Cette révérence envers les juifs ne m'a jamais quittée. Je ne pourrai jamais oublié qu'à travers l'histoire, ils ont bien plus soufferts que tous les autres peuples...
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