Horace est "l'honnête homme" de la littérature latine : auteur mesuré, délicat et sensuel, délicieusement enjoué, il a une façon unique de jouir de la vie sans compromettre sa dignité. Sa langue est toute en sobriété, un idéal de classicisme. A lire sans modération.
Commenter  J’apprécie         20
Petite découverte théâtrale de la culture antique par un ensemble de textes permettant d'obtenir un panorama de cette culture qui se fera pilier pour la nôtre.
Commenter  J’apprécie         30
O source de Bandusie, plus miroitante que le cristal, toi qui mérites une offrande de vins doux accompagné de fleurs, demain on te fera présent d'un chevreau que son front, gonflé de cornes naissantes, appelle à l'amour et aux combats : mais en vain, car il rougira de son sang tes eaux glacées, ce rejeton du troupeau folâtre.
L'accablante saison de la canicule embrasée ne saurait t'atteindre; tu procures une fraîcheur délicieuse aux taureaux fatigués de la charrue et du bétail errant.
Tu deviendras, toi aussi, une des sources illustres, puisque je chante l'yeuse dressée au-dessus de la grotte d'où jaillissent les eaux babillardes.
A la source de Badusie - Odes
Epodes, traduction Seguier
I — À Mécène
Donc, cher Mécène, au péril de la vie
De César défendant les jours,
Tu vas lancer tes nefs de Liburnie
Sur des vaisseaux armés de tours.
Moi, que ferai-je, heureux quand tu subsistes,
Infortuné si tu péris ?
A des loisirs qui sans toi seront tristes
Dois-je résigner mes esprits,
Ou partager ces fatigues sublimes,
Comme il sied aux gens valeureux ?
Partageons-les : sur les alpestres cimes,
Dans le Caucase rigoureux,
Aux derniers bords de la Bretagne humide
Je te suivrai d'un cœur dispos.
Demandes-tu comment, faible et timide,
Je puis seconder tes travaux ?
A tes côtés, j'aurai moins d'amertumes,
Car l'absence accroît nos tourments:
Ainsi l'oiseau pour ses petits sans plumes
Redoute plus les noirs serpents,
Lorsqu'il s'éloigne, et pourtant sa présence
Ne leur serait d'aucun soutien.
Dans tous les camps, oui, je suivrai ta chance,
Afin de mieux devenir tien,
Et non pour voir ma terre plus fournie
De socs puissants, de vifs taureaux,
Voir de Calabre aux bois de Lucanie,
Avant l’été, fuir mes troupeaux,
Puis ma villa se dérouler splendide
Jusqu'aux murs du fils de Circé.
Assez de biens me valut ton égide:
Je ne veux point d'or amassé
Pour l'enfouir, comme un Chrémès sordide,
Ou le perdre en jeune insensé.
Remettre à plus tard le moment de vivre avec sagesse, c'est faire comme le paysan qui attend que le fleuve ait fini de couler:
mais le fleuve coule et coulera éternellement.
Vouloir soumettre à une règle fixe des sentiments mobiles comme le vent, aveugles et incertains, c'est prétendre imposer à la folie les lois de la raison et de la mesure.
Peux-tu bien, vieille pourriture centenaire, me demander de perdre avec toi ma vigueur, quand tu as des dents noires, que ta vieille figure est toute sillonnée de rides, et qu'entre tes fesses desséchées bâille une affreuse ouverture comme celle d'une vache qui a mal digéré ? Mais tu crois peut-être m'exciter par ta poitrine, tes seins tombants comme les mamelles d'une jument, ton ventre flasque, tes cuisses grêles terminées par une jambe gonflée ?
HORACE – Qui est Horace ? (Chaîne Nationale, 1960)
L’émission « Anthologie étrangère », par Jean de Beer, diffusée le 9 novembre 1960 sur la Chaîne Nationale.