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Jean-Claude Garcias (Traducteur)Francisca Garcias (Traducteur)Jean-Claude Passeron (Traducteur)
EAN : 9782707301178
424 pages
Editions de Minuit (01/10/1970)
4.24/5   37 notes
Résumé :

La science et la technique ne suscitent plus, aujourd'hui, le même enthousiasme que jadis. Protestation élevée, au nom de l'objectivité, contre les poncifs aristocratiques ou populistes qui s'interposent entres les classes populaires et ses observateurs, nécessairement intellectuels ou bourgeois. The Uses of Literacy relève aussi de l'autobiographie, sinon de l'auto-analyse. Mais, grâce à une attention clinique aux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La culture du pauvre de Richard Hoggart est un pilier de la littérature sociologique, qui devrait faire partie des lectures fondamentales des esprits ambitieux de comprendre notre époque.

C'est une déclaration qui peut sembler hasardeuse étant donné l'année de publication et les thématiques travaillées. Je vais donc essayer de soutenir cette affirmation.

La culture du pauvre est une implacable critique du jugement, en ce que le jugement est inlassablement autocentré, socio-centré, ethno-centré, ... Vous m'avez compris. Par critique du jugement, j'entends quelque chose de très précis. Il est de bon ton, au sein du climat libéral et multiculturel des métropoles occidentales, de se réclamer de l'ouverture d'esprit, de l'ouverture à l'autre, de l'ouverture à l'inconnu - tout en oubliant que l'épreuve de l'inconnu provoque, en première instance, inconfort, incompréhension et anxiété. En réalité, le jugement normatif outrageux n'est jamais loin. Dans la culture du pauvre, Hoggart nous offre une profonde ethnographie des différents aspects de la vie des classes populaires anglaises de la première moitié du 20e siècle. Par la même, de sa propre confession et de celle de Passeron qui en a rédigé la préface, Hoggart administre une claque majestueuse aux intellectuels, qu'ils soient sociologues, journalistes ou petits intellectuels des villes, qui s'aventureraient à émettre des jugements sérieux sur les comportements des membres d'autres groupes sociaux, et en particulier sur les classes populaires, éternelles victimes des petites ignominies paternalistes et de la dépossession culturelle.

"Protestation élevée, au nom de l'objectivité, contre les poncifs aristocratiques ou populistes qui s'interposent entre les classes populaires et ses observateurs, nécessairement intellectuels ou bourgeois".

D'une certaine façon, Les enseignements de la culture du pauvre peuvent aller jusqu'à remettre sur le devant de la scène l'importance capitale de l'initiation, du processus d'apprentissage, patient et humble, lors de l'appréhension culturelle.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
"Faites comme tout le monde", susurrent tous les souffles de l'air du temps : de toute façon, rien n'a d'importance et, comme le plus grand nombre a probablement raison, il n'y a qu'à faire comme tout le monde, "ça ne coûte rien". On ne vous demande pas de croire à grand-chose, il suffit de croire à la même chose que les autres. S'il n'y a pas de valeurs, on ne risque pas de transgresser quoi que ce soit : Des millions de gens - treize millions de lecteurs et d'auditeurs - ne peuvent avoir tort". Voilà comment, selon l'expression de Tocqueville, "les ressorts de l'âme se détendent sans bruit". Au stade ultime, toute tension disparaîtrait de nos vies et avec elle goût de l'effort et le sentiment du défi. La capacité de se divertir pleinement finirait d'ailleurs par disparaître elle aussi, malgré la multiplicité croissante des loisirs. A force de privilégier le souci de "prendre du bon temps", toutes les autres exigences doivent s'évanouir, mais nous manquerons alors de toute référence pour apprécier ce "bon temps" et le divertissement lui-même deviendra une simple routine. Le plus grave reproche qu'on puisse adresser aux formes modernes de loisir n'est pas tant qu'elles dégradent le goût, mais qu'à force de le surexciter elles l'émoussent et finalement le tuent. Selon Tocqueville, les sociétés démocratiques "énervent" plus qu'elles ne "corrompent" : les divertissements modernes détruisent la sensibilité à la racine, en sorte qu'il devient bien difficile au public de se reprendre et de s'apercevoir que le gâteau qu'on lui offre n'est que de la sciure de bois.
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Pendant les années où ma mère a eu mon frère, ma soeur et moi à charge, elle n'était pas assez robuste pour travailler à l'extérieur car elle était atteinte de bronchite aiguë. Elle s'est tirée d'affaire comme elle l'a pu en dépensant avec discernement et minutie les vingt shilings et quelques que lui versait hebdomadairement l'Assistance publique ( une partie de cette somme était constituée par des coupons négociables chez certains épiciers ). Bien qu'elle eût été, aux dires de ceux qui l'avaient connue, une jeune fille gaie et pétulante, elle avait à cette époque perdu tout son entrain. L'adversité l'avait atteinte à l'âge où l'on n'est plus capable d'apprendre les courbettes de la pauvreté.
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Ils se sentent bien trop supérieurs à la classe dont ils sont issus pour partager la complaisance résignée et somme toute assez heureuse des autres membres de cette classe à l'égard d'eux-mêmes. S'ils sont touchés, comme tout le monde, par le cynisme ambiant, cette influence les porte moins à "se faire du fric" ou à se laisser gagner par l'auto- satisfaction qu'à souffrir davantage de leur manque d'énergie. Chez les déracinés, l'insatisfaction et l'anxiété qui n'épargnent aucune classe sont poussées à leur paroxysme, du fait qu'ils sont sentimentalement coupés de leur classes d'origine par des qualités qui, comme la vivacité de l'imagination ou l'esprit critique, leur procurent une conscience encore plus aiguë et plus douloureuse de l'ambiguïté de leur condition. Les "déclassés par le haut" ne sont pas tous des névrosés, mais tous connaissent une expérience de l'anxiété qui peut, pour quelques-uns, conduire au déséquilibre pathologique et qui, en tout cas, reste sous-jacente même chez les individus menant la vie la plus normale en apparence ou ayant conquis les situations les mieux assises.
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Tous garçon d'origine populaire qui, grâce au système des bourses, poursuit ses études jusqu'à l'Université est amené à entrer en conflit, un jour ou l'autre, avec son entourage familial. Il se trouve en effet au point de rencontre et de friction de deux cultures. On pourrait dire que seul aura réussi dans sa difficile entreprise d'acculturation celui qui, à vingt-cinq ans, sera capable de plaisanter de bon coeur avec son père ouvrier et de respecter sa soeur frivole ou son cadet moins brillant.
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Les membres des classes populaires ne s'intéressent qu'assez peu aux théories et aux mouvements intellectuels; ils ne sont pas spécialement en quête de promotion sociale ou de réussite financière, mais ils s'intéressent toujours aux "gens". Ils partagent la passion du romancier pour les nuances des comportements individuels et les impondérables des relations humaines, non pas pour en faire la théorie, mais pour le plaisir d'en parler: "Quelle drôle de fille!" - "Tu te rends compte, dire un truc pareil!" - "Qu'est-ce qu'elle a bien pu vouloir dire?". L'anecdote la plus banale est contée sur le mode dramatique, avec une abondance de fioritures rhétoriques, de détails annexes et de modulations vocales. Les membres des classes populaires n'ont pas seulement le goût de la narration mais aussi celui du jugement à l'emporte-pièce; et ce n'est pas la finesse qui leur fait défaut.
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