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EAN : 9782882535047
176 pages
Luce Wilquin (28/04/2015)
3.9/5   10 notes
Résumé :
À l'été 1927, Maximilien Jelgersma débarque à Mons. Ce journaliste néerlandais prétend faire des reportages sur le Borinage, la reconstruction de l'après-guerre et la réalité sociale de la région montoise. Sa motivation est toutefois plus personnelle: il recherche Georges, un de ses cousins disparu pendant la guerre. Au cours de son enquête, Max croise notamment le cinéaste Joris Ivens, en repérage pour son film Misère au Borinage, et Stefan Zweig, le célèbre écriva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le récit de la Première Guerre mondiale, la légende des anges de Mons trouve sa place dans les mémoires belges et britanniques. L'écrivain fantastique britannique Arthur Machen publie dans le "London Evening News" du 29 septembre 1914, une nouvelle mettant en scène un soldat anglais invoquant saint Georges, au cours un combat des soldats allemands.

Ce dernier intervient à la tête d'archers médiévaux et l'armée du Reich est mise en déroute. Ayant choisi de faire du soldat britannique (qui appelle saint Georges à la rescousse), le ton pris par le récit est celui du témoignage aussi Arthur Machen précisa bien qu'il s'agissait là de fiction, écrite dans un objectif patriotique. Toutefois la fiction devint légende car des journaux du Royaume-Uni publient des articles rapportant la scène des anges de Mons que des soldats britanniques racontent comme témoin.

L'auteur se fait narrateur et dit avoir retrouvé, en la fin du vingtième siècle, un dossier dans une maison de la ville de Mons, dans la province belge du Hainaut. Les documents contenus là sont divers, il y a un récit à la première personne et des courriers ; l'ensemble concerne un journaliste hollandais. Toute l'action au présent se déroule en 1927, mais tous concernent notre reporter.

En quête de l'identité d'un individu et enquête d'un passé historique se mêlent pour déboucher sur une explication rationnelle d'un fait qui ne relève du paranormal que dans l'interprétation qu'en auraient faite les combattants des deux camps. Voilà un ouvrage extrêmement riche car il permet d'aborder en filigrane l'évolution de la psychiatrie qui se fait progressivement au début du XXe siècle et de trouver sur le passage des personnalités comme l'écrivain Erich Maria Remarque (l'auteur d'"À l'ouest rien de nouveau").

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"Que s'est-il donc passé ici dans la nuit du 23 au 24 août 1914 ? [...] C'est un peu compliqué. Voyez-vous les occultistes, et en particulier les membres de la Golden Dawn, croient dur comme fer que, au-delà de la réalité matérielle que l'on peut toucher du doigt, il existe une autre réalité, invisible à ceux qui n'ont pas qualité pour la connaître. [...] A priori, je ne crois pas à ce genre d'histoire, mais je dois reconnaître qu'il m'est arrivé à plusieurs reprises d'être en contact avec des phénomènes que je ne comprenais pas et qui ne ressemblait pas à de la fumisterie. L'affaire des anges guerriers de Mons est de celles-là." p.66


Entre la grande Histoire, la petite et les légendes, entre réalité et imaginaire, Jean-Pol Hecq nous emmène à la découverte de Mons dans ce livre sorti aux éditions Luce Wilquin à l'occasion de Mons 2015 capitale européenne de la culture. Il était en vedette dans toutes les librairies de la ville à cette époque, et donc je ne l'ai ni lu, ni encore moins acheté, allergique que je suis au marketing tape à l'oeil. Je me souviens par ailleurs avoir décliné une première invitation à le lire mais un ami vient de nouveau de gentiment me le proposer en lecture, m'assurant qu'elle était plaisante. de fait j'y ai pris grand plaisir, et qui plus est découvert quelques faits historiques sur la ville où j'habite.


Le roman est classique dans sa conception et l'intrigue bien légère au niveau des canons actuels mais elle a le mérite de nous ramener en 1927 à une époque où les contacts étaient plus francs et où les parlottes n'étaient pas du temps perdu. J'ai aimé les apparitions au débouté de Stefan Zweig, Emile Verhaeren et Romain Rolland, plus encore cette incursion dans la psychiatrie avec Gerbrandus Jelgersma. M'ont plus les descriptions de la ville de l'époque, les déplacements à travers la région à pied, en trams, en trains, la promenade à Roisin au Caillou-qui-bique, refaite encore récemment à l'apparition des premières jonquilles. Bref un charmant roman terroir où le folklore local tient toute sa place avec St Georges et le dragon ainsi que la superstition associée à la montée de la rampe de Ste-Waudru par le car d'or lors de la procession du dimanche de la Trinité.


Vraiment une lecture plaisante, un agréable moment.

https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤23De La Golden Dawn26¤££¤4YA
https://www.youtube.com/watch?v=eLFu1sr_-TQ
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Les traditions de Mons, la bataille de Mons des 23 et 24 août 1914, la légende des Anges de Mons… il n'en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir ce premier roman, qui plus est publié par une maison dont j'apprécie le travail (et euh… bémol, j'ai repéré trois coquilles, je n'avais jamais vu ça chez Luce Wilquin).

Le contexte dans lequel Jean-Pol Hecq situe son roman est banal : bien des années après les faits, le narrateur/auteur prétend avoir retrouvé un cahier aux pages remplies d'une écriture serrée et des lettres dans une « cabane au fond du jardin » et il se fait un devoir de nous les restituer. Il s'agit donc d'un journal tenu par Maximilien Jelgersma lors d'un séjour à Mons à l'été 1927. Max recherche quelqu'un et on sent qu'il cache la véritable raison de cette enquête, il se fait passer pour un journaliste. Pour donner un peu de suspense (preuve s'il en était besoin que l'auteur a inventé toute son histoire), des rapports de police sont intercalés entre les pages du journal, qui demandent de surveiller les activités « d'éléments bolcheviques » dans la région montoise.

Au cours de ses recherches, Max rencontre des habitants du cru (et il ne comprend pas grand-chose au patois borain) mais aussi rien moins que l'écrivain Stefan Zweig, qui lui raconte notamment son amitié avec Emile Verhaeren, coupée nette par la guerre, et le cinéaste Joris Ivens (qui sera, bien après la deuxième guerre mondiale le mari de Marceline Loridan-Ivens, dont j'ai lu le bouleversant Et tu n'es pas revenu).

Max recherche donc un certain Georges, qui fut soldat dans l'armée belge et qui disparut lors de la bataille de Mons. J'ai craint que les rencontres et dialogues de Max ne soient que prétexte à raconter les traditions folkloriques de Mons (le Doudou, le combat de saint Georges contre le dragon, la montée du Car d'or sur la rampe de Sainte-Waudru) et cette fameuse légende de saint Georges apparaissant avec ses anges dans la nuit du 23 au 24 août 1914 pour permettre aux soldats britanniques encerclés par les Allemands de s'enfuir et de se regrouper au sud de la ville. Bien sûr, je connais déjà ces histoires et cela ne me dérange pas d'en apprendre quelques détails nouveaux, mais cela ne fait pas matière à un roman captivant.

Mais finalement, le dénouement de la quête de Max, un brin rocambolesque (je visualisais presque les scènes en format BD), et le dévoilement très touchant de l'identité réelle de Georges m'ont offert un petit pincement au coeur. Et j'ai trouvé l'explication psychanalytique de la légende des anges de Mons très intéressante (voire convaincante…)

Ce n'est pas le roman du siècle mais il m'a fait passer un bon moment et donné envie de me balader à Mons.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Jean-Pol Hecq est montois. Et il a grandi avec les histoires que l'on raconte à la veillée. Surtout celle de Saint George sauvant les soldats britanniques lors de la première guerre mondiale. Plus encore, il aime ce terroir, ces paysages mêlant charbonnages et pâturages, l'odeur du feu de bois et la simplicité des gens du crû. Quand être Borain ne rimait pas dans l'esprit des gens avec "barakis"...

L'auteur nous offre un étrange roman, un roman de l'étrange.

Max vient dans le Borinage pour y retrouver la trace d'un cousin dont il sait peu de choses. Il a l'air peu sûr de lui. Hésitant, suscitant le trouble, troublant l'ordre public. Nous sommes en 1927. Freud commence à faire parler de lui. La psychiatrie, la psychanalyse sont à un tournant de leur développement. La pratique des thérapies "de choc" est remise en question.

Le Borinage attire, car Van Gogh est passé par là. L'ombre de Verhaeren plane. On croise Stefan Zweig. Des communistes aussi. Non loin de là, en Allemagne, ce pays qui a envahi la Belgique neutre en 1914, on ne va pas tarder à préférer un nouveau dictateur à la gauche radicale.

Peu à peu, l'enquête de Max Jelgersma prend une tournure personnelle. Plus chaotique, aussi. le lecteur se perd. Il aura beau jeu d'accuser Jean-Pol Hecq de s'emmêler les pinceaux... alors que l'auteur le mène en fait en bateau...

Jean-Pol Hecq réalise un petit tour de force en mélangeant réalité et fiction. Jelgersma est un psychanalyste de Leyde, il a existé. La Bataille de Haelen a bien eu lieu. de nombreux personnages croisés par Max aussi. La fin se profile à quelques dizaines de pages du terme. Bien amenée. Au passage, l'auteur taille un habile costume à Saint Georges et introduit la légende du Car d'Or, lequel a failli en 1914, annonçant une période trouble comme il se doit (tout comme en 1803 en en 1940)...

Cependant, l'ensemble n'est pas très convaincant. Il manque un rythme. Un équilibre. Je trouve, c'est très subjectif, que cela aurait fait une longue nouvelle, plutôt qu'un roman de 170 pages. Ou alors, on aurait pu concevoir de donner de l'ampleur au récit en l'étoffant davantage. Mais en l'état, on a 120 pages très lentes, pesantes, avec des micro-événements, des détails infinitésimaux, anecdotiques, quasi impressionnistes, et une trentaine de pages menées comme une charge de cavalerie... tiens, cette bonne vieille cavalerie qui joue un rôle si important dans le roman...

De même, le fait de baser le récit uniquement sur les notes prétendûment trouvées (ressort abondamment utilisé dans le roman gothique) par l'auteur fait long feu. Même si cela peut donner une certaine atmosphère, cela finit par plomber le récit en l'empêchant de se renouveler, de se "redynamiser".

Cela dit, je n'ai pas été insensible à l'attachement de Jean-Pol Hecq pour ses racines. Nous avons besoin de racines. Les siennes sentent bon le terroir, la goutte, la potée et le charbon.
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Mons, 1927. Alors que le traumatisme de la grande guerre n'a pas vraiment disparu et que le bruit des canons semble encore résonner, un journaliste néerlandais mène une enquête un peu particulière, et très personnelle. Sous prétexte de réaliser un reportage sur le Borinage, il recherche un cousin, qu'il n'a jamais connu. de lui, il ne sait que le prénom -Georges- et qu'il a disparu après la bataille de Mons, qui a opposé, la nuit du 23 août 1914, Anglais et Allemands à la lisière de la cité du Doudou.

Je ne suis pas particulièrement passionnée par le thème de la Première guerre mondiale, mais ce roman étant l'oeuvre d'un auteur montois et parlant de Mons, il allait de soi que je voulais le lire. Et j'ai eu raison, car je l'ai beaucoup apprécié. Vraiment. Ce fut un vrai plaisir de déambuler dans les rues de ma belle ville de Mons (oui, "ma", même si je n'y habite plus depuis quelques années, et que mes horaires ne m'ont, ces derniers mois, guère donné l'occasion d'aller plus loin que l'école, située le long du boulevard). Un plaisir d'essayer de situer tel hôtel, tel plaque commémorative, telle ruelle, rencontrés au détour d'une page. Un réel bonheur de voir notre journaliste interloqué parfois face aux traditions locales et à notre cher patois, mais s'adapter sans trop de problèmes à la coutume de la petite goutte Emoji

Un plaisir aussi de rencontrer Stefan Zweig, de partager son petit-déjeuner et de l'accompagner au Caillou-qui-bique, où je suis si souvent allée cueillir des jonquilles. Bref, ce roman avait un petit goût de madeleine Emoji

Mêlant extraits de journal intime et quelques lettres, faits historiques et légendes (c'est qu'elles sont belles, les légendes montoises...), cet ouvrage m'a permis d'en apprendre un peu plus sur la bataille de Mons (oui, je sais, on en a beaucoup parlé à l'occasion des commémorations, mais j'avais l'oreille distraite...) et donne en outre quelques informations sur les traitements psychiatriques (pas piqués des vers) en vogue à l'époque.

A l'heure où Mons 2015 (malgré quelques couacs) célèbre notamment un écrivain peu connu des gens du cru eux-mêmes (Fernand Dumont, cliquez ici pour en savoir un peu plus), voici un nouveau nom à ajouter à la liste de ces Montois qui comptent : Jean-Pol Hecq.



Merci à Babelio et aux éditions Luce Wilquin pour cette très belle découverte.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Cette histoire est étrange. Il est fort possible que personne n’y accorde du crédit ou même que l’on m’accuse de supercherie ; j’en accepte le risque.

Après avoir longtemps gardé secret ce « dossier » constitué de bric et de broc, je me suis décidé à le dévoiler. Ce n’est ni de la littérature, ni une enquête policière. Tout au plus une échappée dans un défaut de la cuirasse du réel. Que celui qui lira les lignes qui suivent se forge sa propre opinion.

Cependant, pour commencer, je dois donner quelques explications sur la manière dont j’ai découvert cette affaire. C’était il y a une vingtaine d’années, j’habitais alors un appartement situé dans le centre historique de Mons.
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Regardez ce rocher-là, celui qui est tout en haut comme posé sur les autres, vous voyez ? Eh bien, on le nomme Caillou-qui-bique, une expression patoisante qui veut dire le caillou-qui-penche ou qui est en équilibre instable si vous préférez. J'ai toujours trouvé que ce rocher est comme une métaphore de la vie humaine : toujours en équilibre et pourtant toujours bien là. A la fois solide comme un roc et en même temps terriblement fragile.
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Nous formions, avec Emile Verhaeren et quelques autres - des écrivains pour la plupart, mais aussi des peintres, des sculpteurs, des philosophes, des Allemands, des Français, des Anglais, des Belges, des Autrichiens, des Italiens-, une sorte d'internationale intellectuelle avancée.
"Nous étions convaincus qu'une ère nouvelle allait s'ouvrir pour l'Europe et le monde. Que l'amitié des peuples, que la fraternité, que les lumières de la science et de la culture allaient définitivement l'emporter sur l'obscurantisme des siècles passés. [...] De belles idées, oui, de belles chimères. Nous y avons cru de toute notre âme.
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-Mais vous parliez tout de même d'une procession religieuse.
-Oui, on l'appelle la procession du Car d'Or. En deux mots : le dimanche de la Trinité, au matin, juste avant le combat, on balade à travers la ville des statues de saints, des reliquaires et tout le bazar. Il y a des centaines de participants, mais, surtout, il y a le Car d'Or, une drôle de carriole qui transporte la châsse de sainte Waudru, la patronne de la ville et fondatrice du chapitre des Dames nobles.
-Des religieuses ?
-Oui, mais des religieuses de luxe. Des filles de la haute qui se prélassaient toute la journée à par faire grand-chose. Jusqu'à ce qu'elles se trouvent un quelconque nobliau disposé à leur passer la bague au doigt. Ah, les garces !
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Et puis, un beau jour, on nous a dit que c'était la guerre. Il a été dans les premiers à partir. Je m'en souviens comme si c'était hier. Il faisait chaud, les hommes étaient magnifiques, et on pensait qu'ils étaient les plus forts du monde, que personne ne pourrait leur résister, surtout pas ces sales Boches. On pensait qu'ils reviendraient tous très vite et que la vie reprendrait comme avant.
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