Dans le pays
De Caux, l'hiver est rude et les hommes en pâtissent. Et en son château, le seigneur voit d'un bon oeil l'arrivée ce troupeau de brebis grasses et de son berger qui lui offre deux de ses bêtes pour son hospitalité.
Oui mais voilà, cet étrange berger, dont personne au château n'a vu le visage qu'il cache sous une toison et un crâne de bouc, est en réalité le chef d'une troupe de brigands, et certaines de ses brebis, telles des grecs inspirés par un Ulysse maléfique, ne sont autres que des pillards et des assassins déguisés.
C'est sur ces terres, venus saluer le seigneur du lieu, que le chevalier de Bois-Maury et son écuyer vont rencontrer quelques paysans rescapés de l'incendie du château, l'héritier du trône
De Caux qui avait pu s'enfuir à temps, et une énigmatique guerrière aragonaise qui semble ruminer une vengeance...
Nous voici encore dans un sombre Moyen-Âge, tout aussi implacable et brutal que celui dépeint par le premier tome de la série. Ici, en plus de montrer la perversité et la méchanceté qui se cache dans le coeur des hommes, Hermann présente la rudesse de la nature et de cet hiver qui emporte sans merci les plus fragiles. le dessin, toujours fidèle et cru, parle mieux que mille mots et tient une grande place dans l'élaboration de cette ambiance froide aux goûts de terre et d'acier.
Outre une histoire de vengeance assez peu loquace (la planche censée expliciter les motivations d'Éloïse de Montgris est peu claire de par la ressemblance des personnages masculins) mais sans concessions, c'est avec plaisir qu'on suit la survie des quelques rescapés
De Caux durant ce rude hiver, et notamment du vieillard et de sa poule qui, en cette période de disette, attire toutes les convoitises... jusqu'aux premières jonquilles.