C'est le sous-titre du livre ‘Renaissance Écologique', « 24 Chantiers pour le Monde de Demain », qui a retenu en tout premier lieu mon attention.
Je remercie Babelio et les Editions
Actes Sud de m'avoir permis de le découvrir.
Je démarre ce genre de livre non-fiction souvent par l'introduction, suivie, tout de suite, par la conclusion. A cela, je n'en fus pas immédiatement rassuré. Je crois à l'urgence et à la justesse d'une action forte et profonde sur le climat, mais je n'en peux plus de commentateurs et de discours qui nous font peur. La peur ne mobilise pas et, justement, le simple mot ‘chantier' décentre utilement le thème. Car, à mon avis, la peur de l'effondrement écologique n'est qu'une angoisse de plus dans un monde surchargé de dangers; armes de destruction massive, conflits entre civilisations entières, luttes pour l'eau et autres ressources critiques, et j'en passe.
Nous avons besoin de messages constructifs et non pas de frayeur, d'indignation et d'incantation qui ont fait leur temps.
Hélas, parfois, l'auteur tombe dans l'ethnocentrisme en parlant « d'aménager le pays » avec le sous-entendu que l'urgence est nationale, voire européenne. La France représente 1% et l'UE 7% de la population mondiale. On ne sauvera pas la planète sans l'Asie et l'Afrique qui, d'ici 2050, abriteront plus de 80% du monde. C'est eux qui nous sauveront.
Puis, changement radical de ton et de contenu dans le corps du livre qui s'appuie désormais sur un outil pédagogique inspiré par une fresque datant de 1338 sur la bonne gouvernance à Sienne. (Deux siècles avant ‘Le Prince' du voisin Florentin, Machiavel.)
La fresque, à son tour, inspire ici une idée de ‘brainstorming' pour que tous puissent agir sur le monde contemporain. C'est fascinant et entraînant !
Je lis avec satisfaction que ‘nous sommes le gouvernement que nous voulons'. L'Etat est relativement discret dans les fresques, tant contemporaine que celle de 1338. La suite du livre est un appel à la société civile et à l'ensemble des citoyens de la planète.
Les 24 chantiers du sous-titre peuvent être regroupés dans l'acronyme BETA ; Bâtiment, Emplois, Transports et Alimentation. Pas de Grand Soir, mais des évolutions nécessaires, volontaristes et, surtout, progressives. Il va falloir s'y mettre sans tarder et
Julien Dossier a des idées et de la méthode.
J'ai beaucoup aimé la structuration de cette évolution par phases, qui vont de l'amorçage (les victoires les plus faciles), les déploiements de projets plus ambitieux et exigeants en ressources et contraintes, mais sans toujours la main lourde de l'Etat, et enfin, la consolidation de transformations majeures dans les BETA, avec la mobilisation de la société civile à l'international, soutenue, et non pas menée, par les Etats et autres institutions. L'esprit reste dans la transition écologique et sociétale de grands secteurs et sites d'activité en évitant la casse par les investissements tournés vers l'avenir. de toute façon, la casse sociale surviendra si nous n'agissons pas.
L'auteur fait référence à d'autres contributeurs intéressants, tel
Bernard Stiegler, et à des notions telles les ‘territoires apprenants' et les ‘biens communs partagés'.
Il martèle : ‘Cessons de critiquer ceux que nous avons élus, ils ne sont que notre image, notre reflet.' Je passe ici sur le plus concret et utile des exemples mais ils sont nombreux et à approfondir sur le terrain.
‘Renaissance Ecologique' est à lire avec un regard sur les initiatives de l'auteur à retrouver sur https://www.renaissanceecologique.fr/
Nous ne pouvons qui lui souhaiter, comme à tous les citoyens de bonne volonté, tout le succès et toute la résonance qu'il mérite pour cette approche constructive qui redonne de l'espoir sur un sujet qui ne peut pas nous laisser indifférent ou inactif..