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Jane Fillion (Autre)
EAN : 9782070376117
154 pages
Gallimard (04/12/1984)
4.12/5   284 notes
Résumé :
Colin Higgins, scénariste du film américain ''Harold et Maude'', réalisé en 1971 par Hal Ashby, l'adapte ensuite en roman, puis en pièce de théâtre.

Harold, jeune homme riche, a une imagination délirante. Ses passe-temps favoris : rouler en corbillard et mettre en scène de faux suicides. Maude, elle, aime les cimetières mais adore la vie. Elle pose nue pour un sculpteur qui travaille sur un bloc de glace, conduit sans permis, vole des voitures. Elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 284 notes
Gros coup de coeur !

Lui, c'est Harold, 19 ans, orphelin de père, sous la coupe d'une mère castratrice, dame patronnesse, bourgeoise grand teint, obsédée par l'idée que son fils doit entrer dans le moule de la société le plus tôt possible. Harold n'est pourtant pas comme tous les jeunes gens. En réaction à la tyrannie domestique de sa mère, son passe-temps favori est de simuler son suicide, faisant pour ce faire preuve d'une inventivité peu commune. Préférant rouler en corbillard plutôt qu'en Porsche et assister anonymement à des enterrements plutôt que servir le thé aux prétendantes que sa mère lui jette dans les pattes comme autant de bâtons dans les roues, Harold est un être qui symbolise la dépression, la désillusion, le désespoir et la mort.

Elle, c'est Maude, 79 ans, veuve depuis belle lurette, indépendante et émancipée, libérée de toutes les entraves de la société. Ne reconnaissant nulle autorité, nulle gouvernance, elle voue pourtant à l'Humanité un culte fait d'amour et de respect, voyant en chaque vivant un être unique, qu'il soit homme, fleur ou oiseau. Heureuse, elle maîtrise son existence et malgré un passé qui a connu bien des époques parsemées de guerres, d'exils, et d'épreuves mais aussi de rires, de fabuleux souvenirs et de grandes joies, elle incarne la vie pétillante, la liberté de penser et d'agir.

Quand ces deux extrêmes se rencontrent, l'alliage fait des étincelles.

J'ai été emballée par ma lecture qui réveillait en moi quelques images du film vu il y a très longtemps, quand j'étais enfant. Le style de Colin Higgins est brillant, si brillant qu'on déplore qu'il n'ait écrit qu'un seul livre, mais quel livre !

Un roman court et intense qui n'a pas été sans me rappeler mon cher "Petit Prince" de Saint-Exupéry. Beaucoup d'émotions entre ses pages : rire, compassion, chagrin... et un portrait au vitriol - mais très réaliste - de la société américaine des seventies (beaucoup d'aspects semblent encore hélas d'actualité). Un pamphlet sociologique dressé contre la pensée unique, sans chichis mais avec beaucoup de malice, et qui nous porte à revoir nos standards.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge Petits Plaisirs 2016
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Vivre la vie à cent à l'heure, voler des voitures, ou plutôt les « emprunter », adorer les cimetières et les tournesols : voici Maude, 80 ans.
Imaginer de nombreux stratagèmes pour faire croire à son suicide, rouler en corbillard, adorer les cimetières : voici Harold, 20 ans.
Leur point commun ? le cimetière, donc. Oui, ces deux-là sont attirés par la mort, mais Maude avec philosophie, tandis qu'Harold est déboussolé. C'est là qu'ils se rencontrent et qu'ils s'apprécient. Car l'excentricité est leur autre caractéristique commune.

Maude aime la vie, Harold aime la mort.
Ce curieux petit opus parcourt un bout de chemin avec eux, et touche ici et là des vérités essentielles, avec beaucoup de bizarrerie, quelques horreurs (comme conduire à contre-sens sur l'autoroute) et quelques brins de surréalisme.
J'ai ri, et j'ai aussi soupiré, en me disant que s'il n'y avait pas eu tous ces romans « qui font du bien et qui sont à la mode maintenant », j'aurais davantage apprécié celui-ci, paru en 1971. A l'époque, il a sûrement dû attirer par son originalité, je n'en doute pas une seconde. Mais nous sommes tellement inondés par ces romans prêchant la bonne parole qu'on en est blasé. Enfin, ici, je parle de moi.

Alors, Maude et Harold, à la vie, à la mort ?
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Ma première lecture de cette année 2020, aura été celle d' harold et Maude.
J'ai suffisamment laissé le film d' Hal Ashby s'estomper dans ma mémoire, avant de me plonger avec ravissement dans le livre très récemment trouvé.
L' histoire est limpide, tendre et joyeuse: La rencontre entre deux êtres que la différence d'âge rapproche plus qu'elle ne sépare. la fusion entre une vieille dame sur le départ et un jeune homme fasciné par la mort.
Ce qui se passe entre ces deux-là est unique et précieux, bref et puissant.
C'est Maude, qui avant de tirer sa révérence dans un final choisi, donnera à Harold la force de tenir tête au parent (sa mère), à la médecine (le psy), à l'armée (son oncle le général sans bras droit) et à l'église (le Père Finnegan).
Rien que çà! Puisque, Harold aime Maud...
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Comment aurais-je pu deviner que sous ce titre peu attirant et ce livre bien abîmé se cachait un trésor ?
Heureusement, le Multi-Défis a su une nouvelle fois me sortir de ma zone de confort et m'a invitée à sortir ce livre de sa poussière et le mettre sur le devant de la scène.
Lorsqu'un jeune homme bien mal dans sa peau et dans sa vie, s'amusant à mettre en scène sa propre mort pour faire enrager sa mère rencontre une vieille dame aux fossettes rieuses, au trousseau de clé extraordinaire et à l'âme punk, moi j'applaudis à deux mains.
Lorsque l'amour égaie chaque miette du quotidien et fait valser les principes et les règles, moi je jubile.
Lorsque, dans une vie trop chargée par moments, je rencontre un roman aussi pétillant que bienveillant, aussi doux que fou, aussi tendre que moderne, moi j'incline la tête et je contemple.
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Leur grande différence d'âge était la seule et unique chose que je savais de l'histoire d'Harold et Maude.
Quel surprenant petit roman que ce livre !

Autant j'ai éprouvé une réelle sympathie pour le personnage fantasque d'Harold, autant cette vieille dame complètement givrée m'est apparue aussi charmante qu'effrayante.
Elle aime follement la vie, l'humanité, les fleurs, la musique... en général. Mais ne s'attache à rien ni ne considère personne, en particulier. Comme une sorte de besoin irrépressible de garder un contrôle total sur sa vie, sa mort, ses émotions. Une volonté de rester dans les hauteurs, hors d'atteinte.
On suppose, par certains détails de l'histoire, qu'elle a de bonnes raisons de se protéger ainsi, mais elle m'a donné l'impression d'être mue par un égoïsme féroce.
Et, je dois dire que, si je m'étais trouvée dans ma voiture avec mon bébé, sur cette autoroute qu'elle a décidé de prendre à contresens en riant, je ne suis pas certaine que j'aurais eu la philosophie nécessaire pour ne pas lui en coller une.
A sa décharge, Maude est une femme étonnante, d'une brillante intelligence et dont l'existence, menée tambour battant, a dû être d'une incroyable richesse. Une existence où les drames ont été balayés avec énergie et détermination pour laisser toute la place à la joie et au bonheur de vivre.

Les personnages qui gravitent autour d'Harold et Maude sont tout aussi farfelus, délicieusement snobs, et, chacun dans son style, plane joyeusement dans sa bulle à l'abri des contingences de ce monde.

Mais ce n'est qu'un roman. Un roman empreint de l'esprit des années 70, à l'instar du "A bout de souffle" de Godard et de tant d'autres de cette époque.
Et j'ai beaucoup, beaucoup, aimé ce roman !

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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
_ Voyez-vous, dit-il, la plupart des gens ne sont pas comme vous. Renfermés en eux-mêmes, ils vivent, solitaires, dans leur forteresse. Tout comme moi, d'ailleurs.
_ Chacun vit dans sa propre forteresse, répondit Maude. Mais rient ne nous empêche d'abaisser le pont-levis et de frayer avec nos semblables.
_ Vous reconnaissez cependant, dit Harold en lui souriant, que nous vivons seuls et que nous mourrons seuls, chacun dans notre propre cellule.
_ C'est vrai jusqu'à un certain point, dit Maude laissant errer son regard sur la forêt. C'est pourquoi nous devons nous ingénier à remplir notre vie de choses agréables... lire de bons livres ; rêver auprès d'un feu de bois ; évoquer d'heureux souvenirs. Par ailleurs rien ne nous empêche de sauter le mur de temps en temps et de dormir à la belle étoile.
_ Tout cela exige du courage.
_ Pourquoi ?
_ Vous n'avez donc jamais peur ?
_ Peur de quoi ? Je ne redoute pas ce que je connais et j'aspire à connaître ce que j'ignore. De plus j'ai des masses d'amis.
_ Quels amis ?
_ L'humanité toute entière.
_ Cela fait en effet beaucoup d'amis, dit Harold en souriant. Mais qui vous dit qu'ils vous portent tous de l'amitié ?
_ Pour moi nous sommes tous pareils. Le tout est de se comprendre. J'ai entendu une fois raconter, en Orient, l'histoire de deux architectes qui se rendirent auprès du Bouddha. Ils manquaient d'argent pour achever leurs travaux et ils espéraient que le Bouddha leur viendrait en aide. 'Je vais voir ce que je peux faire', leur déclara-t-il et il partit inspecter leurs travaux. Le premier architecte construisait un pont et le Bouddha en fut fort impressionné. 'C'est là un pont magnifique', et il se mit en prières. Soudain un grand bœuf blanc surgit, portant sur son dos assez d'or pour achever les travaux. 'Prends cet or, dit le Bouddha et construis encore beaucoup d'autres ponts.' Sur quoi, le premier architecte partit le cœur en fête. Le deuxième architecte élevait une muraille et quand le Bouddha la vit, il en fut également impressionné. 'C'est là une très belle muraille', dit-il gravement, et il se mit en prières. Soudain le bœuf sacré surgit, se dirigea vers le deuxième architecte et se coucha sur lui, l'écrasant de tout son poids.
Harold fut à ce point secoué de rire qu'il dut se retenir au tronc du pin pour ne pas tomber.
_ Maude ! s'écria-t-il. Cette histoire, vous venez de l'inventer.
_ Ma foi, je l'avoue, fit Maude joignant son rire au sien. Mais elle est pleine d'enseignement. Le monde a assez de murailles. Ce dont les hommes ont besoin, c'est de sortir de leurs forteresses et de jeter des ponts entre eux.
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Harold, prenant le tuyau, aspira, puis dit en souriant : "je vais bientôt avoir tous les vices"
- Vice ? Vertu ? Mieux vaut ne pas être trop vertueux, Harold. On se prive de tant de choses ! Il faut viser plus haut que la simple moralité. Comme le dit Confucius, "Ne vous contentez pas d'être bons. Sachez provoquer les bonnes choses de la vie".
- Confucius a vraiment dit ça ?
- Ma foi... dit Maude en souriant. C'était paraît-il un sage. Il a donc dû prononcer de telles paroles.
- Vous êtes bien l'être le plus sage que je connaisse, dit Harold en la fixant du regard.
- Moi ? s'écria Maude. Quand je regarde autour de moi, je me rends compte que je ne sais rien.
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Oui, je pleure. Je pleure en pensant à vous. Je pleure en regardant cette photo. Je pleure devant un très beau spectacle... Un coucher de soleil, une mouette en plein vol. Je pleure quand un homme torture son semblable... quand il se repent et implore son pardon... quand ce pardon lui est refusé... quand il lui est accordé. Le rire... Les larmes... Deux traits typiquement humains. Et voyez-vous, Harold, le plus important dans la vie c'est de ne pas craindre de se montrer humain.
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- [...] J'estime cependant que la plupart des malheurs de l'humanité vient de ce que les gens qui savent pourtant qu'ils sont uniques, comme cette fleur-là - et elle montra la marguerite qu'elle tenait à la main - s'obstinent à se laisser traiter comme un numéro parmi la masse.
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Harold Chasen grimpa sur la chaise et se passa le noeud coulant autour du cou. Il tira dessus, le vérifia. Oui, il tiendrait. Il inspecta du regard la pièce intime et chaude. L'électrophone diffusait en douceur du Chopin. L'enveloppe était posée bien en vue sur le bureau. Tout était prêt. Il attendit. Une voiture s'engagea dans l'allée. Elle s'arrêta et il entendit sa mère en descendre. L'ombre d'un sourire aux lèvres, il renversa la chaise du pied et se trouva brusquement suspendu dans le vide. Au bout d'un instant il cessa d'agiter les jambes et son corps se mit à se balancer au bout de la corde.
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Harold and Maude Trailer (1971)
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