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EAN : 9782072848124
96 pages
Gallimard (05/03/2020)
3.95/5   42 notes
Résumé :
"D'abord destiné à la troisième partie des Misérables, et originellement intitulé Les Fleurs, ce texte a été retiré du manuscrit, écarté mais non oublié, l'auteur souhaitant le réserver pour un autre projet, "mon travail sur L'Ame" , note-t-il. Preuve que ces pages, venues du roman de 1862, portées par les silhouettes difformes des voleurs et des escarpes, se détachent et regardent vers un autre horizon ; elles désignent un plan supérieur, idéal, spirituel et métaph... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce court texte a été retiré des Misérables, car c'est un passage de philosophie, de métaphysique, mais surtout de prose poétique, qui ralentirait l'intrigue. Il est donc mieux "à part", à lire seul, même s'il justifie et explique clairement le titre des Misérables donnés à l'ouvrage.
"Les fleurs" est un texte construit sur une antithèse centrale, une opposition initiale : comment des prostituées peuvent-elles éprouver des sentiments amoureux telles les autres femmes, et, surtout, comment peuvent-elles se dévouer à un forçat, un prisonnier, un criminel ? Ce sont donc d'autres "fleurs du mal" pourrait-on dire, où la beauté sublime de l'amour se mêle au monstrueux et au grotesque des prisons et des bas-fonds de la misère humaine ; on retrouve la fascination de Hugo, centrale chez lui, pour cette opposition entre sublime et grotesque. Or, c'est par l'amour que ces femmes sont rachetées, flétries par les hommes, déchues à cause de la pauvreté, elles sont sanctifiées par la pureté de leurs sentiments. Comment ne pas être touché, ému, par ces personnages féminins, ces "Vierges folles" qui donnent leur corps aux passants mais gardent leur coeur pur pour celui qu'elles ont élu ? Comme Fantine, personnage de martyre, qui, elle, ne tombe à la rue que pour sauver Causette, mais qui meurt sanctifiée. Dans son écriture, Hugo multiplie donc les oppositions et les antithèses, avec une élévation progressive du singulier, les personnages des bandits des Misérables, à l'universel, la société française, certes, mais aussi le monde.
C'est donc pour cela que le texte pouvait à l'origine appartenir aux Misérables : il illustre et justifie l'incipit du roman en revenant sur "l'un des trois problèmes de ce siècle, la déchéance de la femme par la faim". Mais il va bien plus loin, en proposant des solutions. Et il expose à nouveau un des combats majeurs de Victor Hugo, l'accès à l'éducation pour tous, gratuite et obligatoire. Merci Monsieur Hugo, à nouveau, en ces temps troublés où ces droits sont remis en cause dans certaines parties du monde...
Victor Hugo est un poète, un Voyant, oui, mais il est aussi un chercheur. Ou en tout cas, il fait travail de science - ou il en parle, ce qui pour lui est tout comme. Il présente l'homme étudiant la matière, la pesanteur, l'atome, la météorologie et les climats, données physiques, biologiques, qui lui permettent d'arriver, selon Hugo, à la métaphysique et donc à Dieu. Or, certains mots résonnent de façon prophétique avec notre époque, quand Hugo prédit - au sens fort - que l'homme " a évidemment une action sur le climat", et que la "météorologie en est à son 1789". Sauf que Hugo se révèle ici trop optimiste, il prévoit un contrôle, un dressage même, du climat - l'homme étant présenté comme un "dompteur" - pour améliorer les conditions de vie humaines, supprimer les tempêtes, réduire les risques d'éruption volcaniques... ; il n'a pas pu prévoir le dérèglement climatique... de même, il parle aussi des épidémies et de précautions sanitaires, dans un paragraphe qui, à condition de de remplacer le mot "peste" par celui de "Coronavirus" pourrait être écrit aujourd'hui : "Une peste est un avertissement. Habitant, que ton premier soin soit de désinfecter le logis. Il y a une immense hygiène terrestre que le penseur entrevoit, et que l'homme doit au globe".
C'est une lecture fascinante que de suivre le processus de pensée d'un tel homme qui, dans un texte qui, au départ, s'intéresse à la misère humaine et à la prostitution, arrive à nous parler d'un avenir qui est le notre, avec nos problématiques actuelles. Il faut parfois s'accrocher, on ne peut maîtriser toues les références érudites, mais on se laisse porter par le charme des phrases, les ruptures de rythme, les alexandrins dissimulés au milieu des longues périodes, les formules lapidaires. Encore une fois, en partant du singulier, Victor Hugo arrive à l'universel. Un court texte donc, mais magnifique et marquant (je m'aperçois que je fais une critique bien longue pour un texte d'une soixantaine de pages, mais je ne peux pas me restreindre quand il s'agit d'Hugo... un autre sublime texte que j'ai lu de lui cette année avec le Promontoire du Songe).
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Impossible d'être tout à fait partial avec Victor Hugo. Tout est là, ramassé dans un Folio à 2€ que l'on devrait mettre entre toutes les mains, des plus sales aux plus décapées par ces temps de gel hydroalcoolique.
C'est donc une section écartée des Misérables pour un livre sur l'Ame. Hugo y livre une vision de la prostitution épique, entre "la boue" et "l'idéal". Il n'y a pas vraiment d'histoire dans ce petit livre, il s'agit bien d'une digression qui (c'est sans doute là aussi le talent d'Hugo...) vaut à elle seule d'être publiée et lue comme une méditation à ciel ouvert. Certes, la lecture pourra paraître âpre : des références à foison, un Hugo qui s'emporte et qui ne se retourne jamais, c'est un style que l'on aime ou que l'on rejette mais c'est un style, et cela est indéniable. D'un fait divers, d'une sordide histoire de correspondances entre prisonniers et prostitués, Hugo tire une leçon, non, une sentence : peu importe la densité de la fange, la lumière y est toujours présente. Lumière divine, évidemment chez Hugo, mais aussi lumière humaniste. Si la souffrance, ce grand mystère, restera insurmontable, la suppression de la misère restera le projet, le chantier et le combat possible de l'Homme.
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Oubliez Jean Valjean et Cosette, laissez-vous être entraîner dans l'abîme de la société, afin d'accéder à l'impossible...

Même si l'on voit souvent Victor Hugo comme une figure poétique, romancière et, dans une moindre mesure, politique, il ne faut pas négliger ses qualités de philosophe, et ce court livre est ici pour nous le rappeler. Certes, il n'écrit pas comme a pu le faire Socrate ou Descartes, mais il reste fidèle à sa forme originale ; il part du néant pour arriver à l'absolu.

Le néant selon lui ? La misère, la douleur, l'ignorance et la prostitution. Bien que cela soit des thèmes relativement délicats à traiter, la plume d'Hugo radoucit la rigidité de ces sujets, afin de les exposer au plus grand nombre. Pourtant, il ne manque pas d'être sec et expose clairement ce qu'il considère comme les fléaux de l'humanité. Et même si l'on peut se perdre et douter dans l'immensité d'exemples qu'Hugo donne, cela reste totalement compréhensible, car tout est richement expliqué, le poète ne laisse aucune zone d'ombre dans ses écrits.

L'absolu selon lui ? Sans révéler ce dont il s'agit, j'ai d'abord trouvé ceci vide de sens, un peu comme un travail bâclé et gâché, mais lorsque Hugo se met à réitérer tous ses dires, cela semblait finalement comme une évidence, la seule solution. Et encore une fois, tout est encore parfaitement décortiqué et passé au crible, tous les problèmes soulevés ont une solution unique et irréfutable.

En fin de compte, c'est une oeuvre méconnue mais riche que Victor Hugo nous a laissé, riche en beauté, en espoir, en optimisme et en lumière. Un indispensable pour comprendre les causes pour lesquels il a consacré sa vie.
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Ce soir je vous parle d'un ouvrage particulier de l'un des plus grands écrivains français classiques à savoir Victor Hugo. C'est le texte intitulé les fleurs paru aux @editionsfolio et qui était prévu de figurer dans la troisième partie de l'une des oeuvres majeures de la littérature classique : les misérables. Mais il a été jugé trop philosophique et poétique. Alors il a été édité seul et c'est un texte incroyablement puissant et intrigant où la beauté sublime de l'amour se mêle à l'horreur et à la monstruosité des bas-fonds de la misère humaine. Encore une oeuvre incroyable de Victor Hugo dans l'exploration de l'humanité et de la misère.
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Ce petit livre est à la base un texte destiné à la troisième partie de « Les Misérables ». Il a été retiré de l'oeuvre et se lit comme un texte indépendant.

Il fait une soixantaine de pages mais est sublime et très poétique. Pas mal de références, à son oeuvre « Les Misérables » mais ne l'ayant pas lu, cela ne m'a pas gêné dans ma lecture.

C'est dingue parce que le texte est très court mais est aussi très fort et surtout compréhensible. Victor Hugo réhabilite les prostitués et les prisonniers dans « Les fleurs ». Et le tout par de magnifiques phrases.

Ayant seulement lu « Le dernier jour d'un condamné » (que j'avais beaucoup apprécié), j'appréhendais un peu le style d'Hugo ici. Un réel plaisir de voir qu'il est accessible à tous.

Cette collection Folio 2€ (désormais 3€) est INCROYABLE elle nous permet de découvrir de somptueuses oeuvres, peu connues du public !
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
89 ne sera compris et exécuté que lorsque la dernière guenille aura disparu. Tant qu'il y a eu des sujets, les misérables étaient, pour ainsi dire, de droit ; mais là où il n'y a que des citoyens il ne peut plus y avoir de misérables. La Révolution française, en biffant la fausse aristocratie et en promulguant l'égalité, ne diminue pas l'homme, mais l'augmente. Le peuple, grandi dans l'individu et dignifié dans le citoyen, voilà le but de 1789.
Les philosophes démocrates n'ont pas pour objet, en affirmant l'égalité, de prouver la roture de l'homme ; mais sa divinité. La Déclaration des droits de l'homme est une sublime lettre de noblesse.
L'élévation des multitudes à la dignité de nations, l'élévation des nations à la dignité d'humanité ; tel est le programme immédiat de la civilisation.
Or, pour réaliser ce programme, la première condition c'est l'abolition de tous les esclavages. La misère en est un.
Supprimer la Misère, quel but splendide pour l'unanimité !
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Mais on se récrie : dire est facile. Faire ne l'est pas. Quel est votre mode de guérison ? Comment supprimer la misère ?
Nous l'avons dit, en supprimant l'ignorance.
Plus de ténébreux, plus de misérables.
Il n'y a pas de cécité sociale ; il n'y a que la nuit.
Comment supprimer l'ignorance ? par le moyen le plus simple, le plus élémentaire, le plus pratique, devant lequel on recule, comme devant toutes les évidences, mais auquel on arrivera. Par l'enseignement gratuit et obligatoire.
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Approfondir la misère, toute la misère, et la plaindre, et la consoler, et la soulager, et la guérir, cela est utile. A qui ? aux misérables ? Oui, et aux heureux.
Ôter la misère, ce serait ôter la haine. Anéantir la haine, ce serait sauver le monde.
Prenez garde à la comparaison; elle est implacable. Les misères morales ne sont pas moins indignées que les misères matérielles. C'est leur ignorance qui les a faites les misères qu'elles sont. Est-ce-que leur ignorance est leur faute ? Elles en veulent à tout ce qui n'est pas elles. Le monstre hait.
Le fond du monstre, c'est la colère. L'envie est lave et bouillonne. Cette souffrance-là menace. Ce qui ronge le dedans brûlera le dehors. Pourquoi suis-je ainsi, et les autres autrement . Qu'ont-ils fait, et qu'ai-je fait ? A bas la beauté et le bonheur ! Une misère est une difformité; une difformité est un volcan. Toute bosse fait éruption.
Prenez garde aux Vésuves latents. Il y a là un danger profond.
Un voleur, une fille publique, ce sont des infirmes. L'un boite de la probité, l'autre boite de la pudeur. Un vice est une dartre. Ouvre des hospices moraux, c'est-à-dire des écoles. Traitez ces maladies. Cautériser par la lumière, quelle admirable cure !
L'étude de la misère est donc nécessaire; mais de même que, pour étudier le cadavre, il faut le désinfecter, pour étudier la misère, il faut la sublimer.
Une putréfaction s'idéaliser si l'on voit l'âme à travers. La pénétration sacrée de la lumière sanctifie le bloc des ténèbres. [...] Regarder le mal, c'est le vaincre.
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Prostitution, vice, crime, qu'importe ! La nuit a beau s'épaissir, l'étincelle persiste. Quelque descente que vous fassiez, il y a de la lumière. Lumière dans le mendiant, lumière dans le vagabond, lumière dans le voleur, lumière dans la fille des rues. Plus vous vous enfoncez bas, plus la lueur miraculeuse s'obstine
Tout cœur a sa perle, qui, pour le cœur égout et pour le cœur océan, est la même : l'amour.
Aucune fange ne dissout la parcelle de Dieu.
Donc là, à cette extrémité de l'ombre, de l'accablement, du refroidissement et de l'abandon, dans cette obscurité, dans cette putréfaction, dans ces geôles, dans ces sentines, dans ce naufrage, sous la dernière couche du tas des misères, sous l'engloutissement du mépris public qui est glace et nuit; derrière le tourbillonnement de ces effrayants flocons de neige, les juges, les gendarmes, les guichetiers et les bourreaux pour le bandit, les passants pour la prostituée, se croisant innombrables dans cette brume d'un gris sale qui pour les misérables remplace le soleil; sous ces fatalités sans pitié, sous ce vertigineux enchevêtrement de voûtes; les unes de granit, les autres de haine au plus bas de l'horreur, au centre de l'asphyxie, au fond du chaos de toutes les noirceurs possibles sous l'épouvantable épaisseur d'un déluge fait de crachats, là où tout est éteint, là où tout est mort, quelque chose remue et brille. Qu'est-ce ? une flamme.
Et quelle flamme ?
L'âme.
Ô adorable prodige !
Stupeur sacrée ! la preuve se fait par les abîmes.
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Rencontre de ces deux mots redoutables où toute la vie humaine est nouée : jouir et souffrir.
Hélas ! et comment ne pas laisser échapper ce cri ? pour ces infortunés, jouir, rire, chanter, plaire, aimer, cela existe, cela persiste, mais il y a du râle dans chanter, il y a du grincement dans rire, il y a de la putréfaction dans jouir, il y a de la cendre dans plaire, il y a de la nuit dans aimer. Toutes les joies sont attachées à leur destinée avec des clous de cercueil.
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Vidéo de Victor Hugo
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