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sur 518 notes
— Au XXIIIème siècle, Joseph Valet se livre au Jeu des perles de verre, un langage capable d'unifier l'ensemble des connaissances humaines. L'étude de ce Jeu singulier a lieu dans une Province pédagogique, la Castalie, très éloignée de la vie ordinaire, appelée le Siècle. Cette séparation entre vita contemplativa et vita activa gêne Valet. Il rompra l'isolement avec les affaires du monde pour retourner à la vie normale en se consacrant à la transmission de son savoir. Hesse, par cette utopie, tranche ainsi en faveur d'une "voie moyenne" pour la réalisation de soi, une relation plus symbiotique entre pensée et action.
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Le jeu des perles de verre/Hermann Hesse
Ce texte est la dernière oeuvre de Hesse. C'est un livre d'anticipation, un essai ardu, un roman initiatique, la biographie fictive de Joseph Valet.
Il m'a fallu deux mois pour le lire attentivement tant la substance est dense.
Paru en Suisse en 1943, il a fallu attendre 1946 pour qu'il soit publié en Allemagne. Douze années ont été nécessaires à Hesse pour écrire ce chef d'oeuvre qui lui a valu le prix Nobel de littérature la même année 1946.
Tout au long des années de guerre, il incarna la résistance de l'esprit contre les puissances de la barbarie, le national socialisme de Hitler.
Le thème général est celui de l'adolescent puis de l'adulte à la recherche de lui-même à travers révoltes et conflits. Cette oeuvre aux aspects autobiographiques est complexe, riche en symboles et dense, et la langue est d'une grande beauté, tantôt ironique, tantôt parodique. L'influence de Freud, de Nietszche et du Romantisme allemand en général (Goethe, Schiller, Thomas Mann, Brentano, Hölderlin, Wackenroder, et surtout Novalis ) transparait largement.
Il s'agit d'un opus à double entrée : à côté du plan factuel extérieur se situe le plan allégorique intérieur, très inspiré de Goethe dans ses dernières créations et de la pensée extrême orientale qui apporte apaisement et stabilité à Hesse. La notion de « karma » est omniprésente et essentielle : roue du devenir, et continuité sans faille de l'univers. L'influence chez Hesse de la pensée hindoue est tempérée par celle de la pensée chinoise qui finalement dominera en raison de sa plus grande sérénité fondée sur la notion de l'unité harmonieuse de l'univers, celle du taoïsme. Certains ont parlé là d'un chef d'oeuvre de science-fiction de l'intériorité.
Page 67 : « Il n'est pas douteux que des esprits comme Abélard, Leibniz, Hegel ont fait un jour le rêve d'embrasser l'univers spirituel dans des systèmes concentriques et d'unir la beauté vivante du spirituel et de l'art à la force magique des formules des disciplines exactes. »
Cette oeuvre est aussi une réaction contre la décadence de l'esprit et de la civilisation, une profession de foi en faveur de l'Esprit (der Geist ) en des temps où vacillent les valeurs essentielles. Référence est souvent faite à la musique et parfois d'une façon assez inattendue : « Dans la Chine légendaire des anciens rois, on reconnaissait à la musique un rôle déterminant dans la vie de l'État et de la cour. On identifiait presque la grandeur de la musique avec celle de la culture et de la morale, voire de l'Empire et les maîtres de musique devaient veiller strictement à ce que l'on conservât les anciennes tonalités et à ce qu'on respectât leur pureté. La musique connaissait-elle un déclin ? C'était un indice certain que le gouvernement et l'État étaient sur une mauvaise pente. »
Et plus loin ces paroles de Lu Bou Wei, régent de l'Empire chinois au IIIé siècle avant JC : « Les États décadents et les gens mûrs pour le déclin n'ignorent pas la musique, mais leur musique manque de sérénité. Aussi, plus la musique est bruyante, plus le pays est en danger. »
Hesse voit dans la musique classique « l'essence et la somme de notre culture, car elle est son geste et sa manifestation la plus évidente et la plus révélatrice. La musique classique est un geste qui signifie : je sais le tragique de la condition humaine, je me rallie à la cause du destin humain, de la vaillance, de la sérénité. Que ce soit la grâce d'un menuet de Haendel ou de Couperin, que ce soit la sensualité sublimée en un geste de tendresse, comme chez Mozart, ou encore l'acceptation tranquille de la mort comme chez Bach, il y a toujours là une bravade, un héroïsme, un esprit chevaleresque et l'accent d'un rire surhumain, d'une gaieté immortelle. »
La Castalie est une province pédagogique imaginaire culturelle où arrive notre héros, Joseph Valet, choisi en raison de ses capacités exceptionnelles dans toutes les matières et qui va aller à l'École des élites. L‘élève choisi peut accepter s'il sent qu'il a la vocation, ou refuser après un délai de réflexion. le but ultime est d'accéder à l'Ordre puis devenir le Ludi Magister du Jeu des perles de verre.
Les épreuves sont diverses et parfois inattendues : par exemple apparut « un genre de dissertation appelée curriculum vitae consistant en une autobiographie fictive, située à une époque quelconque du passé. La tâche de l'étudiant consistait à se replacer dans un milieu et dans une culture, dans un climat spirituel d'une époque donnée du passé et à imaginer une vie qui y correspondît. La préférence allait à la Rome impériale, la France du XVIIé, à l'Athènes de Périclès ou L'Autriche de Mozart. » (Les trois biographies fictives de Valet sont proposées en annexe au récit.)
Alors que l'étude du grec ancien est à l'honneur, une réflexion sur cette langue et par extension sur toutes les langues m'a parut fort intéressante : « …Nous regardions de tout près le point culminant et l'époque de splendeur d'une langue, nous parcourions avec elle en quelques minutes un chemin qui lui avait demandé plusieurs siècles, et ce spectacle de la précarité fit sur moi une impression d'une force saisissante : je voyais là sous nos yeux un organisme très complexe, ancien, vénérable, qu'il avait fallu des générations pour édifier lentement, parvenir à son épanouissement, et déjà sa floraison contenait le germe de sa décadence, toute cette construction savamment composée commençait à s'affaisser, à dégénérer, à chanceler, sa fin n'était pas loin et en même temps, comme un éclair et un frisson de joie, une idée me traversa : la décadence et la mort de cette langue n'avaient pourtant pas abouti au néant, sa jeunesse, sa fleur, son déclin s'étaient conservés dans notre mémoire, dans la connaissance que nous avions d'elle et de son histoire, et elle continuait à vivre dans les signes et les formules scientifiques… A chaque instant elle pouvait être reconstruite….»
Magnifique passage !
Valet devenu Ludi Magister va découvrir « la joie qu'on éprouve à transplanter dans l'esprit d'autrui ses propres acquisitions intellectuelles et à les voir y prendre des formes et un rayonnement, tout nouveaux, la joie donc d'enseigner et ensuite celle de lutter avec la personnalité des étudiants et des élèves, d'acquérir et d'exercer une autorité, d'être un guide, la joie donc d'éduquer. »
La rencontre de Valet avec le Maître de Musique vieillissant est un grand moment : « …En même temps il posa la main sur mon bras, elle était aussi légère qu'un paillon, il me regarda dans les yeux avec insistance et il sourit. À cet instant, je fus vaincu. Quelque chose de son silence serein, de sa patience et de son calme passa en moi, et soudain je compris pleinement ce vieillard et le tournant qu'avait pris son être, quittant les hommes pour le silence, la parole pour la musique, la pensée pour l'unité… Simplement, après que ma résistance eut été brisée, je sentis qu'il m'accueillait dans sa paix et sa clarté ; nous étions lui et moi, dans un enclos de sérénité et de repos merveilleux. »
Tegularius, co-disciple de Valet, s'interroge sur la valeur de l'histoire pour conclure que « l'histoire universelle, c'est l'interminable récit, sans esprit ni ressort dramatique, de la violence faite au plus faible par le plus fort. …L'histoire universelle est une compétition dans le temps, une course au gain, au pouvoir, au trésor. … L'acte spirituel, culturel, artistique est exactement le contraire : c'est chaque fois une évasion hors de l'esclavage du temps ; l'homme, de la boue de ses instincts et de son inertie, se glissait et se hissait à un autre niveau, dans l'intemporel, le supra-temporel, le divin, dans un domaine radicalement étranger et rebelle à l'histoire. »
Au fil du temps, Valet comprend que sa charge d'éducateur et de Ludi Magister est un sérieux obstacle à l‘épanouissement de ses facultés les meilleures et les plus fécondes. Cependant, par un concours de circonstance, il ne va pas suivre cette voie et veut devenir le précepteur du fils de son ami Designori. Peu à peu il va réaliser que la culture castalienne est trop portée au narcissisme et à la fatuité tout autant qu'à l'élitisme et le sybaritisme. Il va renoncer à sa charge de Magister après une très longue réflexion qui l'amène à penser que comme toute culture, celle de Castalie disparaîtra, rongée par sa quiétude, éphémère, frappée d'une obsolescence potentielle s'actualisant progressivement pour entrer dans l'histoire. Il semble à Valet qu'il est parvenu à un état proche de l'« éveil » : « On ne pénétrait pas dans le coeur du monde, mais dans le coeur de sa propre personne. C'était aussi pour cela que ce qu'on connaissait alors était si peu communicable, si singulièrement rebelle à la parole et à la formulation. Il semblait qu'exprimer ces régions de la vie ne fît pas partie des objectifs du langage. »
Dans le magnifique chapitre « La légende », la conversation ultime entre Valet et le Grand Maître Alexandre est un moment pathétique et d'une grande spiritualité.
Il n'est pas douteux que cet ouvrage est d'un accès difficile ; très centré sur la méditation et tout ce qui touche à l'intellect, il ne se lit pas comme un banal roman. Et le lecteur qui a la chance d'être touché par la profondeur de ce récit en ressort métamorphosé. La fin du chapitre « En fonctions », est particulièrement révélatrice.
Au terme de ce très long récit dont la fin est surprenante, il apparaît que le fonctionnement du jeu des perles de verre n'est détaillé à aucun moment par l'auteur qui n'en délivre que peu de clefs, ce qui laisse place à l'imagination du lecteur.
Chef d'oeuvre, attention !
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j'ai décidé de plonger dans l'univers de l'un de mes écrivains allemands préférés. J'ai eu l'immense plaisir de lire le jeu des perles de verre de Hermann Hesse. Ce roman a permis en grande partie à l'auteur de remporter en 1946 le prix Nobel de littérature. Il y a quelques années, j'avais lu Narcisse et Goldmund et le loup des steppes de Hesse. Ces lectures font partie de celles dont je garde un excellent souvenir car les personnages sont des êtres marqués par une profondeur et un sens de l'observation critique très développé. Dans le jeu des perles de verre, le lecteur a accès à la biographie fictive de Joseph Valet. Cette dernière a été écrite peu de temps après la mort de Valet. Ainsi, le lecteur est amené à suivre le chemin de vie détaillé de cet homme en ayant accès à son parcours en tant qu'étudiant, puis en tant que Maître (le poste le plus prestigieux de Castalie) du Jeu des perles de verre (sommet de l'abstraction ludique). le récit se déroule principalement à Castalie, province imaginaire, lieu de prédilection de la culture et de l'ordre.

Ce livre trônait depuis très longtemps dans ma bibliothèque et le défi m'a permis de le sortir et de m'y immerger totalement. Pour moi, l'intérêt de ce bouquin repose, entre autres, sur l'évolution de Valet. Il décide de quitter Castalie dont il est le magister ludi (l'homme le plus important car il est responsable du jeu intellectuel qualifié de sommet de toute la vie spirituelle) pour vivre. Il rompt avec l'ordre établi pour aller à la rencontre de la liberté et de lui-même. Ses valeurs divergent du monde de Castalie qui apparaît comme un endroit fermé, une sorte de paradis isolé réservé aux intellectuels et coupé totalement des autres, du peuple. C'est l'endroit où la connaissance absolue apparaît comme la valeur la plus importante. Valet sent que le monde de Castalie connaîtra inévitablement sa fin et que ce dernier est sur le point d'entamer son déclin. À cet égard, Valet puisqu'il est conscient de la chute de l'ordre, décide de donner sa démission en tant que directeur et de quitter sa tour d'ivoire pour amorcer une quête de lui-même et de se réaliser dans la vita activa. Ainsi, en accédant à son moi, Valet remonte à la source même de sa vérité en tant qu'être humain. le narrateur fait remarquer à propos de Valet qui est en marche vers sa liberté intérieure et la vie :

Il y avait longtemps que le jour et le monde n'avaient plus revêtu pour lui cet aspect, qu'ils n'avaient plus eu cette légèreté, cette beauté, cette innocence. le bonheur d'être libre, de décider de lui-même, le pénétrait comme une boisson capiteuse. Depuis combien de temps n'avait-il plus éprouvé cette sensation, la grâce et le ravissement de cette illusion? […] Il se savait en sécurité, libre de tout engagement, il se savait pour un instant parfaitement disponible, dégagé du circuit, délivré de toute obligation de travail, de pensée, et ce jour lumineux, coloré, l'environnait de son doux rayonnement; il n'était qu'image, que présence, sans exigence, sans hier et sans lendemain. (p. 407-408).

Donc, entrer dans cet univers profond, beau comme une perle, c'est suivre la pensée d'un héros fascinant dans toute sa complexité d'artiste, d'intellectuel, de pédagogue, d'homme.

Voici une vidéo où l'on présente un extrait tiré du roman expliquant la chute fatale de Castalie.


Je suis vraiment heureuse d'avoir pris le temps de savourer chacune des phrases de ce récit. Il y a des livres comme ça, dont l'histoire nous transporte ailleurs, plus loin que soi et nous savons que c'est ça, la beauté, la vérité, le yin et le yang… Hesse est un grand écrivain et le lire, c'est s'ouvrir à une dimension où l'homme décide de vivre avec la société et non pas de s'en séparer.

Je vous laisse sur ce poème de Valet que j'ai trouvé magnifique car il résume en quelque sorte sa vie.

DEGRÉS

Fleurette passe et l'âge dépasse
la jeunesse : il est ainsi des fleurs
à chaque pas de la vie, de la sagesse, de la vertu;
chacune a sa saison, nulle l'éternité.
Coeur, quand la vie t'appelle,
sois paré à partir et à recommencer,
cours, vaillant, sans regret,
te plier à des jougs nouveaux et différents.

Et tout commencement un charme a sa demeure,
C'est lui qui nous protège et qui nous aide à vivre.

Franchissons donc, sereins, espace après espace;
n'acceptons en aucun les liens d'une patrie,
pour nous l'esprit du monde n'a ni chaînes, ni murs;
par degrés il veut nous hausser, nous grandir.
A peine acclimatés en un cercle de vie,
intimes en son logis, la torpeur nous menace.
Seul, prêt à lever l'ancre et à gagner le large,
tu pourras t'arracher aux glus des habitudes.

Peut-être aussi l'heure de la mort nous lancera-t-elle,
jeunes, vers de nouveaux espaces.
L'appel de la vie jamais ne prendra fin…
Allons, mon coeur, dis adieu et guéris.

Avez-vous déjà lu un roman de Hermann Hesse? Lequel?

Bien à vous,

Madame lit

https://madamelit.ca/2018/09/02/madame-lit-le-jeu-des-perles-de-verre/
Lien : https://madamelit.ca/2018/09..
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Il guico delle perle di vetro. En italien, la musique des mots semble différente, plus légère? Faut le dire vite. Avais demandé ce livre en septembre 1989 quand je quittai Berlin. En allemand. Je l'ai toujours, c'est une lecture sérieuse comme certains adolescents aiment avoir en guise de mantra inspirant ou protecteur. Écrit par le vieux sage de Montagnola, on y parle de mathématiques, de musique, d'un jeu dont on se garde bien d'expliquer les règles. Roman à clefs avec des clefs à trouver soi-même. Ce livre aurait plu à Bach. La musicalité y est pures mathématiques. de la pureté on passe à l'humilité et une certaine compréhension de l'âme humaine, notion spirituelle par excellence. Une belle âme. Eine schone Seele. Finalement, en allemand, la musique est partout présente. Aussi.
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Attiré par le nombre d'avis très favorables sur ce livre, j'ai fini par le lire mais sans y prendre beaucoup de plaisir malheureusement. Il m'a fait l'effet de ces candidats de Tout le Monde Veut Prendre Sa Place (pardon pour la comparaison), qui passent plusieurs minutes à raconter un événement marquant de leur vie pour finir leur anecdote par un plat complet. Ceci dit, la fin du récit est réussie, mais pourquoi tant de développements sans grand intérêt pour y parvenir. Une nouvelle de 150 pages aurait suffi. Je n'ai donc pas accroché à cette biographie fictive, sur 500 pages peu dialoguées mais très bavardes (sans action, ni humour, ni grande poésie), retraçant le parcours intellectuel d'un homme au sein d'un organisme tenant des classes préparatoires, du séminaire, de l'université ou de l'abbaye, sorte de ministère de la culture parallèle. C'est à la fois trop théorique pour un roman et trop aéré pour de la philosophie. Et puis, comme dit Proust : « une oeuvre où il y a des théories est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix ».

Je sauve cependant un beau et émouvant passage, exactement au milieu du récit, sur la vieillesse et la mort d'un sage professeur.

Le roman est suivi de 3 nouvelles, un peu dans l'esprit des Trois Contes de Flaubert, le style en moins, les pages en plus. C'est pourtant ces nouvelles qui m'ont le plus intéressé dans la mesure où l'on s'approche davantage du conte épuré: l'impression et la « morale » en sortent renforcées. Au fond le texte progresse ainsi vers l'os et la densité du diamant mais il aurait fallu encore 2 étapes supplémentaires au livre : ajouter des nouvelles encore plus courtes et enfin ajouter une poignée d'aphorismes bien sentis à la Nietzsche.
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Ce livre est pour moi une référence, avec de nombreux niveaux de lecture et une richesse de sens incroyable.
Castalie, le monde de l'esprit, de la logique, se confronte au monde du Siècle. Au milieu de ces deux mondes, le Magister Ludi, formé dans l'un, attiré par l'autre, questionnant traditions et règles.
Une excellente traduction, et surtout une oeuvre à laquelle toujours revenir.
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C'est la deuxième fois que je lis ce roman. Je suis un grand amateur Hermann Hesse. Je pense à la Tholos de Delphes au pied de laquelle j'ai autrefois dormi. Magister Valet livre traduit par Jacques Martin. Calmant Lévy. La cohue ou des alignements de perles multicolores sur un boulier rustique. L'âge de la page de variétés. La musique jouait un rôle déterminant dans la vie de l'Etat et de la cour. Joculator. Avertissement chinois. le théâtre magique comme dans le loup des stepppes. L'arrivée dans le monastère les Frenes me fait penser à l'Orniere la maison de l'hellas. Les douces brises se sont éveillées. Des écoles de Castalie. Ce livre ne m'a été conseillé par personne. La vérité se vit mais ne s'enseigne pas. En fait et ce n'est pas nouveau, je decouvre ce roman. J'ai moi aussi essayé d'imaginer ce jeu. Notre jeu est une discipline. Dans le Vicus lusorum ou il y a un caractère encyclopédique. L'amor fati domine. le maitre d'école est le bois de hêtre orgueilleux. Famulus Designori, je ne sais pas simplifier ma critique. ! Joseph ! L'ars moriendi est un art de perir. La maya, la maya.
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Très influencé par le romantisme, Hermann Hesse consacre son dernier grand roman à une fiction biographique ambitionnant de rendre compte d'un jeu universel qui représente une sorte de somme des connaissances humaines sur un mode musical. Rien de moins. En dépit de son immense culture et de sa longue expérience de romancier, l'auteur a peut-être visé un peu haut avec cette conception d'un futur si désincarné qu'il relèverait plutôt de l'uchronie, bien que situé en 2500 et quelques (d'après une indication qui le place environ "deux mille ans après la fondation de l'ordre de Saint Benoît"). le récit s'apparenterait presque à un conte, d'ailleurs, sur le mode onirique propre à Hoffmann ou Novalis. Comme à l'accoutumée, Hermann Hesse loge dans ce gros livre d'abondantes digressions philosophiques ou liées à la mystique indienne. On adhère peu à la narration, qui reste très éthérée et ne recherche pas un réalisme susceptible d'éveiller la passion du lecteur. Ce qui est entrepris est d'un autre ordre : une méditation, semble-t-il, en même temps qu'un legs à la postérité, à la façon des grands romans d'apprentissage dont le goethéen Wilhelm Meister pourrait fournir le modèle. On reste sceptique quant au jeu des perles de verre proprement dit, aucune indication n'étant fournie sur le déroulement des parties ni sur la règle qui s'applique. C'est un peu facile, quoi. Borges fit indéniablement mieux avec ses Fictions et ses livres de sable. Mais il reste un beau moment de lecture avec des préoccupations élevées, et qui est indispensable à la connaissance d'ensemble de l'oeuvre du Prix Nobel 1946.
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Bon on va pas se mentir "le jeu des Perles de Verre" n'est pas un roman très facile à lire, plutôt hermétique même dans un premier temps car il s'agit de la biographie fictive d'un homme qui n'a pas existé dans un pays qui n'existe pas et qui est grand maître d'un jeu qui n'existe pas non plus et dont les règles semblent bien abstraites pour ne pas dire totalement obscures. Mais est-ce vraiment un roman ou est-ce un essai ? Un peu des deux mon capitaine et une fois que l'on l'a compris la lecture s'éclaire et devient de plus en plus intéressante.

De quoi ça parle : de Joseph Valet, un enfant orphelin qui est repéré par un grand maître de la musique et intègre l'enseignement d'une caste de privilégiés dans un pays appelé la Castalie.

Hermann Hesse nous raconte l'ascension de Joseph dans cette société utopiste où les journées sont consacrées à l'étude, la méditation et l'initiation au jeu des Perles de Verre, sorte de boulier dédié à l'abstraction de la composition musicale qui peu à peu intègre d'autres disciplines scientifiques, artistiques ou religieuses transformées en formules mathématiques puis en langage abstrait.

"On considère le jeu comme une sorte de langue mondiale des intellectuels"

Le jeune homme suivra des études brillantes puis se rendra auprès d'un ermite dans une forêt de bambous qui lui enseignera le confucianisme avant d'être envoyé en mission diplomatique au monastère de Mariafels où le père Jacobus lui enseignera l'histoire ; discipline non étudiée en Castalie ; avant de devenir Magister Ludi (grand maître) du jeu des Perles de Verre.

Hermann Hesse, à travers son personnage, émet une critique sur une société intellectuelle qui se placerait au dessus de la mêlée, c'est à dire de la société plébéienne et ainsi se couperait du monde réel. Joseph Valet, après ses expériences hors Castalie et ses échanges avec son ami Plinio Designori, issu du "siècle" (société civile) se rend bien compte de la fatuité de sa caste et l'étude de l'histoire lui a montré à quel point même les grands empires sont amenés à disparaître.

"Il déplait de songer que comme toutes choses la Castalie et le jeu des Perles de Verre disparaîtront un jour et pourtant il faut y songer"

Voilà donc un roman essai philosophique particulièrement brillant qui demande un gros travail de recherches et réflexions personnelles pour en apprécier la richesse, l'écriture est aussi belle que le titre. A la fin du roman on découvre les poésies écrites par joseph Valet ainsi des biographies de ce qu'auraient pu être ses vies antérieures.

Une lecture ardue mais tellement enrichissante par un grand écrivain qui a bien mérité son prix Nobel de littérature.


Challenge multi-défis
Challenge Nobel
Challenge pavé
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Un beau livre, que je qualifierais de contemplatif, qui permet de se recentrer. Cependant, il faut être très disponible pour l'apprécier. Ce n'était pas mon cas et je me suis parfois ennuyée.
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