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3,71

sur 3858 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens de relire ‘'la carte et le territoire'' de Michel Houellebecq et je dois dire que je suis confortée dans ma première impression, à savoir que c'est un écrivain qui possède indéniablement, une écriture agréable et unique. Tandis qu'il utilise un mode d'expression qui n'est pas linéaire, oscillant entre un phrasé classique et moderne, ses détracteurs lui prêtent de la platitude et ses admirateurs du brio. En ce qui me concerne, je me rangerais plutôt à sa propre définition, soit que : « la meilleure condition pour exercer un bon style, c'est d'avoir quelque chose à dire » et pour le moins, le texte est riche.
Donc, à tout prendre, je me garderais bien de remettre en question le talent de cet écrivain dont la prose me porte, au risque de le voir s'exporter ailleurs, un ailleurs où du reste, sa renommée mondiale est déjà faite. Je remarque que sa plume est savante, libre et souvent ironique, mais rarement agressive. J'irais même jusqu'à lui trouver une certaine sensibilité. Houellebecq nous conduit à la carte et nous guide sur le territoire, d'une marche à la fois souple et soutenue. Il nous dépeint un univers social des plus appauvri en ce qui concerne les rapports humains à travers la réalisation professionnelle de Jed Martin qui n'en est pas moins à son troisième essai. Touchant d'abord à la peinture, puis à la photographie, pour finalement revenir à son aspiration initiale, la peinture. Il vit dans le dénuement affectif le plus complet bien qu'ayant connu une brève expérience amoureuse avec Olga. Sa vie s'apparente trait pour trait à celle de son père dont il reconstitue à l'identique, l'existence, lequel père se meut uniquement entre son cabinet d'architecte et ses appartements. Soit que nos deux protagonistes connaissent tour à tour, le succès, dans leur travail à l'exclusion de toute harmonie ou implication dans le domaine de leur vie privée.
Le roman se constitue de trois parties. Une primo immersion dans une sphère sociale bien spécifique, une intrusion dans la structure mentale des profils avec une lecture sur l'intégrité des personnages et enfin, un basculement tout à fait inattendu dans une atmosphère glaciale, jusqu'à ce que la suprématie de la nature sur l'homme reconquière son territoire. Un tout qui confère à l'auteur une écriture dont la caractéristique est unique. Il eut tenté de m'attendrir à l'annonce funeste de son rapprochement vers Emmanuel Bove qu'il y serait parvenu. Mais, je vous laisse au plaisir de dénouer vous-même, le ruban de moebius.
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C'était le 21 mars 1996, dans la salle d'un théâtre parisien renommé, nous n'étions pourtant que quelques happy few à découvrir le printemps d'un poète.
Il 'agissait de Michel Houellebecq qui, nonobstant ce public clairsemé, impeccablement, récitait une sélection de ses poèmes (Le sens du combat - Rester vivant - La poursuite du bonheur - Renaissance), à fin d'enregistrement pour France Culture.

J'avais découvert ce drôle de type deux années plus tôt, à la lecture d'un curieux livre : Extension du domaine de la lutte. J'y trouvais (enfin) un ton singulier, fait d'humour et de tristesse, de tendresse et de cynisme, un style léger, authentique, le talent de la simplicité, une sorte d'évidence qui induirait à dire, comme pour certaines oeuvres d'art contemporain : "c'est facile et sans avenir, je peux faire tout pareil."

A la réflexion, ce ton désabusé, ce regard sans complaisance posé sur la déréliction humaine m'auraient rappelé un autre écrivain rencontré en 1992 : Jean-Paul Dubois avec : Une Année sous silence, n'eût été le cynisme de l'un le disputant à l'ironie de l'autre.

Aujourd'hui, ces deux auteurs inconnus au bataillon des lecteurs d'alors sont célébrés et récompensés. Michel Houellebecq s'est offert quelques implants capillaires, son visage s'est étrangement émacié mais la cigarette demeure sa compagne. Tout comme Jed il est devenu riche et j'imagine qu'à ce jour, il n'aurait point de mal à remplir le Théâtre du Rond Point.

Tout de même, égoïstement, je me prends parfois à regretter l'intimité de cette soirée de printemps lorsque aucun Territoire ne figurait encore sur la Carte et avant, bien avant que l'écrivain n'ait été assassiné.
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J'aime Houellebecq.
Ici, pour moi, c'est une sorte de chef d'oeuvre.
Captivant, inimitable avec son style socio-humoristique, ayant l'air de se fiche des activités des humains dans leur ensemble... Et puis il y a les retournements de situation...
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Dès les premières phrases, on prend Jeff Koons et Damien Hirst au sérieux ; "Hirst buvait une Budweiser Light".
En fait, le "héros" n'est pas une de ces deux personnes, mais Jed Martin, photographe et peintre. Il peint, au début du livre, dans sa troisième "période". Il y eut d'abord La "Série Quincaillerie", ou il est obnubilé par la précision de l'usinage, puis l'exposition sur "Les cartes routières" où, fasciné par les nombreux détails évoqués par les cartes Michelin, il a affiché côte à côte des photos satellites et des représentations-photos agrandies Michelin des mêmes espaces : "La carte est plus intéressante que le territoire", d'où le nom du bouquin. En plus de la magnifique Olga, qui travaille chez Michelin, et qui le choisit comme sex-friend, il récolte un succès, car l'exposition est originale. Jed empoche du fric.
Mais ce n'est pas tout ; ensuite, au bout de 10 ans, vient la série des "Métiers Simples" qu'il réalise en peinture, ce coup-ci.
Franz, son galeriste lui propose de prendre contact avec Michel Houellebecq, un écrivain connu : peut être fera-t-il un texte de présentation pour cette nouvelle exposition.
Cela me fait penser au Belge Constantin Meunier et ses gravures, sculptures de travailleurs de la mine, un pendant en images de l'oeuvre de Zola, une évocation de ce sculpteur par un Zweig récemment lu.
Dans cette série se place le tableau " Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché de l'art", décrit en introduction.
Nouveau coup de poker gagnant, les tableaux de Jed sont vendus pas loin d'un million !
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J'aime le côté sociologique de Michel Houellebecq, baba cool comme moi, mais sans doute beaucoup plus riche, LOL : il donne, par l'intermédaire de ses personnages, des avis aussi divers que :
les retards des plombiers, l'absurdité des prix des Picasso ( et des Jed Martin), la laideur des ensembles de le Corbusier, l'incompréhension de la messe, les théories économiques vaseuses, le capitalisme menacé de mourir mais qui renaît à chaque fois de ses cendres, la Parisien qui s'installe à la campagne, la nouvelle ruralité, les touristes russes et chinois, etc...
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Sur le plan de l'humour, tout au long du livre, son chauffe-eau fait des siennes. Mais il arrive à nous faire sourire sur l'euthanasie, la vieillesse, l'auto-dérision qui peint un Houellebecq sans doute pire qu'il n'est, la Suisse, l'inutilité des experts à la télévision, etc...
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Puis le livre se transforme en thriller avec un meurtrier atroce qui découpe sa victime au laser.
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Enfin, la fin de vie de Jed Martin, 90 ans dans les années 2050, nous montre un artiste un peu gaga, riche à millions travaillant des séquences vidéo à effets spéciaux, avec un message subliminal assez philosophique : la nature triomphe toujours de l'humain : et comme l'écrit Etienne de Montety, "Houllebecq peut être tenu pour l'héritier des naturalistes". C'est pour moi, quelque part, un successeur de Rousseau. :)
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C'est plutôt frustrant de ne pas pouvoir pleinement apprécier un livre par manque de références culturelles. En effet, pour le québécois que je suis, Jean-Pierre Pernaut n'évoque rien, pas plus d'ailleurs que Fourier, William Morris ou même Beigdeber. Comment alors goûter aux remarques de Houellebecq à leurs égards? J'ai quand même bien aimé ce récit, moins caustique que “Soumission”, moins défaitiste que “Anéantir”, mais éblouissant par d'autres aspects, notamment la vision de l'art qu'il propose.

J'admire cet auteur pour son écriture, son inventivité, la profondeur des regards qu'il pose, son audace. Rien de décevant là-dessus dans ce roman. Pour une fois oserais-je dire, pas de misogynie ici, le personnage d'Olga est traité avec respect, sa relation avec Jed est saine et même touchante. L'auteur se met en scène lui-même, et pas qu'un peu, règle certains comptes au passage, c'est bien lui ! L'évolution de la carrière de Jed m'a déculotté; les boulons ou les cartes Michelin comme objets d'art, faut le faire. Intéressant aussi le fonctionnement de ce marché niché. Bien sûr, l'idée qu'il reflète de la France n'est peut-être pas au goût de tous, mais ce n'est pas un enjeu dans mon cas. Par contre, les désolantes solitudes des deux protagonistes m'ont touché, ainsi que les relations troubles de Jed avec son père. Tout ici m'incite à lire les autres romans de cet auteur.
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Débuter un Houellebecq c'est entrer dans la polémique c'est bien connu mais pas cette fois, à mon grand étonnement ce roman est réellement épatant et plein d'humour.

C'est avec un personnage énigmatique que l'auteur nous balade à travers le temps (puisque le roman de déroule sur plusieurs années), à travers la vie de Jed Martin mais surtout de son destin. Un homme qui prend la vie comme elle vient, il est photographe puis peintre puis photographe ; le succès est toujours au rendez-vous quoiqu'il présente, le talent probablement ou bien la chance sauf que Jed s'en moque un peu, lorsque son galeriste l'informe qu'il a gagné 15 millions grâce à ses oeuvres cela lui fait ni chaud ni froid.
Ses relations avec le monde extérieur sont quelques peu limitées, celles avec les femmes quasi inexistantes, il s'enferme dans son atelier et s'abandonne à son art, seul son père est pour ainsi dire présent du début à la fin, enfin il y pense. La solitude est son mode de vie.

Il est donc question de l'art et de l'artiste et de ce que celui-ci nous apporte de sa vision du monde, de la société, des autres notamment des personnages emblématiques de notre époque plongés dans cette fiction, tel un Jean-Pierre Pernaut gay, ou Bill Gates mais aussi des écrivains Frédéric Beigbeder et Michel Houellebecq himself (dépeint en écrivain torturé, triste et pathétique)! Un genre de réalité virtuelle de notre société de consommation sur laquelle l'auteur tire à bout portant.

Tout est limpide et complexe à la fois, blanc et noir, un roman sur l'art qui se termine en thriller, décidément l'art d'écrire est quand même bien plus subtil qu'il n'y paraît.
Une chose étrange toutefois c'est cette facilité à passer du coq à l'âne, on est fermement encré dans l'histoire lorsque l'auteur décide de nous plonger dans une notice d'appareil photo voire de voiture, sans que cela ne paraissent pas plus étrange que ça. Un style dépouillé et apathique voire dépressif avec une pincée d'humour. Original.

Que dire de plus sinon que j'ai aimé et c'est un bon roman, oui oui !! j'ai écrit bon roman en parlant du dernier Houellebecq.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Je nourrissais depuis quelques temps le projet de relire ce livre
Voilà qui est fait et j'en suis enchanté
Quand on aime un livre, il faut le relire et le relire encore, et d'ailleurs on ne lit jamais deux fois le même livre. C'est vrai bien sûr pour La Recherche, qu'on est en réalité toujours en train de lire ou de relire quand on y est vraiment entré une fois
Mais c'est vrai aussi pour des ouvrages plus mineurs comme celui-ci.
Et de fait, je me suis rendu compte cette fois-ci que ce livre, que j'ai toujours tenu pour le meilleur de Houellebecq (opinion que j'ai nuancée depuis la sortie d'Aneantir) était formidablement drôle. C'est une magnifique mise en boîte des milieux intellectuels parisiens et de ce qu'il est convenu d'appeler l'élite. Et le plus extraordinaire est qu'ils n'ont pas semblé s'en être rendu compte, soit qu'ils ne l'aient pas lu (ce qui est tout à fait possible ; cela n'empêche pas de critiquer un livre ; et c'est pour cela que les meilleurs critiques littéraires se trouvent sur Babelio, car eux les lisent...) soit qu'ils n'en aient pas vu l'insolence pour ne pouvoir l'imaginer. Et la preuve en est que, malgré tout, le livre a obtenu le Goncourt, dont il faut bien reconnaître qu'il ne couronne pas que des nullités. Mais après tout, peut-être était-ce le tour de Flammarion d'être couronné.
Et je disgresse, je disgresse..
Peut-être faudrait-il entrer dans le vif du sujet ? Mais en fait non! Tout le monde a le droit d'être paresseux de tant en tant.
Alors je dirai simplement : lisez-le. Et si c'est déjà fait, faîtes comme moi :relisez-le, il en vaut la peine
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Je sais que Michel Houellebecq est un personnage clivant et que certaines de ses oeuvres le sont tout autant.

Rien de tout cela dans ce livre

Jed Martin est certes un personnage "houellebcquien", tourné vers la déprime et confronté à la médiocrité de son existence... mais le tout est largement contrebalancé par un style mordant et incisif avec des fulgurances de toute beauté (les réflexions sur l'art) ainsi que des personnages médiatiques intervenant dans l'histoire (Jean-Pierre Pernaut!)!

Rien que pour cela, ce livre vaut le détour.. pour sa mélancolie joyeuse, toujours sur un fil... entre originalité et fatalisme.
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Ma rencontre avec Houellebecq, son style, son univers. Une rencontre déroutante et croustillante.

« La carte et le territoire » est un roman étrange, où se mêlent tout à la fois une atmosphère contemplative et détachée, des pseudo-rubriques people, des notices techniques et qui utilise aussi, assez adroitement, les ressorts du roman noir. Roman aux multiples visages, déroutant et pourtant captivant, il déroule la vie de Jed Martin, artiste à succès, dont la vie ne semble finalement que vouée à la mort. La mort est d'ailleurs présente tout au long de l'ouvrage, quasiment conçu comme une chronique littéraire du délitement du monde occidental.

Profondément triste dans sa thématique mais écrit sur un ton léger, c'est l'histoire d'un homme et du monde, qui semblent ne jamais se rencontrer vraiment. Rien ne semble atteindre Jed Martin, ni l'argent, ni les paillettes, ni la gloire, comme si tout cela lui provoquait un immense dégoût, finalement magnifié en indifférence. En cela, « La carte et le territoire » est un roman de la solitude, d'abord subie, puis choisie comme un havre de paix.

Dans ce roman, Houellebecq se met en scène dans son rôle d'écrivain. Mais, on se demande si ce n'est pas un tout de passe-passe pour tromper le lecteur. Houellebecq ne se cache-t-il pas plutôt derrière Jed Martin, le personnage principal, artiste solitaire qui porte sur le monde un regard plein de cynisme et s'en tient à l'écart ?
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Pour moi le meilleur Houellebecq, qui s'attaque à un sujet ultra rebattu : la critique de l'art contemporain, et pourtant, il le fait à sa manière, ô combien orginale, avec cette surprise, de taille, qui scinde le roman en deux et le fait dévier de sa trajectoire...
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La carte et le territoire, une relecture neuf ans après l'avoir lu suite à sa consécration au prix Goncourt. Je l'avais apprécié mais je m'étais étonné que ce roman soit primé, j'en avais déduit que c'est l'oeuvre complète de l'auteur et pas ce roman qui justifiait le prix décerné. J'avais surtout trouvé que l'auteur était quelque peu mégalomane par sa mise scène comme personnage de la fiction. A présent connaissant mieux l'auteur, ses personnages ayant moins d'importance que le thème social, je n'ai pas été choqué par le Michel Houellebecq auteur des Particules élémentaires, personnage de la fiction. Au contraire, cette fois je m'en suis amusé et j'ai trouvé l'auteur assez caustique avec lui-même. Mais revenons à l'essentiel, le coeur de l'oeuvre. Il s'agit d'une caricature très réussie de la fabrication de la valeur (monétaire), d'une oeuvre d'art. Les ingrédients indispensables : un galeriste c'est mieux à Paris, une excellente attachée de presse, plus professionnelle que jolie et indispensable une personnalité de notoriété internationale (ici Michel Houellebecq). Vous mélangez le tout pour qu'ils se marient bien en vue d'une exposition vernissage qui doit faire venir les collectionneurs du monde entier, les critiques et les peoples du gratin parisien. Après quelques temps vous devez recevoir les premières propositions de prix. Vous pouvez encore les faire mijoter et finalement vous avez là l'excellente recette pour passer de pauvre type à fortuné. Notez que l'artiste n'est pas plus heureux après qu'avant la consécration et la fortune... Notez aussi que Michel Houellebecq généreusement récompensé par l'artiste se retrouve finalement avec un poison. Ceci étant l'essentiel n'est pas là, il est dans le questionnement du sens de la valeur d'une oeuvre d'art : douze millions d'euros pour un tableau de notre Michel Houellebecq mis à toutes les sauces ? La carte (Michelin) et le territoire (les photos de notre beau pays), finalement ne sont qu'un premier maillon utile à la réussite de la recette, une sorte de marinade...
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